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Tehmine Arrah Soodhun Cadinouche, psychiatre au cœur de soins en milieu criminel à Londres

6 mai 2012, 00:00

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Tehmine Arrah Soodhun Cadinouche, psychiatre au cœur de soins en milieu criminel à Londres

Elle voulait initialement s’orienter vers la chirurgie mais les circonstances l’ont conduite vers la psychiatrie. Elle s’est ensuite spécialisée en Forensic Psychiatry et se dit prête à partager son savoir en matière d’évaluation de l’état de santé mentale d’hommes et de femmes ayant commis des délits criminels.

Cette ancienne élève du Collège de Lorette de Port-Louis n’a vraiment pas froid aux yeux. Ne cherchez surtout pas le Dr Tehmine Arrah Soodhun Cadinouche chez des généralistes du service médical d’un hôpital de Londres ou dans un service chirurgical où elle ambitionnait de faire carrière initialement.

Allez plutôt du côté où cela vous donnera, à première vue, le frisson, c’est-à-dire à la Medium Secure Unit de l’hôpital Camlet à Enfield, au nord de Londres.

La MSU est un service associé au système de santé du Royaume Uni. Il est spécialisé dans l’évaluation de l’état de santé mentale et le traitement d’hommes ou de femmes, suivant les recommandations du système judiciaire ou des services de haute sécurité.

Après son internat à l’hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital (SSRN) entre mai 2000 et janvier 2002, la Dr Tehmine Arrah Cadinouche voulait se spécialiser dans une branche médicale précise. Mais les conditions des bourses en France ne correspondaient pas tout à fait à ses vœux. Donc, avec son époux, le Dr Hussein Azad Soodhun Cadinouche, ils décident de mettre le cap sur l’Angleterre.

Son cœur était porté pour la chirurgie mais les circonstances l’ont conduite vers la psychiatrie et elle ne le regrette pas.
Au cours de sa formation, elle s’est familiarisée avec les différents aspects de la psychiatrie chez les enfants, les adolescents, les personnes âgées, les adultes, dont ceux qui souffrent d’une affectation aigue de la maladie de même que les patients victimes de schizophrénie avancée et qui peuvent manifester un comportement violent, résistant voire agressif. Elle a compris que c’est là qu’elle devait être. L’amour de la profession aidant, la Dr Tehmine Arrah Soodhun Cadinouche découvre une nouvelle filière à savoir le Forensic Psychiatry, qui se spécialise dans l’évaluation de l’état mental d’auteurs de délits criminels purgeant une peine d’emprisonnement ou en voie d’être condamnés. Elle attend de recevoir son certificat pour évoluer comme Consultant en Forensic Psychiatry.

Il y a au moins deux explications à son choix. Il y a d’abord l’environnement de travail. Il est tel qu’au moment d’exercer sa profession, la psychiatre n’a aucun handicap ou retenue psychologiques qui proviendrait d’une peur quelconque. Elle peut travailler en toute sérénité.

« Loin de moi l’idée de porter un jugement sur le système punitif qui intervient à juste titre après qu’un citoyen se fut rendu coupable d’un délit criminel. En tant que professionnelle, mon rôle consiste à me pencher sur les raisons qui ont poussé un individu à commettre un crime avec violence. On essaie de comprendre. Un ensemble de facteurs peut être responsable d’un comportement à risque qui aboutit à l’exécution d’un acte criminel. Ils peuvent être d’ordre familial, social ou caractériel. »

Ensuite, il y a l’approche du traitement lui-même. Elle est caractérisée par une volonté à remonter à la cause ou les causes qui ont modifié considérablement un comportement au point où un individu est envahi par un sentiment de violence avancé.
Les résultats de la démarche peuvent contribuer à formuler un programme de prévention susceptible de neutraliser tout risque de récidive. « Si on ne peut effacer ce qui s’est produit, on peut quand intervenir pour éviter que le même comportement se répète à la sortie du prévenu de prison. Si on peut éviter qu’une seule, une unique famille ne soit victime d’un crime à répétition, on aurait alors épargné cette famille la souffre de perdre un des siens dans des conditions atroces » estime la Dr Soodhun Cadinouche.

« Sans aucune intention de causer un quelconque préjudice à qui que ce soit, je suis d’avis que les vertus du système punitif ont leurs limites. J’ignore s’il existe un système d’évaluation de l’état de santé et d’accompagnement d’auteurs de délits criminels à Maurice ou un mécanisme pour protéger la société contre la récidive. C’est à ce niveau-là que j’aurais aimé partager l’expérience que j’ai acquise dans ce domaine », ajoute-t-elle.