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Sunil Benimadhu : « L’avenir de la SEM passe par des liens avec d’autres Bourses »
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Sunil Benimadhu : « L’avenir de la SEM passe par des liens avec d’autres Bourses »

Le «Chief Executive» de la «Stock Exchange of Mauritius» (SEM) estime que « nous ne sommes certainement pas immunisés aux difficultés auxquelles font face nos partenaires économiques ».
? Vous avez reçu le prix de la Bourse la plus innovante d’Afrique. Que représente ce type de récompense?
Nous accueillons favorablement ce prix qui constitue une reconnaissance de certaines initiatives prises ces derniers temps pour jeter les bases d’une nouvelle orientation en matière de développement de la Bourse de Maurice Cette récompense cadre très bien avec la nouvelle vision de la SEM qui se résume ainsi dans la langue de Shakespeare, «Driving change within the Exchange space in Africa». Elle nous motive à poursuivre, voire à accélérer le processus d’internationalisation de la Bourse de Maurice, à accroître notre visibilité sur le plan international par le biais d’une participation active dans les forums consacrés aux perspectives de placement sur la Bourse de Maurice et sur les Bourses africaines. Finalement, elle nous encourage aussi à oeuvrer pour un engagement accru de la Bourse de Maurice au-delà de nos frontières. Sur le plan purement opérationnel, ce prix renforce l’attrait de notre marché vis-à-vis des investisseurs étrangers. Je tiens, enfin à souligner, que l’on doit cette récompense à toute l’équipe de la SEM, ainsi qu’à tous ceux avec qui nous travaillons étroitement, notamment nos collègues de la Central Depository & Settlement Co Ltd, les membres du Listing Committee, le ministère des Finances, la Financial Services Commission (FSC), les stockbrokers, les sociétés cotées, les gestionnaires de fonds, les Management Companies et beaucoup d’autres stakeholders qui nous ont soutenus activement dans la réalisation de projets récents.
? Que pensez-vous de l’évolution du marché lors des récentes turbulences ?
L’évolution du marché reflète les craintes des investisseurs par rapport aux soubresauts économiques et financiers dans les pays développés. Depuis l’effondrement de Lehman il y a trois ans, nous assistons à une augmentation de la corrélation entre l’évolution de la Bourse de Maurice et celle des marchés développés et des grands marchés émergents. Les récentes turbulences sont venues confirmer l’intégration grandissante de notre Bourse dans le système financier international. La part importante des investisseurs étrangers au niveau des transactions boursières, l’ouverture marquée de l’économie mauricienne vers l’extérieur et l’existence d’une technologie de pointe qui permet un suivi en temps réel des activités boursières expliquent en grande partie le fonctionnement corrélé du marché boursier local dans la conjoncture actuelle. Malgré ce resserrement des liens, la Bourse de Maurice conserve encore une part de sa spécificité et constitue, donc, un marché potentiellement attrayant pour les investisseurs étrangers car la SEM leur offre encore des possibilités de diversification de risques en matière de gestion de portefeuille.
? L’indice SEMDEX n’a pourtant pas connu la volatilité des grands indices internationaux. Comment expliquez-vous cet effet d’amortisseur ?
L’évolution du SEMDEX a été caractérisée par une forte volatilité ces derniers temps, même si l’ampleur de la volatilité et de la baisse a été inférieure à celle d’autres places financières. Je pense que cet écart s’explique en partie par le fait que l’économie mauricienne ne se trouve pas dans la même posture que celles d’Europe ou celle d’Amérique qui étouffent sous le poids de l’endettement national, de celui des institutions financières et des ménages. En plus, là-bas, les risques d’un effondrement de la croissance augmentent quotidiennement. A Maurice, nous tablons sur une croissance de 4 % et les résultats récemment publiés par certaines sociétés cotées ont été salutaires de par les temps qui courent. Cela dit, nous devons être très vigilants car nous tirons notre croissance de l’extérieur et nous ne sommes certainement pas immunisés aux difficultés auxquelles font face nos partenaires économiques. D’aucuns parlent avec raison de la nécessité de se démarquer graduellement d’une politique de croissance eurocentrique et de cibler davantage les nouveaux pôles de croissance dans le monde.
? Votre stratégie de développer la cotation de fonds se révèle-t-elle payante ?
Cette stratégie commence à porter ses fruits car nous avons une douzaine de fonds internationaux cotés sur le Marché officiel. Nous recevons des demandes d’information pour une cotation éventuelle d’autres fonds. Je pense qu’avec le soutien des Management Companies et d’autres opérateurs dans le Global Business, nous avons une carte importante à jouer dans ce créneau. J’estime également que le succès de notre démarche contribuera à ajouter plus de substance aux activités du Global Business et à améliorer l’image de Maurice en tant que centre financier.
Nous avons aussi récemment créé les conditions nécessaires à la cotation des Global Business Companies et des produits de taux spécialisés. La flexibilité de nos règles de cotation, la compétitivité des coûts associés à la cotation ainsi que la possibilité de coter ces produits en USD, euro ou GBP ouvrent de nouvelles perspectives pour la SEM dans notre stratégie d’internationalisation de notre Bourse.
? Où en est le projet de réorganisation du Marché officiel et du «Development and Entreprise Market» (DEM) ?
Il est important de comprendre que le Marché officiel et le DEM sont deux marchés distincts, qui ont des objectifs différents et qui opèrent dans des cadres réglementaires différents. En deux mots, le Marché officiel vise davantage les blue chips, alors que le DEM se veut être un marché pour les petites et moyennes entreprises ainsi que pour celles qui disposent d’un potentiel de croissance. Nous constatons, cependant, que le DEM comprend aujourd’hui quelques grosses sociétés qui trouveraient leur place parmi les blue chips du Marché officiel. Il s’agit d’engager des discussions avec certaines sociétés du DEM pour les encourager à se faire coter sur le Marché officiel et d’établir les règles qui favoriseraient cette mutation.
? L’idée d’une prise de participation de la Bourse de Johannesburg dans le capital de la SEM a-t-elle été définitivement enterrée ?
Cette initiative n’est pas d’actualité. Cependant, je maintiens ma profonde conviction, qui n’engage en rien la SEM, à savoir que l’avenir de la Bourse de Maurice passe par l’établissement de liens avec d’autres Bourses pour assurer l’accès à de nouveaux produits cotés, attirer plus d’opérateurs et d’investisseurs vers notre marché et contribuer au positionnement de Maurice comme un centre financier international. Maurice se doit d’encourager l’établissement de liens entre les institutions internationales de renom et nos institutions locales. Les formes, les nuances et les conditions sous-jacentes à ces liens peuvent être discutées et peaufinées mais l’ouverture vers l’extérieur est vitale pour assurer la croissance et la pérennité de nos activités et de nos institutions.
? Quand peut-on espérer voir la création d’un marché pour les produits de taux à Port Louis ?
Le cadre opérationnel et réglementaire pour la cotation des produits de taux sur la SEM existe depuis longtemps. Il est important que les sociétés utilisent davantage cette possibilité et fassent coter les obligations et autres produits de taux. En effet, une cotation des produits de taux est avantageuse pour ceux qui souscrivent à ces produits car elle permet une détermination quotidienne des cours et leur offre un exit potentiel à travers un marché organisé. En ce qu’il s’agit de la cotation des produits de taux émis par l’Etat, nous travaillons étroitement avec la Bank of Mauritius, la FSC et les banques pour la réalisation de ce projet.
Propos recueillis par Pierrick Pédel
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