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Sada Reddi: «No. 8: Personne ne fait vraiment le branding de son candidat»

9 février 2009, 14:38

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L’historien Sada Reddi analyse les données de la partielle au No. 8.

Quelles sont, selon vous, les particularités de la partielle à Quartier Militaire-Moka?

Il y a effectivement des spécificités à cette partielle. Autant que je m’en souvienne, c’est la première fois qu’un gouvernement ne présente pas de candidat à une partielle. Cela implique que ce sont les partis de l’opposition qui vont devoir découdre entre eux. C’est aussi une partielle qui arrive un an ou un an et demi avant les élections générales, comme c’est souvent le cas. Enfin, il y a une dimension familiale avec l’oncle et le neveu Jugnauth qui s’affrontent.

Est-ce qu’il n’y a pas un aspect référendaire à cette élection. Un électorat qui est appelé à se prononcer suite à une décision de la Justice?

Il est vrai que l’élément qui déclenche cette élection est l’invalidation du siège d’Ashock Jugnauth. Ce dernier se présente à nouveau devant l’électorat. Mais je ne crois pas que les électeurs vont se prononcer par rapport à la décision de la Cour suprême et du Privy Council. Eventuellement, les plus jeunes, étant un peu plus idéalistes, vont être influencés dans leur choix. Mais les autres tranches d’âge n’y verront qu’une partielle comme une autre.

Quels sont les réels enjeux de cette joute?

En fait, on aura droit à une bataille d’interprétations. Beaucoup d’analyses se feront en fonction du fait que le Parti Travailliste (PTr) soit absent de l’élection. C’est un élément qui manque à l’équation. Donc, quel que soit le résultat, on essaiera de comprendre comment l’absence du PTr a influencé le résultat. On essaiera de voir comment l’électorat travailliste s’est positionné. Et celui-ci aura différentes façons de s’exprimer le jour de l’élection. L’abstention, le vote blanc ou le choix d’un autre candidat. Enfin même si le PTr ne s’est pas formellement engagé dans cette élection, il y a encore beaucoup de choses qui peuvent se produire jusqu’au jour du scrutin.

Cette élection ne serait-elle pas aussi le test qui va déterminer les négociations en vue des futures alliances?

Il est vrai que gouvernement et opposition se livrent bataille à travers deux candidats de proxi. Ce qui signifie que le résultat sera utilisé pour le marketing politique par la suite. C’est une occasion d’évaluer la force des uns et des autres. La circonscription du No. 8 se prête bien au jeu puisqu’elle est une région rurale avec des caractéristiques nationales.

Qui, à votre avis, a le plus à perdre dans cette élection?

En effet, j’entends souvent dire que cette élection pourrait être la fin de la carrière politique de l’un des deux plus importants prétendants. Or, je ne crois pas qu’une partielle puisse être aussi déterminante. Il ne faut pas oublier que sir Anerood Jugnauth avait perdu la partielle de Flacq. Cela n’a pas mis fin à sa carrière pour autant. Cette partielle aura son poids au moment des négociations mais elle ne signifiera pas la fin d’Ashock Jugnauth ou de Pravind Jugnauth.

Quelle est votre lecture de la campagne qui est menée sur le terrain?

Il importe de savoir si les partis ont une bonne stratégie et s’ils les mettent bien en place sur le terrain. Enfin, il faudra voir comment ils vont s’organiser le jour du scrutin. Ce sont des éléments fondamentaux de toute campagne. Celui qui fera le meilleur marketing politique l’emportera. Or, à ce chapitre, je trouve que les partis n’exploitent pas les bons discours. A ce jour, je n’ai pas, par exemple, entendu l’un ou l’autre candidat dire à l’électorat du No. 8 que cette circonscription potentiellement verra émerger un futur Premier ministre. On ne joue pas non plus la carte de l’expérience contre la jeunesse. Ou encore celle de la moralité. Personne ne fait véritablement le branding de son candidat.