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Sangouma, petit Réunionnais qui faisait trembler les Américains

7 janvier 2010, 00:00

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Sangouma, petit Réunionnais qui faisait trembler les Américains

7 février 1965, 7 février 2010. Quarante-cinq ans dont une bonne vingtaine dédiée à l’athlétisme. En 1990, Daniel Sangouma grimpe au firmament de l’athlétisme mondial. Engagé aux côtés de Max Morinière, Bruno Marie-Rose et Jean-Charles Trouabal sur le relais 4x100m des Championnats d’Europe à Split en Yougoslavie, il explose le record du monde en signant un chrono de 37.79.

C’est un cataclysme dans cette spécialité qui, jusque-là, était l’apanage des Américains. « What ? », lâche-t-il pour imiter la réaction des Américains en apprenant la nouvelle. Et pourtant, ce quatuor français avait bel et bien affolé le chrono.

Néanmoins, leur marque ne fit pas long feu car quelques mois après, à Zurich, les Américains reprirent leur « propriété » avec 37.67. « Mais on a ouvert la voie », fait remarquer Daniel Sangouma en précisant que seuls les Français et les Jamaïcains, bien plus tard, ont pu écrire leur nom sur les tablettes d’un record du monde sur 4 x 100m.

C’est cet homme-là qui est actuellement en vacances dans l’île. Hier, il a été reçu par Daniel Emilien, maire de Beau-Bassin-Rose-Hill, et en a profité pour rencontrer la presse dans la Salle du Conseil des Villes sœurs. Une rencontre où il s’est appesanti sur le fait que sa présence a aussi pour but de délivrer des messages aux jeunes.

D’ailleurs, dès son arrivée mardi, avec sa compagne Nicole Givran, il s’est rendu au gymnase de Phœnix. La sélection nationale affrontait le club réunionnais de La Case Cressonnière et les Mauriciens l’ont brillamment emporté par 21 à 19. Il faut savoir que le handballeur mauricien Jessie Thérèse est pour beaucoup dans la venue des deux visiteurs dans l’île. Le Rosehillien agit dorénavant comme une des pierres angulaires entre le sport réunionnais et mauricien. Pour rappel, le champion du monde de handball Jackson Richardson avait fait un détour dans la maison des Thérèse, à Plaisance, à Rose-Hill, lors de sa visite l’année dernière.

Après avoir regardé le match avec sa compagne Nicole, entraîneur de la formation du HBF Saint-Denis, Daniel Sangouma a eu des mots élogieux pour le handball : « Il y avait du beau jeu et j’ai réellement vu le progrès du hand mauricien, pas seulement du côté technique et physique mais également en matière d’arbitrage. »

Mais d’un point de vue général, l’ancien sportif de haut niveau estime que, plus que les hommes, ce sont les structures qu’il faut développer pour permettre le développement de haut niveau. Les hommes passent. Mais la structure reste. C’est ce qui permet à certaines disciplines de rester dans le haut niveau, et d’autres, d’atteindre les bas-fonds.
Il prend pour exemple, la référence jamaïcaine en athlétisme. Grâce au sport scolaire et au sport en général, la Jamaïque s’est créé une pépinière mais a aussi permis à des adeptes d’atteindre un statut social, qu’ils n’auraient peut-être pas pu atteindre sans les études.

En Jamaïque ou ailleurs, il faut que le sportif ait cet élément déclencheur. Celui qu’il a eu par exemple, en 1981, quand il a participé à un meeting Maurice -Réunion en athlétisme, à Rose-Hill. « Je me souviens que battre les Mauriciens à Maurice avait déclenché quelque chose chez moi me permettant par la suite d’avoir des ambitions », dit-il pour éclairer la lanterne des jeunes sportifs.

Evoquant la pépinière jamaïcaine qui a livré l’« athlète mythique » qu’est Usain Bolt, Daniel Sangouma avoue que : « On a de la chance d’être en vie pour voir évoluer un sportif extraordinaire. Il fait partie de la même veine que les Jordan, Jesse Owens et Pélé. Ce qu’il fait est inimaginable. Même si je courais en pleine mesure de mes capacités, il me mettrait cinquante centièmes. Sur 100m, on n’a pas idée mais cette marge est comme comparer un finaliste olympique et un athlète régional. Mais quelque part, ses performances ne me surprennent pas. Depuis l’âge de 15 ans, il signait des temps déjà impressionnants pour sa catégorie d’âge. C’est un athlète comme on en voit rarement traverser le siècle. »

Jason CHELLEN