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Surendra Bissoondoyal : « Les examens dirigent tout notre système éducatif »

25 octobre 2010, 09:46

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L’ancien directeur du Mauritius Examination Syndicate se prononce sur le système d’examen.

? Quelle conception avons-nous du système des examens à Maurice?

Une conception erronée. Nous n’avons pas vraiment un système d’éducation mais un système d’examens. Tout tourne autour des examens. Par exemple, si on veut un programme d’études plus large pour développer des compétences de l’enfant, cet exercice ne pourra se faire car tout se fait en fonction du fait que cet enfant doit passer par des examens pour prouver ses mérites. Donc, tout ce qui relève de l’éducation physique, des arts, de la citoyenneté… sont mis de côté.

? Comment expliquer cette obsession des examens?

Auparavant, il n’existait pas beaucoup d’établissements de bon niveau à Maurice. Les parents visaient toujours les mêmes collèges car la plupart des lauréats sont issus de ces collèges. C’est ce qui explique la compétition féroce qui règne au Higher School Certificate. C’est le système d’examens qui dirige tout notre système éducatif.

? Les politiques ne font rien pour arranger les choses, avec des réformes qui stagnent…

L’éducation ne doit pas être politisée. Car, c’est l’avenir de nos enfants et du pays qui est en jeu. C’est la raison pour laquelle Obeegadoo, par exemple, avait refusé de mettre en pratique certaines décisions prises par le gouvernement qui avait précédé le MMM-MSM en 2000. Il faut, toutefois, indépendamment des gouvernements en place, qu’il y a eu de bonnes initiatives par le passé. Ainsi en 1976-77, Kher Jagatsingh du gouvernement travailliste, alors qu’il était ministre de l’Education, avait fait construire quinze Junior Secondary Schools, des écoles qui aujourd’hui font partie du système pleinement.

? Comment dépolitiser le débat pour une réelle réforme?

On doit trouver un consensus politique que ce soit à travers des comités parlementaires ou des consultations formelles entre partis. Il nous faut une vision globale pour Maurice. On pourrait, par exemple, casser le système de compétition en octroyant les bourses de fin d’études secondaires
sur une base régionale. Cela atténuera la course vers les collèges dits 5-étoiles. Cela va aussi influer sur les admissions en Form I et les enfants pourront rester dans leurs régions.

? Que pensez-vous de l’introduction des examens nationaux en «Form III» ?

C’est encore quelque peu flou. Mais, je retiens quand même que des examens nationaux en Form III sont plus appropriés qu’au Certificate of Primary Education (CPE). En Form III, le jeune de 14-15 ans est plus mûr et on peut mieux le canaliser vers les filières appropriées. Au CPE, les enfants sont encore trop jeunes pour être évalués uniquement à partir des épreuves écrites. Certes, on peut garder le CPE. Mais, il faudrait l’élargir avec d’autres matières et disciplines. L’enfant profitera ainsi d’un
développement global.

Propos recueillis par Nazim ESOOF

 

 

Nazim ESOOF