Jean Marie Le Clézio revient sous nos latitudes pour participer aux premières activités de la Fondation pour l’Interculturel et la Paix (FIP). Qu’est-ce que l’interculturel ? A ne pas confondre avec le multiculturel. C’est Issa Asgarally, auteur de l’essai «L’interculturel ou la guerre», paru en 2005, avec une préface de Jean Marie Le Clézio, qui en parle le mieux.

L’interculturel, une pensée qui l’accompagne perpétuellement, c’est non plus vivre les uns à côté des autres, mais les uns avec les autres. Pour que tombent les citadelles du multiculturel, cette «simple juxtaposition ou mosaïque de cultures, de modes de vie».

Son raisonnement porte vers le nécessaire dépassement du multiculturel pour mettre le cap sur les vastes étendues de «l’échange interculturel». Et s’avouer enfin que c’est «parce qu’aucune culture ne renferme la totalité de l’existence humaine, que la rencontre avec une autre culture permet de mieux se connaître, d’enrichir son imagination (…) de se débarrasser de certaines traditions paralysantes».

Dans un pays où les questions de quota, de représentativité selon l’origine ethnique priment sur de plus vastes considérations de rassemblement, Issa Asgarally met le doigt dans l’engrenage de nos préjugés en nous proposant d’aller vers l’autre pour mieux regarder non pas son nombril mais sa réalité. Sortir de la navrante banalité de la nation arc-en-ciel, tel est son message car, «il n’y a pas plusieurs races. Il n’y a que le genre humain».

Aline GROËME-HARMON