Publicité
Réunion : La visite consensuelle de François Fillon
Par
Partager cet article
Réunion : La visite consensuelle de François Fillon
L’ensemble des élus locaux, de droite comme de gauche, qui ont pu échanger avec le Premier ministre, au cours de sa première journée de visite, ont plaidé en faveur d’un “nouveau modèle de développement économique” pour la Réunion. François Fillon a, pour l’instant, beaucoup écouté.
Cinquante ans, jour pour jour, après la visite effectuée par le général De Gaulle à la Réunion, le Premier ministre François Fillon a foulé, le jeudi 9 juillet, le sol réunionnais. Et cinquante ans plus tard, l’une des revendications de la classe politique locale tourne autour d’un “nouveau modèle de développement économique” : Des mots qui sont revenus, maintes fois, aux oreilles du chef du gouvernement, hier. Que ce soit pendant l’entretien privé avec Nassimah Dindar en fin de matinée, ou au cours du déjeuner républicain avec les parlementaires, les présidents des collectivités locales et le maire de Saint-Denis.
Entre la queue de langouste, la caille rôtie et les généreuses tranches d’ananas Victoria à la crème, nombre d’élus présents, tant de droite que de gauche - c’est-à-dire des socialistes Jean-Claude Fruteau, Patrick Lebreton et Gilbert Annette aux UMP Jean-Paul Virapoullé, Didier Robert et René-Paul Victoria, en passant par le leader charismatique du PCR, Paul Vergès (l’après-midi, lors de la deuxième inauguration de la Route des Tamarins) - ont émis le souhait d’un “nouveau modèle de développement économique”. Sans toucher pour autant à l’actuel statut. Contrairement donc à la Martinique où la revendication identitaire et statutaire est fortement marquée. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Nicolas Sarkozy a promis aux Martiniquais, lors de son passage aux Antilles, les 26 et 27 juin derniers, l’organisation éventuelle d’un référendum sur l’autonomie.
À la Réunion, François Fillon, qui est venu accompagner d’un ministre, de trois secrétaires d’État et d’un délégué interministériel, n’a pas eu à évoquer la question institutionnelle qui, localement, ne constitue pas la priorité, à en croire les élus. En revanche, sur l’idée de faire de la Réunion “un laboratoire” en matière d’expérimentation et d’adaptation des directives nationales et communautaires, le Premier ministre a promis d’y réfléchir. En clair, l’exercice consistera à trouver des moyens spécifiques tels que le permet la Constitution afin de faire sauter, au plan national et européen, tous les obstacles qui entravent le développement endogène.
Une prime bagasse de l’ordre de 10 à 12 euros
Au-delà de ce cadrage institutionnel, puis de l’annonce de la volonté nationale d’inscrire la Réunion dans l’espace Schengen (lire page 15), sans oublier le soutien de son gouvernement pour que le Parc de la Réunion figure au patrimoine de l’Unesco, François Fillon s’adressant devant environ 3 000 personnes à Saint-Pierre, hier en fin d’après-midi, à Saint-Pierre, ne s’est pas risqué à des mesures engageant l’effort financier de l’État. La situation financière actuelle de la France ne le lui permet sans doute pas. Raison pour laquelle, il s’est contenté de rappeler “les engagements de l’État” sur tous les dossiers déjà négociés : grands travaux (tram-train, route du littoral…). Sans promettre davantage. Pour l’instant, fidèle à son image, lisse et imperturbable et gardant son rang de chef du gouvernement, sans donc sauter dans les bras de qui que soit, sans flatter personne et sans s’agiter à tout va, il écoute. Sans faire de vagues. Mais là où le mercure social s’affole, il n’hésite pas, comme ce fut le cas, hier matin à Saint-Denis, à modifier son programme pour esquiver, par exemple, les manifestants de la FSU et les assistants d’éducation, massés rue Rontaunay, mais soigneusement gardés à distance par les forces de police dont plus de 700 hommes et femmes ont été mobilisés pour ce déplacement ministériel.
Après la journée d’écoute d’hier, François Fillon devrait entrer dans une phase un peu plus pratique aujourd’hui où il sera question d’éducation, des états généraux, de développement durable (Gerri 2030) et d’agriculture avec notamment l’annonce, dès cet après-midi à Bras-Panon, d’une prime bagasse de l’ordre de 10 à 12 euros pour les planteurs de cannes. Vraisemblablement la seule mesure financière durant ces deux jours de déplacement. Pour toutes les autres revendications locales, il renvoie ses interlocuteurs aux décrets d’application de la Lodeom dont la publication devrait intervenir avant la fin de cette année. Quant au volet social et éducatif également attendu par la classe politique locale, François Fillon donne rendez-vous lors du Comité interministériel, qui se réunira au terme des états généraux d’ici à octobre prochain. Dans l’immédiat, il ne faudra pas en attendre plus. L’époque du Père Noël est révolue
Le Premier ministre presque incognito à Saint-Denis
La présence du Premier ministre, François Fillon, est presque passée inaperçue dans le chef-lieu hier matin. Rue Maréchal-Leclerc, les badauds déambulent de vitrine en vitrine. Seules les déviations signalent sa présence. Oui, il a presque fait sa visite au monument de la Victoire incognito. Si ce n’est l’énorme déploiement de forces de l’ordre dans les rues. Par grappes, à chaque intersection de l’axe Paris-Victoire, les éléments des pelotons d’intervention veillent au grain. Il y a presque plus de policiers à ce rendez-vous que de militants UMP. Outre les politiques locaux, tous bords confondus d’ailleurs, les sympathisants, parqués derrière des barrières, ne sont guère plus d’une soixantaine. D’un côté, les soutiens de Nassimah Dindar arborent des affiches : “Vive Marie-Luce (Penchard récemment nommée secrétaire d’État à l’Outre-mer), vive Nassimah”. De l’autre, les militants levés par René-Paul Victoria. Le Premier ministre a tout de même serré quelques mains parmi les sympathisants. Une sorte de mini-bain de foule loin d’un grand rassemblement de type Barack Obama. La cérémonie a d’ailleurs duré très peu. Arrivé vers 11 h 20, le Premier ministre est parti aussitôt. À 11 h 40, tout était bâché. Et seulement quelques badauds se sont arrêtés pour assister au spectacle comme ces deux touristes allemands qui repartent avec une belle photo. Il y a aussi quelques opportunistes comme cet entrepreneur monté sur un drôle de véhicule, le Segway. Il l’avoue sans complexe : “Je voulais profiter de la présence des caméras”. La visite de Fillon n’a visiblement pas attiré les foules, ni des sympathisants ni des opposants.
(Source : Clicanoo.com)
 
Publicité
Publicité
Les plus récents