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Réunion : L’enseignement du chinois gagne du terrain

31 janvier 2012, 20:00

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Réunion : L’enseignement du chinois gagne du terrain

Après l’académie de Paris, c’est à la Réunion que le nombre d’apprenants de la langue chinoise est le plus important. De moins de 200 en l’an 2000, il est passé à près de 1300. Décryptage d’une tendance qui s’accroît.

Année du Dragon oblige, nous nous sommes penchés sur cette mystérieuse langue asiatique qu’est le chinois. Mystérieuse par ses intonations, ses idéogrammes et ses accents exotiques. Mystérieuse aussi parce que peu connue, ou peu apprise, du moins jusque dans les années 2000. À l’époque, son enseignement restait confiné à quelques associations ou centres culturels, dispatchés çà et là sur toute l’île. Aujourd’hui, c’est un véritable engouement pour cette langue que connaît la Réunion. Pour l’année scolaire 2011-2012, près de 1130 élèves ont opté pour le mandarin, contre à peine 177 en l’an 2000. Une augmentation de plus de 84%. À ce chiffre, il faut également ajouter plus d’une centaine d’étudiants de l’université de la Réunion, les apprenants individuels ainsi que les classes préparatoires.

Le chinois, pas cantonné aux élèves d’origine asiatique

Les effectifs explosent et le chinois gagne du terrain. Depuis l’an 2000, il s’enseigne en première langue vivante dans certains collèges et lycées. On l’apprend même depuis la primaire, comme à l’école de Joinville ou celle des Badamiers à Saint-Denis. En tout ce sont 26 établissements du primaire et du secondaire qui proposent le mandarin à la Réunion. Et aujourd’hui le chinois est devenu une langue comme les autres. Des sections internationales et orientales ont été mises en place dans certains collèges et lycées. Les élèves y suivent entre 6 et 10 heures de cours de maths, de littérature ou de géographie dispensés en chinois, le plus souvent par un professeur du cru. Ces deux sections sont prises d’assaut par les élèves, et ce succès n’est pas cantonné aux seuls élèves d’origine asiatique. « Bien sûr, certains des élèves sont issus de l’immigration chinoise à la Réunion et souhaitent reconnecter avec leurs origines et traditions. Mais c’était surtout vrai au début des ouvertures de classes de chinois. Aujourd’hui, plus de 10 ans plus tard, le choix de l’apprentissage du mandarin est surtout dû au fait qu’il s’agit d’excellentes classes. Avant, on privilégiait les classes d’allemand réputées pour être les plus « sérieuses ». Aujourd’hui, ça a changé. Tous les ans on a des ouvertures de classes de mandarin dans l’académie car il y a une véritable pression des parents", assure Myrna Dalleau, inspectrice d’académie en charge des langues vivantes.

Un investissement "pragmatique"

Depuis cette année, plus besoin d’examen ni d’entretien pour intégrer ces classes d’excellence. Ce qui pourrait passer pour une ouverture de la filière est en fait un verrouillage en bonne et due forme. « Aujourd’hui, les sections internationales sont implantées dès la primaire. Il n’y a plus moyen de les intégrer au niveau collège ou lycée » explique David Van der Ploeg, professeur de chinois au lycée Leconte de Lisle. Ce dernier, également chargé de mission, constate le statut d’élite dont jouissent les classes de chinois. « On exige beaucoup de ces classes. Il y a plus d’heures dédiées aux langues. Plus de travail personnel et d’implication sont demandés aux élèves. C’est pourquoi elles sont si prisées ». Le professeur pointe également « l’investissement pragmatique » que représente la langue chinoise pour les apprenants. « À mon époque on choisissait le mandarin par amour de la culture ou par exotisme. Aujourd’hui les raisons sont beaucoup plus pragmatiques. La motivation principale c’est de pouvoir financer ses acquis en chinois et trouver du travail à terme. Les raisons sont plus économiques qu’autre chose », sourit le professeur. La motivation peut se poursuivre par delà l’enseignement secondaire avec l’institut Confucius, basé à l’université de la Réunion depuis l’année dernière. Ici pas besoin d’avoir suivi un cursus depuis ses plus tendres années, l’institut propose des cours pour tous les niveaux.


Anne Mariotti
(Source : Le Journal de l’île de la Réunion)

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