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Tour de France - Les Belles Filles prennent l’accent anglais

8 juillet 2012, 00:00

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Tour de France - Les Belles Filles prennent l’accent anglais

La Planche des Belles Filles a pris l’accent anglais, samedi, pour le bonheur de Chris Froome, vainqueur de la 7e étape, et de Bradley Wiggins, installé aux commandes du Tour de France dès la première arrivée en altitude.

Dans ce site de la Haute-Saône, où la légende rappelle la noyade des paysannes pour échapper aux soudards suédois de la Guerre de Trente Ans, la plupart des adversaires de Sky ont plongé. A l’exception du vainqueur sortant, l’Australien Cadel Evans, deuxième de l’étape, de l’Italien Vincenzo Nibali et, à un degré moindre, de l’Estonien Rein Taaramae. "Je ne pensais pas que nous ne serions que quatre à l’arrivée", a reconnu Wiggins. "Je m’attendais à une quinzaine devant". Mais le rythme étouffant imposé par ses équipiers (dans l’ordre, Boasson Hagen, Rogers, Porte et Froome) a écrémé le peloton sur les 5,9 kilomètres de l’ascension finale, le premier col classé en catégorie depuis le départ. Si le Belge Jurgen Van den Broeck et l’Espagnol Alejandro Valverde peuvent alléguer d’une course-poursuite pour reprendre place en queue du groupe au pied des Belles Filles, d’autres ont été laminés dans cette montée sèche, très pentue, devant la foule des grands jours. Sylvain Chavanel a lâché plus de deux minutes et ses coéquipiers venus avec des ambitions pour le classement général (Peter Velits, Levi Leipheimer) davantage encore.

Jérôme Coppel, dans un jour moyen, a payé plus cher (3 min 03 sec). "Trop raide pour moi", a souligné le Haut-Savoyard, qui redoutait cette arrivée depuis la reconnaissance faite au printemps.

La pente s’est avérée trop forte aussi pour le Suisse Fabian Cancellara (c’était prévu !), qui a abandonné le maillot jaune endossé sept jours plus tôt mais a fait mieux que son coéquipier allemand Andreas Klöden, distancé de plus de deux minutes.

Dans l’équipe RadioShack, le mieux classé s’appelle Haimar Zubeldia, le vétéran espagnol de 35 ans qui s’est déjà classé par deux fois cinquième du Tour (2003 et 2007). A l’opposé, Pierre Rolland s’est hissé au niveau du Russe Denis Menchov, un candidat au podium qui a confirmé pour sa part sa bonne forme (5e du classement général) après un début de saison transparent.

Pour l’Orléanais, blessé et retardé la veille dans l’une des nombreuses chutes qui ont sérieusement amoindri le peloton du Tour (17 abandons en huit jours, un record depuis 1998), la nouvelle est des plus encourageantes.

Elle se double d’un bulletin de santé rassurant pour son coéquipier Thomas Voeckler, le quatrième Français pointé sur la ligne après deux "jeunots" épatants, le débutant Thibaut Pinot (15e) et surtout Tony Gallopin (19e), tout à fait remarquable. L’équipe Sky est-elle prenable ?

Le scénario du dernier col a rappelé le récent Dauphiné. Les équipiers de Wiggins imposent un rythme qui interdit toute attaque ou en limite les effets. Leur nombre ajoute à la dissuasion et leurs adversaires, esseulés, sont réduits à l’impuissance.

"Avec une équipe comme la sienne, c’est difficile d’attaquer Wiggins", a soupiré Evans après l’arrivée. D’autant que le nouveau maillot jaune, qui privilégie jusqu’à l’obsession une approche scientifique de l’effort, n’a qu’un seul souci : maintenir un rythme élevé, en mesurant en permanence la puissance prodiguée, sans se "mettre dans le rouge". Dès lors, les rivaux de Wiggins doivent miser sur l’effet de surprise, le grain de sable susceptible de venir troubler le bel ordonnancement de la machine Sky. Surtout si la météo y met du sien et si le soupçon d’arrogance décelé dans les propos de Chris Froome se développe dans les prochains jours.

Interrogé sur Evans, l’Anglais natif du Kenya, qui a dû attendre sa quatrième saison dans le peloton pour se révéler à la fin de l’été dernier (2e de la Vuelta 2011), a déclaré : "Quand j’ai accéléré, il n’a pas réagi. Je pense qu’il n’avait pas les jambes pour le faire. Mon démarrage n’était pas très fort."

"Maintenant, les choses sont assez claires : le classement se joue entre lui et Bradley", a ajouté Froome.

La phrase ne peut que piquer l’orgueil de Nibali, toujours dans la course au classement général (3e à 16 sec de Wiggins). Le Sicilien est le prototype de l’attaquant capable de déjouer les calculs de la formation britannique et de provoquer la pagaille en descente. Peut-être dès la prochaine étape, en forme de montagnes russes dans le Jura suisse, pour se rendre à Porrentruy.

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Stany MAURICE