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Réunion: Un tribunal tranche en faveur de 14 Chagossiens exploités sur des chantiers
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Réunion: Un tribunal tranche en faveur de 14 Chagossiens exploités sur des chantiers
Le Parquet réunionnais a requis un an de prison avec sursis, lors de l’audience du 8 septembre, pour un Mauricien et un Anglais qui exploitaient  quatorze Chagossiens sur des chantiers à la Réunion, entre février et juin 2007.
«900 euros mensuellement et de bonnes conditions de travail.» C’est ce qu’avaient promis Krishna Sanassee, un Mauricien de 30 ans, et Victor Moirt, un Anglais de 40 ans, aux quatorze Chagossiens qu’ils ont recruté à Maurice.
Pour séduire les Chagossiens, les entrepreneurs leur ont proposé un salaire intéressant: 900 euros mensuellement quand le salaire moyen à Maurice est de 150 à 200 euros. «Nous avons essayé de recruter des Réunionnais mais ils ne voulaient pas travailler pour le Smic», se défend Krishna Sanassee. «Alors on a recruté des Chagossiens».
Or, c’est un tout autre scénario qui a attendu ces ouvriers quand ils ont pris leurs fonctions d’ouvriers à la Réunion. Les quatorze travailleurs partent pour des chantiers de recyclage d’acier. Mais, ils ne savent pas que leur salaire mensuel qui aurait dû être de 900 euros sera sérieusement moindre. Les déductions se multiplient: transport, eau, électricité… Et le comble est qu’on leur réclame au total 3 290 euros pour des loyers cumulés qui s’élèvent normalement à 1 450 euros.
Me Fabrice Saubert, l’avocat des Chagossiens explique: «Je ne pense pas que nous soyons dans le domaine de l’esclavage moderne. Les prévenus ont été guidés par leur cupidité.»
Pour trois mois de travail sur divers chantiers, certains n’ont touché que 500 euros. Le tout sans fiche de paie. Pour leur défense, les prévenus ont  plaidé «qu’à Maurice, il n’y a pas de fiche de paie». Mais cette réponse n’a guère satisfait le vice-procureur. « A quelques euros près, le salaire offert à ces Chagossiens est le même que celui qu’ils auraient touché à Maurice. Ils avaient tout intérêt à rester dans la misère à Maurice plutôt que de venir dans la misère ici», fait-il ressortir.
Les Chagossiens se levaient à 4 h du matin et travaillaient pendant 14h et, cela, avec seulement une heure de pause. Le vice-procureur tonne: «Ils travaillaient en plein champ pour découper de la ferraille. C’est salissant mais ils n’avaient pas de douche. Pas de sanitaires.» Ce qui pousse Me Fabrice Saubert à demander 20 000 euros de dommages-intérêts pour chacun des Chagossiens. Le Parquet a requis 12 mois de prison avec sursis simple pour les deux prévenus. Le jugement a été mis en délibéré au 29 septembre.
Source: Journal de l’île
 
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