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Tim Taylor : « J’ai peur pour l’avenir de l’université de Maurice »

14 septembre 2012, 10:34

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Le président de l’«UoM Trust» s''''exprime sur la détérioration de la relation avec l''UoM et affirme qu’elle coïncide avec l’arrivée du nouveau vice-Chancelier de cette institution. Selon lui, ce dernier voudrait avoir le contrôle total de celle-ci.

? Beaucoup de Mauriciens semblent étrangers au fonctionnement de l’UoM Trust. Quel est le rôle exact de cette institution ?

L’UoM Trust a été créée en 2006, alors que le gouvernement était en train de faire pression sur la direction de l’Université de Maurice (UoM). Le gouvernement souhaitait que l’UoM fasse provision pour créer des espaces additionnels afin d’augmenter le nombre d’étudiants. L’UoM éprouvait à cette époque des difficultés à accueillir davantage d’étudiants, principalement parce que la Tertiary Education Commission (TEC) avait revu le budget alloué à l’institution à la baisse. C’est alors que l’idée de créer une filiale de l’UoM a émergé afin de générer des fonds et ainsi soutenir l’université financièrement. (NdlR, L’UoM Trust a, à ce jour, généré une somme avoisinant les Rs 20 millions).

? En six ans d’existence, quel est donc le bilan de cette institution ?

Nous pouvons être fi ers de notre parcours, premièrement à travers les cours de cette institution. Nous avons créé, en partenariat avec la Mauritius Employers’ Federation (MEF), le Mauritius International Business School (MIBS), nous avons un joint venture avec l’University of Central Lancashire (UCLAN) où nous offrons des cours menant à un Master in International Business Law (LLM). Nous avons un accord avec le Bureau International du Travail (BIT) grâce auquel nous offrons un Master in Social Protection Financing. Nous avons aussi un Memorandum of Understanding (MoU) avec le Canada qui va débourser la somme de 500 000 dollars au profit de notre institution pour les trois prochaines années, afin d’offrir des bourses aux étudiants africains. Il faut souligner que cette institution a été créée et opère depuis six ans avec la bénédiction du conseil d’administration de l’UoM, l’instance suprême de l’institution…

? Mais qu’est ce qui explique cette détérioration de la relation avec l’UoM, qui a même fait part de son intention de vouloir démanteler l’«UoM Trust» ?

Je tiens à préciser que les relations entre nos deux institutions se sont détériorées depuis quatre mois, soit depuis l’arrivée du nouveau vice-Chancelier (VC), Ramesh Rughooputh qui nous a ouvertement fait comprendre qu’il est contre l’UoM Trust. En effet, notre institution ne cadre pas avec sa vision et il me semble qu’il veut être le seul maître à bord.

? Comment ça se passait avec les prédécesseurs ?

Dans le passé, nous avons toujours eu le soutien des autres VC. Indur Fagoonee ou encore Konrad Morgan nous ont toujours garanti leur support.

? Le VC de l’UoM ainsi que le ministre de l’Enseignement Supérieur contestent la légalité de l’UoM Trust. Et pourtant, vous affichez la sérénité. Que répond l’UoM Trust à ses détracteurs ?

Pour revenir à la source du problème, c’est avec l’avènement du Statutory Body Act en 2009 que notre légalité a été remise en cause. Sauf qu’il faut aussi savoir que nous sommes avant tout régis par l’UoM Act de 1971. La question qui reste posée est, quelle loi est la plus valable, l’UoM Act ou le Statutory Body Act ? Et pourquoi la Tertiary Education Commission tarde à accréditer plusieurs de nos modules ? Si les autorités considèrent que l’UOMTrust est illégal en 2012, pourquoi la TEC n’a-t-elle éprouvé aucune difficulté à accréditer nos cours en 2011 ainsi que les années précédentes ? De plus, ce qui nous étonne le plus c’est que Rajesh Jeetah peut, à travers une simple signature, mettre fi n à toute cette polémique.

? Il a aussi été question du transfert des étudiants de l’UoM Trust vers l’UoM. Or, les dirigeants du trust semblent très sceptiques sur cette idée. Pourquoi précisément ?

Pour la simple et bonne raison que, dans la pratique, tout cela peut provoquer pas mal de confusion et de trouble chez les étudiants. Est-ce que le VC a pris en compte le fait que les cours de ceux qui étudient à l’UoM Trust sont beaucoup plus coûteux que ceux qui étudient à l’UoM ? A-t-il aussi pris en compte le fait que nos étudiants ont, eux, eu des résultats inférieurs à ceux de l’UoM ? Les étudiants de l’UoM sont-ils prêts à cohabiter avec ceux du trust ? A mon avis, tout cela peut provoquer un désordre total sur le campus du Réduit.

? L’université de Maurice est-elle entre de bonnes mains ?

J’ai confiance en cette institution. Mais j’ai peur pour son avenir. Actuellement il ne fait pas bon vivre sur le campus du Réduit.

Propos recueillis par Thierry LAURENT

Thierry LAURENT