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Trail des Goyaves : Question de gestion !

11 avril 2012, 00:00

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Trail des Goyaves :  Question de gestion !

Vishal Ittoo a enregistré sa deuxième victoire dans la ligue 2012 en remportant samedi à Parakeet le Trail des Goyaves long de 25 km en 2h39.52. Il a explosé son ancien record qui était de 2h45. Laurence Goilot, quant à elle, poursuit son sans-faute en féminin. Elle aussi a amélioré son record qui est désormais de 3h35.35.

De Sainte-Anne à Parakeet, en passant par Piton de la Rivière-Noire, Plaine-Champagne, Pétrin et les Gorges, le Trail des Goyaves, quatrième rendez-vous de la saison, constituait l’épreuve la plus éprouvante courue jusqu’ici. Elle offrait une nouvelle plongée dans les vestiges de la forêt indigène, du temps jadis où la forêt de Le Bouton, qui s’étend du versant de Plaine-Champagne aux Gorges de la Rivière-Noire, était le sanctuaire des meilleures essences de notre forêt indigène.

De beaux tambalacoques, des bois colophane, des bois de natte, des bois de pomme, des bois clou, des bois d’ébène, des mangliers, et le très rare Tetrataxis Salicifolia se côtoyaient alors dans une même poussée vers le ciel. Mais touchée de plein fouet par le cyclone des 14 et 15 janvier 1945, cette belle forêt commença à dégénérer.

D’un peu plus haut, on pouvait voir dans les années 50 des arbres mourants ou morts. Le coup de grâce fut porté par le cyclone Carol les 25 et 29 février 1960. Ce sont les survivants vétustes et isolés de ce qui fut jadis l’empire des indigènes, partie aujourd’hui d’une forêt secondaire composée d’espèces exotiques qui ont annihilé leur régénération, qu’ont croisés les coureurs engagés dans cet effort monstrueux de 25 km comportant 2 500 mètres de dénivelé positif.

Gestion de l’effort longue durée, connaissance du parcours, et connaissance de soi et de ses limites étaient les trois clés de la réussite samedi. Le plus efficace dans ce registre a été Vishal Ittoo même s’il s’est surpris lui-même car sa huitième place (sur 700 participants) six jours plus tôt au trail Bassin Vital à La Réunion – 18,5 km en 1h38.20 – et l’énergie dépensée,
les jambes encore lourdes, le faisaient pencher plutôt pour un second rôle samedi.

Ittoo seul devant

Vishal Ittoo choisit de courir en cinquième position quand Simon Desvaux, Xavier Verny, Jeni Smith et Janot Fra progressent comme un seul homme vers Piton de la Rivière-Noire. Il rattrape Xavier Verny et Simon Desvaux au sommet de la montagne.

Desvaux et lui cheminent ensemble jusqu’à Trochetia. Là, Verny les rejoint. «Je recupère et Xavier et moi avançons ensemble jusqu’à Parakeet. Au bas, je lâche Verny et je poursuis seul», souligne le vainqueur.

Jeni Smith aussi a misé sur l’expérience et son choix s’est avéré payant comme en témoigne sa deuxième place en 2h49.50. «Nous étions quatre jusqu’à mi-chemin dans l’ascension de Piton. Simon était devant. J’ai dit à Xavier d’y aller s’il en était capable. Janot et moi sommes restés ensemble. Vishal nous a rattrapés et j’ai continué seul, j’ai géré. Puis j’ai vu Vishal, Xavier et Simon devant. Ils avaient 1’30 d’avance. Cela m’a donné du courage. J’ai doublé Simon dans le sentier Paille-en-Queue. Je suis revenu sur Xavier dans Parakeet. Je suis content de terminer deuxième car les adversaires étaient très forts», confie-t-il.

Le plus heureux samedi dans le registre de la gestion intelligente était sans conteste le vétéran 1 Yan de Maroussem qui a complété le podium en 2h08.20. Déçu de ses trois trails précédents, il avait choisi de «mettre de côté le travail de vitesse» pour se «concentrer» sur le plat et le vélo.

«J’avais les jambes légères ce matin (NdlR : samedi). J’ai bien géré, je n’ai jamais cassé mon rythme. Dans la partie roulante, j’ai trouvé un pas qui me convenait et j’ai doublé Boris de Chazal et Janot Fra avant d’entamer la descente de Zépol et de Fil, tranquille, sans faire le fou. Je suis arrivé en bas avec de bonnes jambes. J’ai vu Simon devant, visiblement fatigué. Je lui ai offert un gel et j’ai gravi Parakeet dans un excellent rythme. Avant le sommet, j’ai doublé Xavier facilement en l’encourageant», raconte-t-il. Son chrono de 2011 est explosé : il passe de 3h21 à 2h58.20, un gain de 23 minutes.

Xavier Verny, quatrième en 3h01.20, avoue avoir vécu «un des trails les plus durs» de sa jeune carrière. «Je n’avais plus d’énergie, je n’ai pas l’habitude de courir cette distance. Dans les Mares/Paille-en-Queue, c’était super rapide. Vishal était étonnant. Nous avons descendu Zépol et Fil ensemble. Mais au bas de Parakeet, dès la première montée, c’était fini. J’ai marché, j’avais faim, j’avais soif. C’était dur. J’ai géré pour monter. Jeni et Yan m’ont doublé. Cette course m’a permis d’apprendre de mes faiblesses», analyse-t-il.

Cette saison 2012 est décidément pleine de rebondissements côté masculin et contraste avec le règne sans partage de Laurence Goilot en féminin.

Robert DARGENT