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Théâtre : Faire le pont avec Arthur Miller
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Théâtre : Faire le pont avec Arthur Miller
Comment tout donner quand on manque d’espace ? Quand on doit jouer une pièce d’Arthur Miller sur une scène aussi exiguë que celle du siège de l’Alliance Française à Bell Village ? Un espace qui n’est pas vraiment conçu pour cela, mais qui, par la force des circonstances accueillait les comédiens réunis autour d’Ashish Beesoondial et Pascal Nadal. Ils présentaient mercredi une adaptation de A view from the bridge d’Arthur Miller.
Une question d’espace à prendre à des degrés divers. Sur le plan physique, la troupe a su faire descendre l’intrigue dans la salle. Regards, cris et apogée en ont gagné en intensité. Surtout au moment de l’affrontement entre Eddie Carbone (Pascal Nadal) et Marco (Josias Guilliano), l’immigré clandestin et cousin de sa femme, qu’Eddie a dénoncé à la police.
Dans cet espace restreint donc, il s’agissait de faire vivre des sentiments amoureux refoulés, ceux d’Eddie pour sa nièce Catherine (Ketsia Leste). De la jalousie. De l’illégalité. Des lois. Un couple qui tombe en miettes. Le tout concentré, dans une maison reconstituée avec sa table à manger, son gramophone, son tableau kitsch. Sa bande son où l’on a entendu Sugar in the morning/ Sugar in the evening aussi bien que les Cranberries, pour nous ramener dans les années 50, en pleine immigration italienne en Amérique.
L’espace, c’est aussi celui de la langue. Il n’est jamais aisé de monter une pièce en anglais chez nous. D’abord à cause de la diversité des accents avec lesquels nous Mauriciens mâchons la langue de Shakespeare. Dans l’équipe de A view from the bridge, chacun a conservé son phrasé. Sans forcer son accent. Avec plus ou moins de clarté et de naturel. De celui très «polished and cultured» d’Ashish Beesoondial à celui sans fard de Pascal Nadal, en passant par la diction travaillée de Marie Paule Iyanasee. Il y a aussi les passages du texte de Bhamesh Bagratee qui nous ont échappé. Lui qui s’est rattrapé par son jeu ultra expressif, ses yeux écarquillés et sa blondeur spécialement adoptée pour l’occasion.
Enfin, cette troupe d’amateurs sans prétention, dont certains montaient sur scène pour la première fois a su avant tout utiliser l’espace d’expression. Pour montrer qu’il est possible que des chargés de cours sortent du cadre de leurs simples fonctions pour donner une dimension plus artistique à leur travail pédagogique et proposer un divertissement de qualité aux étudiants qui ont A view from the bridge d’Arthur Miller au programme.
Aline Groëme-Harmon
*Séances scolaires gratuites du 22 au 25 mars à 11h à l’Alliance Française, Bell Village. Renseignements au 789 2484, 756 0378.
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