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Siddartha Hawoldar : « Il faut une punition exemplaire sur MedPoint »

26 juillet 2011, 12:27

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Que vous inspirent les derniers dénouements sur «Med-Point» ?

Cette affaire me révolte profondément.

C’est encore un cas de dilapidation des fonds publics, surtout dans un moment difficile pour la population mauricienne. Ce que je tiens à dire c’est que no one is mightier than the law, même pas un ministre. Nous devons tous être sujets à la loi.

? L’«Independant Commission against Commission» (ICAC) n’est-elle pas en train de jouer son avenir sur cette affaire ?

Si l’enquête est bien fi celée et qu’elle aboutit, l’ICAC en sortira grandie. Au cas contraire, si les choses sont cachées sous le tapis, la commission risque de se décrédibiliser.

Et c’est dangereux. l’ICAC risque de chuter dans l’estime de la population.

Il ne faut pas que les citoyens perdent confiance en les institutions du pays. J’estime que dans cette affaire, les punitions doivent être très sévères, peut importe le coupable. Elles doivent servir d’exemple.

? En tant qu’avocat, quelle est votre analyse de la réforme de notre système judiciaire ?

Il est temps que des changements s’opèrent. On a trop longtemps travaillé avec des outils qui détonnent avec notre temps. N’oublions pas que nous nous basons encore sur le Code Napoléon, qui date de plusieurs siècles. Nos codes civil et de la famille sont encore régis par ce vieux code.

Il n’y a pas eu de changement alors que nous sommes appelés à soulever d’autres défis. Je suis pour cet élan de changement, qui est l’oeuvre de notre Attorney General.

? Donc ça va dans le bon sens ?

Tout amendement pensé à tête reposée est une bonne chose pour la société. On ne peut pas constamment faire du fire fighting.

Ou attendre qu’un problème nous tombe dessus pour agir. Il ne faut pas qu’il y ait un Kaya qui meurt pour qu’on dise qu’un prisonnier doit être interrogé sous surveillance caméra. Ce n’est pas quand on a une émeute qu’on va penser à un système pour la contrôler. Il faut avoir des penseurs persévérants.

? Etre proactif dans notre approche ?

Exactement. Mais, on doit aussi avoir des visionnaires, qui voient se dessiner à l’horizon des problèmes.

Et les dompter avant qu’ils ne se manifestent. A Maurice, nous n’avons pas suffisamment de penseurs persévérants.

Mais, quand je vois qu’il y a des gens qui veulent faire bouger les choses, j’applaudis de telles démarches.

Notre Attorney General n’est pas resté les bras croisés.

? Quelles sont les lacunes de notre système légal ?

Ce sont des lacunes qu’on partage avec beaucoup d’autres systèmes dans le monde : la lenteur, un manque d’organisation, manque de personnel, pas assez user friendly.

Voyez l’Angleterre n’importe qui peut faire des démarches légales. Cela peut s’apprendre. Il n’y a pas nécessité, à chaque fois, de se tourner vers un professionnel.

? Comment y remédier ?

Il y a le «Conveyencing», par exemple, pour la vente et l’achat de biens immobilier. Il y a des livres, Conveyencing Made Simple.

Ici, cela doit être fait par un notaire, dans un vieux français, difficile à comprendre.

On doit rendre la loi et le système plus accessibles. Un bon système est un système où les gens connaissent leurs droits, comment les défendre, les revendiquer. Il faut aider le peuple à comprendre ce système.

? Comment rendre le système plus rapide ?

Pour les contraventions, par exemple, a-t-on besoin d’un magistrat ? Mett enn clerk.

Il y a un barème déjà établi par la loi pour ces offenses.

Il y a eu des changements dans les lois du travail, le divorce peut désormais se faire à l’amiable.

C’est intéressant.

? Notre système a démontré, la semaine dernière, une grande lacune. Un homme, âgé de 77 ans, qui a tenté d’agresser une fille de 13 ans, n’a écopé que d’une amende de Rs 500...

Je suis consterné. Etonné que notre système puisse permettre des choses pareilles. Au cours de ma carrière, j’ai été étonné de voir les dénouements dans des cas, qui ont clairement démontré que la police et l’accusation ont failli à leur tâche.

On a une offense qu’on appelle assault. Quelqu’un peut vous donner un coup de poing ou vous asséner un coup de couteau et les deux cas peuvent être considérés comme une assault. Pourtant, ils ne sont pas pareils. Quand un magistrat voit assault, il donne une amende. Il y a des anomalies.

? Que pensez-vous de l’introduction prochaine du bracelet électronique ?

En tant qu’avocat, je n’ai pas de grande réserve sur le fait que cela puisse envahir la vie privée.

On doit voir cette question dans un contexte où la détection de la criminalité doit être améliorée. On fait face à une situation de détérioration du law and order.

The more we can track our criminals, the better it is. C’est une façon de contrôler la criminalité. C’est une manière aussi de ne pas arrêter une personne. On la laisse vivre. Mais on la contrôle.

? Comment expliquer notre difficulté à réprimer la criminalité?

On doit avoir une force policière qui offre un meilleur service. Regardez Singapour. Les officiers sont bien payés. On doit bannir cette image du policier qui demande un lift pour rentrer chez lui le soir. Ces gens-là sont le rempart contre la criminalité. Traitons-les avec dignité.

C’est la même chose pour les gens qui viennent de rejoindre le judiciaire. Il faut une revalorisation du facteur humain.


Propos recueillis par Michel Chui Chun Lam

 

Michel Chui Chun Lam