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Trafic dans le port: le réseau décortiqué
5 avril 2014, 11:14
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Trafic dans le port: le réseau décortiqué
Les vols perpétrés dans le port font bien des remous. Alors que les pays de la région s’inquiètent des menaces de la Mediterranean Shipping Company (MSC) de cesser ses activités à Port-Louis, la police s’attelle à décortiquer le mécanisme mis en place par le réseau de malfaiteurs opérant au sein de la zone de transbordement.
Pour la Criminal Investigation Division (CID) du port et pour la direction de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL), qui gère ce site, il ne fait guère plus de doute que ce sont les employés de ServEquip et de Marine & General Surveillance (MGS) qui ont tout manigancé. ServEquip agit comme sous-traitant pour la CHCL, alors que MGS opère pour le compte de la MSC.
Le cerveau de la bande
Jusqu’ici, les enquêteurs tentent d’identifier le cerveau de la bande parmi les dix employés de ServEquip et de MGS actuellement en détention. Le choix se réduit aux cinq salariés de MGS, car ce sont eux qui avaient en main les documents détaillant chacun des conteneurs réfrigérés dont ils avaient la responsabilité.
D’après le contrat liant la MSC à la MGS, celle-ci doit faire un suivi de la température de chacun des conteneurs réfrigérés en transit à Port-Louis, le temps qu’ils soient réembarqués vers leur destination finale. Les «surveyors» de cette société savaient d’avance ce qui se trouvait dans les conteneurs, car la température est différente pour les fruits de mer et la viande. Et elle doit être vérifiée toutes les deux heures.
Arrêté le vendredi 21 mars, un employé de MGS, Dharma Sujore, a déjà commencé à cracher le morceau. C’est principalement grâce à sa version que quatre de ses collègues et cinq employés de ServEquip, une filiale d’IBL, ont été appréhendés. Un vigile de la société de gardiennage privée Proguard et deux poissonniers du marché central ont également été épinglés.
Conteneurs ouverts en pleine nuit
Selon Dharma Sujore, les conteneurs étaient ouverts au beau milieu de la nuit entre septembre et mi-mars, au moment où l’activité dans le Container Terminal est au plus bas. Les marchandises volées sont évaluées à Rs 5 millions. Elles ont été placées dans les véhicules de MGS et de ServEquip avant d’être transférés vers les fourgons réfrigérés des deux poissonniers, Salim Bhugalee et Yassine Coowar, hors du terminal.
Arrêté en premier, Salim Bhugalee est passé aux aveux et a décidé de collaborer avec la police. Il a expliqué qu’il a livré les produits volés à Bella Amigo. Ce restaurant spécialisé dans les fruits de mer est la propriété des frères Galen et Indiren Parsuramen, qui gèrent aussi Le Rêve d’R, à Petit-Raffray. Le poissonnier a aussi incriminé Hang Fong On, plus connu comme Ah-Hang, le patron du Domaine Anna, à Flic-en-Flac. Les trois restaurateurs nient les faits.
Recherché depuis quinze jours, Yassine Coowar s’est constitué prisonnier mercredi et a promis de donner les noms d’au moins onze restaurants réputés, ainsi que des hôtels qui ont acheté ces produits à un prix défiant toute concurrence. À partir de lundi, un défilé de nouveaux suspects devrait donc avoir lieu à la CID du port.
Plusieurs entreprises internationales touchées
D’après les donnés de la MSC, le groupe d’hypermarchés français Casino, propriétaire de l’enseigne Jumbo, est la plus grande victime de ces vols. Quelques 3 500 cartons de viande de bœuf, de porc et de poulet ont été pillés dans quatre de ses conteneurs destinés à la France, Mayotte et La Réunion.
Mais ces conteneurs étaient vides lorsqu’ils sont arrivés à destination. Casino s’est rendu compte que les scellés apposés aux portes avaient été coupés de manière professionnelle avant d’être recollés. Casino a signalé l’affaire à la MSC qui a, à son tour, informé la police il y a deux semaines.
Rs 900 000 de légine
La MSC s’est aussi rendu compte qu’une société réunionnaise, la Copal Réunion SAS, n’avait que 1 608 cartons de crevettes surgelés sur les 2 143 qu’elle avait commandés de l’Inde. Une firme de Monaco, Unima Europe, a quant à elle perdu 107 cartons de crevettes sur les 1 842 embarqués à Majunga, à Madagascar.
La liste comprend aussi une société australienne basée à Sydney, la Poulos Bros Seafoods. Il lui manquait 265 cartons de fruits de mer sur les 600 que comptait son conteneur. Le reste était bon pour la poubelle, les voleurs ayant laissé la porte du conteneur ouverte.
La CID du port doit maintenant déterminer de quel conteneur provenaient les 700 kilos de légine valant Rs 900 000 saisis dans un «box» de l’entrepreneur Veeren Kistnensawmy dans les chambres froides de l’Agricultural Marketing Board. Le Central Criminal Investigation Department a restitué ce dossier précis à la CID du port après que l'homme d'affaires ait dénoncé le poissonnier Salim Bhugalee.
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