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Seshadun Nundloll - directeur de l’«Energy Services Division», un département du ministère de l’Énergie et des services publics : «Des problèmes notés avec les ventilateurs Pacific depuis l’année dernière»

24 novembre 2013, 12:04

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Seshadun Nundloll - directeur de l’«Energy Services Division», un département du ministère de l’Énergie et des services publics : «Des problèmes notés avec les ventilateurs Pacific depuis l’année dernière»

Les cinq incidents provoqués par des ventilateurs de la marque «Pacific», dont l’un a causé la mort de deux enfants, sont loin d’être des cas isolés. Depuis un an, l’«Energy Services Division» a enregistré un nombre anormal de cas impliquant la marque importée par l’enseigne «King Bros», qui est interdite de vente cette semaine.

 
◗ Les gens doivent-ils avoir peur des ventilateurs «Pacific» ?
Les ventilateurs de cette marque sont ceux qui se vendent le plus sur le marché local…
 
◗ Combien d’après vous par an, 50 000 ?
Cela fait vraiment beaucoup. On n’a jamais eu de soucis avec les ventilateurs de la marque Pacific. Du moins pas avant l’année dernière. Depuis 2012, nous avons enregistré des problèmes avec ces appareils. Quatre cas concernent des incendies dans lesquels les ventilateurs de la marque Pacific y sont pour quelque chose.
 
◗ Ces quatre cas enregistrés dans le passé sontils liés aux cinq autres rapportés cette semaine ?
Non. Quand il y a des incendies, la police nous demande systématiquement d’émettre un rapport. Depuis l’année dernière, nous en avons noté quatre qui impliquent des ventilateurs Pacific. Maintenant, ce n’est pas à nous de nous prononcer sur la qualité des appareils. Cette tâche incombe essentiellement au Mauritius Standards Bureau.
 
◗ A-t-il été établi que les ventilateurs «Pacific» sont la cause des quatre autres incendies enregistrés auparavant ?
De ces quatre cas, un seul est un incendie clear-cut. Pour les autres, le feu était localisé. Il était donc plus facile d’en établir l’origine. Résultat des courses : ce sont effectivement les ventilateurs qui ont causé ces quatre incendies.
 
◗ Le fournisseur est-il tenu de prendre des mesures ?
Cela dépend de quelques facteurs. Rappelez-vous les douches électriques. Il a fallu qu’il y ait plusieurs accidents pour que les réglementations soient revues et des mesures prises. Proportionnellement, le nombre d’incidents par rapport au nombre de ventilateurs vendus ne représente pas un gros problème. Quand des incidents se produisent, nous vérifions les équipements. D’ailleurs, nous nous attelons en ce moment à la vérification de tous les ventilateurs du gouvernement.
 
◗ Combien de ventilateurs «Pacific» le gouvernement utilise-t-il ?
Un très grand nombre ! À l’hôpital de Rose-Belle, par exemple, il y en a plus de 200. Jusqu’à l’heure, celui-ci n’a pas rencontré de problème particulier avec les appareils, sinon il les aurait fait changer. Les autres hôpitaux sont dotés d’un nombre similaire de ventilateurs. Sauf l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, qui est pourvu d’une climatisation centrale.
 
◗ Vous preniez l’exemple des douches électriques, mais a-t-on eu assez d’incidents avec les ventilateurs pour que des mesures drastiques soient prises ?
Si des mesures doivent être prises et les normes à l’importation revues, elles ne devront pas concerner uniquement les ventilateurs. Elles devront être appliquées à tous les appareils électroménagers, comme les ordinateurs, présents dans de nombreux foyers. Une chose est sûre : il n’y aura pas d’interdiction irréfléchie d’importation. Car Maurice a signé des traités avec certains pays, qui figurent parmi ceux avec lesquels nous importons nos produits.
 
◗ Dans les cas les plus récents, des défauts de fabrication sont-ils en cause ?
Notre chef inspecteur est encore en train de mener son enquête. De toute façon, le rôle de l’Energy Services Division ne consiste pas à établir en détail ce qui a causé l’incendie. Il lui incombe d’en identifier l’origine. Notre rôle est notamment d’indiquer à la police s’il y a eu foul play ou pas.
 
