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Steve Obeegadoo : « Le PM a fait très attention à ne pas égratigner le MMM »

16 août 2011, 11:24

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Le secrétaire général du MMM commente les événements politiques de ces derniers  jours.


? Comment avez-vous senti le Premier ministre (PM) lors de sa conférence de presse, samedi ?

Il a cherché à dissimuler l’angoisse qui le tenaille. Tous ceux qui ont un esprit critique ont vu un chef de parti acculé et anxieux. Sinon, on a eu droit à son show habituel. A chaque conférence de presse, on lui accorde un traitement princier. C’est scandaleux. Alors que le message est partisan.

? Après samedi, le Mouvement militant mauricien (MMM) n’a plus d’adversaires mais des partenaires probables ?

(Rires) Ce qui est évident, c’est que la démission du Mouvement socialiste mauricien (MSM) du gouvernement a mis fin à l’Alliance de l’avenir. Elle est morte et enterrée. Depuis, on assiste à un réalignement complet des forces politiques du pays avec un Parti travailliste (PTr) fragilisé. Il suffit que les deux députés du Mouvement rodriguais (MR) abandonnent la majorité pour que le gouvernement tombe et qu’on aille vers de nouvelles élections générales. C’est une majorité fragile et débalancée. D’autre part, il y a le MSM, allié du PTr depuis un certain temps, avant de faire alliance il y a un an et demi environ. Dans tout cet imbroglio, il y a une constante : le MMM, la première force politique du pays qui, aux dernières élections représentait 44 %. Depuis, on a dépassé la barre des 50 %. Le parti est respecté pour son travail dans l’opposition, qui a débouché sur l’échec de l’alliance au pouvoir. Tout cela pour dire que le MMM est en position de force. Le PM a fait très attention à ne pas égratigner le MMM, samedi. Et c’est un fait qu’il y a un dégel des relations entre le MSM et nous.

? Après la rencontre Jugnauth-Bérenger, il y a eu celle entre Ramgoolam et Cuttarree. Le MMM soigne ses relations avec tous les partis ?

Précisons une chose : le PTr ne peut pas faire d’alliance car il a une attitude d’accapareur. Nous en avons fait les frais entre 1995 et 1997. Au-delà de cette cassure, on dénote un dysfonctionnement du système politique avec un First Past the Post (FPTP) qui condamne ceux qui veulent gagner les élections à faire une ou plusieurs alliances. Et à gouverner en coalition. En sus, ce système donne tous les pouvoirs au PM qui, du coup, contrôle tout. C’est une contradiction systémique qui explique que toutes les coalitions se brisent.

 ? Que propose le MMM en matière de réforme électorale ?

Comme préconisé par le Select Committee (SC) chargé de voir la mise en application du rapport Sachs, nous maintenons les 62 députés élus sur la base du FPTP. Cet élément de stabilité reste. Les Mauriciens y sont familiers. Le MMM propose qu’au moins un député soit une femme dans chaque circonscription. Ce qui représente un tiers des élus. Il faut compter avec 30 députés correctifs sur la base d’une liste soumise par les partis. Ce qui ouvre la voie à d’autres minorités. Le rapport Collendavelloo propose qu’un certain nombre de sièges sur la liste des partis soient réservés aux femmes. Et en fi n de compte, on maintient les huit députés désignés selon le Best Loser System (BLS). Nous avons donc 100 députés.

? Le BLS restera en vigueur ?

Si le système fonctionne, et que les listes des partis représentent toutes les composantes de la population, le BLS n’aura plus sa raison d’être. Il mourra d’une mort naturelle, sans blesser les susceptibilités. Le risque de sous représentativité n’est plus. Ce système proportionnel partiel permet de montrer qu’on peut assurer une représentation sans forcément se
 baser sur des critères purement ethniques.


? Qu’est-ce qui vous fait croire que cette tentative est la bonne ?

C’est une conjoncture historique que de ramener au devant de la scène la réforme électorale. Chose que nous prônons depuis plus de 25 ans. Pour nous, si aujourd’hui le PTr est toujours d’accord et le MSM s’est ravisé, c’est peut-être le moment. Nous n’épargnerons aucun effort. Mais tout dépend du bon vouloir du PM. Sans lui nous n’avons pas la majorité.

? Ces discussions ne seraient pas qu’un prétexte comme beaucoup le sous-entendent…

Cela se comprend. Quand il y a un dégel entre le MMM et le MSM qui ne se parle pas depuis plus de quatre ans, évidemment les gens pensent en termes d’alliance. Car à Maurice, la politique est faite d’alliances qui se font et se défont. Mais il n’y a pas de négociations. Tout nous sépare du PTr. Le MSM était au gouvernement. Ce serait indécent de discuter alliance avec eux. Je ne me prononce pas sur l’avenir.

? Quel est le «mood» de la base du MMM en vue de l’Assemblée générale des délégués de dimanche ?

Il y a un sentiment de satisfaction de la part des militants qui réalisent qu’on est en position de force, qu’on est respecté pour notre combat contre la corruption et pour la moralité publique. Cela en dehors de notre électorat. Les militants sont très excités de l’après. Ils sentent que les élections sont proches et que les municipales seront un walk-over. Dimanche, la direction du parti va donner des éléments d’informations, une analyse et une direction politique pour les mois à venir. Ils pourront intervenir et donner leur opinion.

Propos recueillis par Michel CHUI CHUN LAM