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Sept ans de prison requis contre Cheb Mami, star du raï

3 juillet 2009, 00:00

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Sept ans de prison requis contre Cheb Mami, star du raï

Une peine de sept ans de prison ferme a été requise jeudi à Bobigny (Seine-Saint-Denis) contre la star de la musique raï Cheb Mami, jugée pour des violences infligées en août 2005 à son ex-compagne, qu''''il voulait voir avorter.

Le parquet a aussi demandé six ans de prison et une incarcération immédiate contre son agent Michel Le Corre. Huit et dix ans de prison et des mandats d''arrêt sont réclamés respectivement contre Hicham Lazaar et Abdelkader Lallali, exécutants présumés des violences, qui sont en fuite et ne sont pas venus au procès.

Le tribunal correctionnel rendra son jugement vendredi après-midi. La peine maximale encourue est de dix ans de prison et 150.000 euros d''amende.

"Je vous demande des sanctions à la hauteur de la gravité des actes, de leur préparation consciente et des conséquences sur la victime", a dit le procureur Ophélie Champeaux.

Pour elle, la séquestration les 28 et 29 août 2005 de la victime dans la villa personnelle du chanteur à Alger, les brutalités infligées toute une nuit par Kader Lallali et deux "avorteuses" non identifiées sont des "actes d''un autre âge et des violences particulièrement ignobles".

Pendant le procès, Cheb Mami a parlé de "faute" mais il n''a pas exprimé de regrets et ne s''est jamais adressé à son ex-ami. Il a reconnu avoir été informé des faits mais il en a rejeté la responsabilité sur son agent, assurant qu''il n''y avait pas assisté.

"J''étais dépassé par toute cette histoire folle. C''est contraire à mes principes, je n''arrive pas à l''expliquer, peut-être que j''étais sous influence. J''ai fait une faute, voilà", a-t-il dit, en pleurs, la tête dans les mains.

"Avoir un enfant illégitime, c''était contraire à ma culture, ma religion, c''était la honte", a dit Cheb Mami.

Porte ouverte au pardon

En plaidant, l''avocate de son ex-amie a déclaré que cette dernière était encore prête à un apaisement pour leur enfant.
Par miracle, les brutalités ont échoué et la plaignante a pu accoucher d''une fille en mars 2006. Une expertise génétique a montré que le chanteur était bien le père.

"Si dans un an, deux ans, dix ans, il souhaite demander pardon à sa fille, la porte sera ouverte et ma cliente espère que sa fille lui pardonnera", a dit l''avocate.

Dans ce dossier où il joue son avenir, le chanteur algérien de 42 ans, de son vrai nom Mohamed Khelifati, est en prison depuis lundi. Il est revenu en France pour faire face à ses juges après deux années de fuite en Algérie.

Icône dans son pays où il a lancé le raï dans les années 80 avant de l''exporter en France, Cheb Mami a élargi sa célébrité avec le tube mondial "Desert rose" avec Sting en 2000.

Ses aveux, mêmes partiels, ont été remis en cause par le tribunal qui a lu des transcriptions d''écoutes téléphoniques où, après les faits, il déclarait avoir assisté aux brutalités et même avoir "vu le sang" de la victime.

Accueillie à Alger par Hicham Lazaar à l''arrivée d''un voyage organisé par Michel Le Corre, la victime a été droguée puis conduite dans la villa de Cheb Mami, où Abdelkader Lallali et deux femmes non identifiées l''ont brutalisée et lui ont administré des produits, avant de la laisser partir.

L''accusation soutient que tout a été prémédité par le quatuor. Elle s''appuie aussi sur des écoutes qui montrent que les hommes de confiance du chanteur l''ont menacé et ont parlé de s''en prendre à son autre fille si elle portait plainte.

Fils d''ouvrier né à Saïda, Cheb Mami a chanté dès l''âge de 12 ans, connaissant le succès sous son nom de scène qui signifie "jeune môme" et s''installant en France dès 1985.

Il était proche du régime du président Abdelaziz Bouteflika et a même fait campagne pour lui. Michel Le Corre a déclaré au procès que Cheb Mami lui avait dit après les faits : "Je suis l''ami du président et donc je suis intouchable".

(Source : Reuters)