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Showkatally Soodhun : «SAJ fera tout ce qui est en son pouvoir pour sauver ce pays »

3 octobre 2011, 10:37

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? Quel est votre état de santé après la frayeur de cette semaine ?

D’après mes médecins, je dois me montrer prudent.

C’est le fait de n’avoir pas pris de médicaments et de n’avoir pratiquement pas dormi pendant deux jours qui a mené à ces complications. En plus, avec la manière dont a été menée l’enquête, c’est dans la presse que j’ai appris qu’on avait déjà retenu une charge contre moi…

? Les méthodes de la CCID ont été critiquées. Comment s’est déroulé votre interrogatoire?

Je vais vous dire : quand j’ai demandé aux enquêteurs leur opinion sur mon cas et s’il y avait matière à poursuite, ils m’ont répondu que non. Je pense que le bureau du Premier ministre y a mis son nez car, à plusieurs reprises, l’interrogatoire a été interrompu et un papier a été remis aux enquêteurs. Je suis persuadé que c’était des instructions du PMO.

? Quelle a été l’attitude des enquêteurs pendant votre interrogatoire ?

Elle a été très positive. Ils ont été très courtois. Ils me répétaient à chaque fois qu’ils n’y pouvaient rien et que «desizyon, lao ki pe pran». Selon nos renseignements, ils avaient prévu de m’enfermer à Alcatraz ! Heureusement que la magistrate Meenakshi Gayan a démontré son indépendance.

? Le MSM revient avec insistance sur la confiance qu’elle accorde au judiciaire. Cela fait-il partie d’une stratégie précise ?

Les actions du judiciaire sont indépendantes et ne sont pas dictées par le bureau du Premier ministre. Ce n’est pas le cas de l’Independent Commission against Corruption (ICAC) ou de la police. N’oubliez pas que nous avons été au gouvernement pendant 15 mois.

Nous avons été témoins de tout cela…

? De quoi exactement avez-vous été témoins ?

De nombreux cas sans suite. Joy Beeharee a envoyé un dossier à charge contre Amédée Darga à l’ICAC, mais rien ! Au Central Electricity Board (CEB), le personnel a dénoncé des promotions de personnes non qualifiées, mais l’ICAC a interrompu l’enquête. Nando Bodha a personnellement signalé des cas de personnes au ministère du Tourisme qui prenaient de l’argent pour favoriser des opérateurs et, là non plus, il n’y a pas eu suite.

Et la STC ? Il y a un nouveau scandale toutes les semaines dans la presse, mais l’ICAC n’a toujours pas demandé une copie du rapport Bhadain. Pourquoi ?

? Pouvez-vous nous en dire plus sur les dossiers que le MSM promet de rendre publics ?

À la STCM, on a writeoff les dettes de plusieurs personnes et on a payé pour l’importation de certains produits qu’on n’a jamais reçus. Sur l’affaire d’huile lourde contaminée, je crois que c’est Sik Yuen qui a dit que l’affaire avait été portée en cour en Angleterre. Or, ce n’est pas le cas et nous reviendrons bientôt là-dessus.

Nous préparons également quelque chose sur la Gambling Regulatory Authority et le Casino de Maurice. Nous devons être le seul pays au monde qui réussit l’exploit de faire perdre de l’argent aux joueurs et au casino en même temps.

Jinfei fi gure également sur nos plans, de même qu’un projet de sewerage à hauteur de Rs 187 millions à Baie-du-Tombeau qui n’est pas passé par le board de la Wastewater Management Authority ou par le ministre…

Une proposition de writeoff des dettes à hauteur de Rs 67 millions est actuellement devant le board du CEB et nous comptons dénoncer cette situation, car ceux qui doivent sont de gros possédants, dont une fameuse usine de barres de fer ! Toujours au CEB, la direction n’aurait pas réclamé de TVA à certains depuis 2005 et a dû payer la somme de Rs 34 millions à la Mauritius Revenue Authority de la caisse même du CEB…

? Revenons sur le projet «Jinfei». Quel est votre avis sur cette affaire ?

