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Syrie : une quinzaine de manifestants tués

25 juin 2011, 00:00

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Syrie : une quinzaine de manifestants tués

Des dizaines de milliers de personnes sont encore descendues dans les rues de Syrie, le vendredi 24 juin, pour manifester contre le régime de Bachar al Assad, ont rapporté des témoins et des défenseurs des droits de l''''homme, qui font état d''une quinzaine de morts.

La répression de ce mouvement, notamment dans le nord du pays, a entraîné jeudi l''exode de 1.500 réfugiés syriens supplémentaires vers la Turquie.

Cette situation à la frontière entre la Syrie et la Turquie fait craindre aux Etats-Unis des tensions régionales.

Les Comités de coordination régionale, un groupe militant, a dit avoir une liste de 14 civils tués à Homs, à Kissoua, au sud de Damas, et à Barzeh, un quartier résidentiel de Damas.

Un autre manifestant a été tué par balle à Kousair, a rapporté un mouvement de défense des droits de l''homme.
La télévision syrienne a imputé les morts à Barzeh à des hommes armés accusés par les autorités d''être les instigateurs des violences et a affirmé que des membres des forces de sécurité avaient été blessés.

La plupart des journalistes étrangers ont été expulsés de Syrie, ce qui rend difficile de vérifier les récits des témoins ou les déclarations officielles.

A Barzeh, un témoin a rapporté que des tireurs embusqués de la police avaient abattu trois manifestants.

"La sûreté a d''abord utilisé des gaz lacrymogènes puis ils ont tiré des toits quand les slogans hostiles à Assad se sont poursuivis", a dit cet habitant, Houssam, contacté par téléphone. "Trois jeunes ont été tués et j''ai vu deux corps touchés à la tête et à la poitrine."

Des défilés ont également eu lieu à Homs et Hama, dans le centre du pays, où les manifestants ont crié "le peuple veut la chute du régime", à Deraa, berceau du mouvement dans le Sud, ainsi que le long de la côte méditerranéenne et dans les provinces orientales de Kamichli et de Daïr az Zour.

Deraa exhorte Damas à se soulever
A Deraa, les manifestants ont invité les habitants de Damas à suivre leur exemple. La capitale a jusqu''à présent été relativement calme. "Peuple de Damas, ici à Deraa, nous avons renversé le régime", ont-ils scandé.

La télévision syrienne a pour sa part rapporté que l''armée "achevait son déploiement" dans les villages frontaliers avec la Turquie. Elle a imputé les morts signalés à Barzeh à des hommes armés déjà accusés par le régime d''être derrière le soulèvement contre Bachar al Assad.

Selon les autorités de la province turque de Hatay, l''arrivée jeudi d''une nouvelle vague de civils syriens porte à 11.739 le nombre de réfugiés dans les camps turcs.

Des journalistes de Reuters à Guvecci, un village turc à la frontière, ont rapporté que les camps côté syrien semblaient totalement désertés vendredi matin. Seule une poignée de soldats syriens était visible à la frontière.

La répression des manifestations anti-gouvernementales a fait plus de 1.300 morts depuis la mi-mars, selon des organisations de défense des droits de l''homme.

Cherchant à faire pression sur le gouvernement de Damas, l''Union européenne a étendu ses sanctions contre le régime syrien à onze nouvelles entités et personnes.

Dans cette liste figurent notamment trois responsables des Gardiens de la Révolution iraniens - les généraux Qasem Soleimani et Mohammad Ali Jafari ainsi que le numéro deux des services de renseignement, Hossein Taeb - qui seraient impliqués dans la répression.

Les Etats-unis de plus en plus inquiets
Les Etats-Unis, qui ont également imposé des sanctions ciblées à plusieurs responsables syriens, se sont inquiétés des mouvements de l''armée syrienne autour de la ville de Khirbat al Djoz, à 500 mètres seulement de la frontière turque.
"A moins que les forces syriennes ne mettent immédiatement fin à leurs attaques et à leurs provocations qui désormais ne concernent plus seulement leurs propres citoyens mais font aussi courir le risque d''affrontements frontaliers, nous allons assister à une escalade du conflit dans ce secteur", a déclaré jeudi soir la secrétaire d''Etat américaine Hillary Clinton.
Elle a dit s''être entretenue de la situation avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu, et que le président Barack Obama avait également eu un entretien téléphonique avec le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Davutoglu a déclaré qu''Erdogan s''entretiendrait avec Assad vendredi.

Le commandant de la IIe Armée turque, s''est rendu à Guvecci pour se rendre personnellement compte de la situation.
La Turquie sunnite est de plus en plus critique envers le président Assad, issu de la minorité alaouite, alors qu''elle soutenait précédemment ses efforts de paix avec Israël et de rapprochement avec les Etats-Unis. Assad a aussi ouvert le marché syrien aux produits turcs.

Selon des analystes, le risque est grand que la Syrie, où se côtoient sunnites, kurdes, alaouites et chrétiens, bascule dans la guerre civile du fait que le pouvoir s''appuie de plus en plus sur les troupes alaouites qui lui sont acquises et sur des forces irrégulières.

Par Khaled Yacoub Oweis ( Reuters)