◗ En dehors de possibles défauts de fabrication, y a-t-il d’autres facteurs qui entrent en jeu ?
Oui. Prenez l’exemple des prises à deux broches avec lesquelles viennent ces ventilateurs. Elles ne contiennent pas de fusibles, contrairement aux prises à trois broches. Ce qui représente un risque. Chez moi, j’ai changé la prise à deux broches pour en mettre une à trois broches.
 
◗ Avez-vous un ventilateur de la marque «Pacific» chez vous ?
Non. J’en ai un d’une autre marque que j’utilise depuis dix ans.
 
◗ L’explosion de cas rapportés signifie-telle que les gens n’en parlaient pas avant le décès des deux enfants ?
Depuis le décès des deux fillettes, je constate que les gens n’hésitent pas à rapporter les problèmes qu’ils rencontrent avec les ventilateurs. Mais comme je l’ai dit, nous avons nous mêmes utilisé des produits de la marque Pacific sans qu’aucun incident grave ne se produise.
 
◗ Dans ce cas, qu’estce qui explique ces accidents ?
Cela doit être lié à la qualité du produit. Mais il faut que les produits soient testés under lab conditions pour en être sûr.
 
◗ Hormis ceux de la marque «Pacific», avez-vous souvent des problèmes avec d’autres ventilateurs ?
Non. En même temps il y en a tellement sur le marché local. Toujours estil que où que vous alliez, ce sont surtout les ventilateurs Pacific qui sont en vente. Qui plus est, pour ce qui est des produits importés de Chine, c’est cette marque qui est réputée pour être la meilleure.
 
◗ Faut-il revoir le contrôle de la qualité des ventilateurs à l’importation ?
Certainement. Si l’on permet à toutes sortes de produits d’entrer sur le marché, on court le risque que certains ne soient pas conformes aux normes. Toutefois, si les normes sont revues, le prix des appareils électroménagers risque de prendre l’ascenseur. À titre d’exemple, le gouvernement exigeait autrefois un niveau sonore très bas pour les climatiseurs. Puis, l’on a remarqué que l’on payait très cher nos climatiseurs. L’on a donc opté pour ceux dont le niveau sonore est plus élevé, en raison de leur prix plus bas et non à cause de la qualité du produit. En somme, l’important c’est de trouver un juste équilibre.
 
◗ «King Bros» parle de contrefaçon pour expliquer ces incendies. Est-ce plausible ?
Oui, car nous avons nous-mêmes eu affaire à des produits contrefaits. Il y a des pièces qui nous laissent dans le doute. Nous devons alors vérifier leur numéro de série sur Internet ou parfois contacter l’agent.
 
◗ L’autre hypothèse avancée par «King Bros» est le mauvais entretien des ventilateurs…
Cela se tient. Car s’il y a un dépôt de poussière sur le ventilateur, surtout à l’arrière, ou encore sur les lames, l’air ne circulera pas de manière adéquate. Il est toutefois difficile de certifier si c’est la cause des incendies. Autre facteur à prendre en compte : la manière dont les ventilateurs sont utilisés. L’idéal c’est de les éteindre quand on ne s’en sert pas.
 
◗ Quelles sanctions pouvez-vous infliger s’il est établi que le produit est en cause ?
Nous ne sanctionnons pas. Nous pouvons par contre faire des recommandations. Raison : la somme de travail est énorme. Pour preuve, il y a au moins deux cas d’incendie enregistrés chaque semaine. La police fait appel à nos services systématiquement. Même quand les incidents n’impliquent pas d’installations électriques.
 
◗ Y a-t-il beaucoup d’incendies causés par des appareils électroménagers ?
Non, cela varie. En fait, il y a très peu de cas où les incendies sont déclenchés par des appareils électriques.
 
 «Il revient au ‘Mauritius Standards Bureau’ de statuer sur la qualité des appareils.»