Cela a englouti beaucoup d’argent. Rs 500 millions rien que dans les infrastructures ! Et il y a eu beaucoup de transactions douteuses : avant même qu’il y ait eu un accord formel entre les deux parties, avant le contrat et avant tout engagement, on avait déjà dépensé les Rs 500 millions !

Parlons politique. En tant que proche de SAJ, que pouvez-vous nous dire sur ses intentions ?

Pour moi, sir Anerood est un symbole pour ce pays. Si aujourd’hui Maurice est un pays reconnu pour son développement, c’est grâce à son initiative et sa contribution.

Et quand on voit ce qui se passe sur le plan économique mondial, il est évident que des heures sombres nous guettent.

Quand cela arrivera, sir Anerood n’acceptera pas de demeurer inactif. Il a encore du courage, il est en bonne santé, il a la tête sur les épaules et l’âge n’est pas un problème.

Il ne pourra pas s’asseoir au Réduit pendant que tout ce qu’il a fait pour ce pays est détruit par Navin Ramgoolam.

Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour sauver ce pays une deuxième fois.

Et je vous dis que Cassam Uteem et Karl Hoffman non plus ne resteront pas les bras croisés… Les jours de Navin Ramgoolam sont comptés.

C’est la fin de son règne d’arrogance et de dictature !

? On dit dans les milieux travaillistes que la cible de Ramgoolam n’est pas Bérenger ou Pravind Jugnauth, mais SAJ…

Aussi longtemps que SAJ ne fera pas de politique active, il ne pourra pas le toucher.

Il n’osera pas. Ce serait une grave erreur s’il le faisait.

? Ne pensez-vous pas que SAJ n’a pas respecté le devoir de réserve présidentiel en critiquant l’ICAC si ouvertement ?

Ce n’est pas vrai du tout. Depuis combien de temps des organisations internationales, ou encore l’ambassade des Etats-Unis, critiquent le fonctionnement de nos institutions ? Le leader de l’opposition, qui est en politique depuis 42 ans, a également exprimé la même chose.

L’ICAC protège Rajesh Jeetah, Rashid Beebeejaun et Navin Ramgoolam. À ce jour, ils n’ont pas encore posé de question pour savoir qui a ordonné la deuxième évaluation ! Que Navin Ramgoolam vienne dire la vérité s’il est vraiment honnête !

? Qu’apporteront les «Cabinet papers» du 18 juin 2010 à la défense de Pravind Jugnauth ?

Ce qui est important, c’est que ces documents démontreront qu’il y a des accusations gratuites contre Pravind Jugnauth. Au moment des débats, et je dis qu’il y a eu débat, Pravind Jugnauth s’est retiré ! Une décision a été prise ce jour-là, mais pas par Pravind Jugnauth.

? On parle de mécontentement au sein du PTr et de contestation du leadership de Navin Ramgoolam. En avez vous eu vent ?

Le Dr Beebeejaun n’est pas très content du traitement que lui réserve Ramgoolam, qui ne se prive pas de l’insulter.

Il m’a confié à plusieurs reprises qu’il n’en pouvait plus et qu’il souhaitait quitter le gouvernement. Une fois, j’ai même dû le convaincre de rester ! Le PM est mesquin et jaloux. Il veut être le centre d’un one-man-show et ne partage pas le pouvoir. Beebeejaun est le plus malheureux des ministres car il ne nomme même pas des gens au sein de son propre ministère !

D’autre part, je dois dire que j’ai beaucoup d’appréciation pour le Dr Boolell.

C’est une victime de Navin Ramgoolam car ce dernier peur de lui. Il est plus humaniste et bien plus populaire !

En tout cas, il y a une petite équipe qui trouve que le PTr de Navin Ramgoolam est très loin de celui d’Anquetil et de Rozemont. Ils veulent sauver le parti car ils sentent qu’il va disparaître au moment où Navin Ramgoolam quittera le PTr et le pays. D’ailleurs, pendant la campagne de 2000, Anil Bachoo rapportait ces propos de SSR : «Zour li vinn premie minis pou maler sa pei la !»

? Vous prévoyez déjà la défaite de Ramgoolam aux prochaines élections ?

Il sait qu’il va perdre. Il ne contrôle déjà plus son propre parti.

Propos recueillis par Ronnie ANTOINE