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Réconciliation malgache : appréhensions autour de l’amnistie

22 octobre 2012, 20:00

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L’atelier de réflexion mené par l’Observatoire de la vie publique (SEFAFI) révèle des lacunes dans le processus de réconciliation nationale, dont l’amnistie.

Du chemin à parcourir. Des questions, des remarques, pistes de réflexions ont été soulevées par des acteurs de la vie nationale concernant le processus de réconciliation nationale, en particulier l’amnistie. Ils ne sont pas rassurés par la démarche en cours.

« Il existe une remise en question du processus, que ce soit au niveau des méthodes employées que des structures prévues », a rapporté Ralison Andriamandranto, coordonateur de l’Observatoire de la vie publique (SEFAFI), à l’issue de l’Atelier de réflexion sur « L’impunité, l’amnistie et la réconciliation », à Andrainarivo samedi. « Il manque également des réflexions », a-t-il poursuivi.

Ralison Andriamandranto évoque, entre autres, des failles au niveau des textes en vigueur et de leur application. « Lors de nos ateliers en provinces, que ce soit à Toliara, à Toamasina, à Fianarantsoa ou à Antsirabe, près de neuf personnes sur dix nous remercient de leur avoir donné une version de la loi d’amnistie », a-t-il soutenu.

Une piste de réflexion a été engagée concernant l’impact de l’amnistie. « Les participants s’interrogent sur les conditions et les garanties pour que le principe de l’impunité ne prenne le pas sur la recherche de la paix. Comment est-ce qu’on peut garantir que l’octroi de l’amnistie ne devienne un cas précédent pour le futur », a avancé Paul Rabary, un sociologue.


Répétition de scénario

Les participants à l’atelier laissent entendre la réduction de l’horizon du processus. « Des participants affirment l’utilité de l’utilisation d’autres disciplines scientifiques comme l’histoire, l’économie ou encore la sociologie dans le processus de réconciliation », a affirmé Paul Rabary. L’observation ouvre la voie à la question concernant les critères de sélection du statut et des compétences des membres du Conseil pour la réconciliation nationale (CRN).

Ralison Andriamandranto rappelle au passage un point clé concernant l’inversion du processus, « une grande première » selon le communiqué du SEFAFI du 3 février. « L’amnistie envisagée doit intervenir avant même que le conflit ne soit terminé, puisqu’elle doit ouvrir la voie aux élections qui, elles, constitueront l’ultime étape de sortie de crise []…] L’enjeu de l’amnistie dont il est question ici consiste moins à faire la paix qu’à préparer la confrontation électorale », avait prévenu l’Observatoire de la vie publique.

Dans ce communiqué, qui reste d’actualités, le SEFAFI met en garde contre la « répétition du même scénario ». Il redoute une « amnistie []qui] a servi de pansement temporaire et superficiel pour clore un épisode douloureux ou embarrassant », avec un « risque additionnel d’envenimer la future période électorale ».

Avec la série d’ateliers qu’il organise, le SEFAFi tente de « placer tout le monde devant ses responsabilités, y compris les citoyens », selon Ralison Andriamandranto. Il concède au passage le retard de l’initiative par rapport au processus dans la mesure où celui-ci se trouve actuellement dans la phase de mise en place des structures pour mener la réconciliation nationale, y compris l’amnistie. « Il vaut mieux tard que jamais », a-t-il assuré.

Le docteur Péri Rasolondraibe, président du Comité de contrôle et du suivi de la mise en œuvre de la Feuille de route (CSC), affirme vouloir attendre les détails des réflexions avant de se prononcer. « Il se peut seulement qu’en l’absence d’une amnistie avant les élections, la situation puisse être embarrassante », a-t-il indiqué avant de laisser le sujet aux futurs membres du CRN. « Je ne peux pas me substituer à eux. Il leur appartient de se pencher sur le sujet », a-t-il souligné avant de rappeler l’obligation de respecter les textes en vigueur, dont la Feuille de route et la loi sur le CRN pour baliser les initiatives.

Iloniaina Alain
(L’Express de Madagascar)

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