L’intellectuel genevois évoque ces polémiques qui gravitent autour de sa personne, donnant les raisons qui, selon lui, en seraient la cause.

Tariq Ramadan, vous êtes quand même un personnage nébuleux. Vous avez un discours qui prône l’unité, mais parallèlement on vous reproche d’avoir un double langage…

Ce n’est pas être nébuleux quand vous avez une pensée qui fait réagir. Quand on est tranquille chez soi et que quelqu’un frappe à la porte, on n’aime pas être dérangé. Et c’est un peu ce que je fais, je dérange. C’est ainsi quand on essaie de lier des univers, les détracteurs surgissent.

Et c’est partout comme ça?

Non, C’est très français. Ce n’est qu’en France que je suis victime de ce verrouillage médiatique. Là-bas, il y a toujours des pressions pour que mes conférences soient annulées. Mais, je considère cela comme étant un épiphénomène, car au Canada ou en Afrique, c’est différent.

Et pourquoi la France serait-elle plus réfractaire à votre idéologie que d’autres?

Mon discours perturbe les Français, par rapport au monde arabe. Il faut compter avec les séquelles de la colonisation algérienne qui refont surface quand j’aborde le sujet du monde arabe en France. Il y a, aujourd’hui en France, quatre, cinq, voire six millions d’Arabes visibles, intégrés dans la société française. Il y a beaucoup d’intellectuels et, moi, je ne suis que l’arbre qui cache la forêt. Ce qui caractérise la société française, c’est sa surdité.

Que voulez-vous dire par «surdité»…

J’estime que les Français d’origine arabe sont parfaitement intégrés en France. C’est la classe politique française, de droite comme de gauche, qui refuse cela. Aux yeux des politiques, ils ne sont pas intégrés.

Vous êtes un ardent défenseur de la cause palestinienne. Pensez-vous que cet épineux imbroglio trouvera un jour une solution, surtout avec le nouveau Président des Etats-Unis?

Je ne me fais aucune illusion par rapport à Barack Obama. Autant je respecte l’homme qu’il est, pour ses convictions, autant je constate malheureusement qu’il fait partie d’un système.

Est-ce que vous vous retrouvez dans cette formule: Tariq Ramadan est aimé par peu, détesté par beaucoup, mais respecté par tous?

Non, elle ne me convient pas. Ce n’est qu’en France que je suis marginalisé. Et puis je ne pense pas que je suis aimé. Disons plutôt que c’est mon discours qui est aimé par beaucoup. Quant à être respecté par tous… Je ne sais pas.