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Transition à Madagascar : Retour à la case départ ?
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Transition à Madagascar : Retour à la case départ ?
Le pont semble définitivement coupé entre le président de la Transition et les trois mouvances. Après le sommet de Maputo III, Andry Rajoelina évoque une cohabitation difficile, voire impossible.
 
La mouvance Rajoelina laisse entendre la difficulté de cohabitation dans la gestion de la Transition. Ses membres se relayent pour préparer le terrain, allant dans ce sens. Les accords politiques signés par les mouvances politiques depuis le mois d''''août ne tiennent plus qu''à un fil.
«Le cas échéant, il se peut qu''on remplace le Premier ministre Eugène Mangalaza, qui se montre partial», a laissé entendre Augustin Andriamananoro, ministre des Télécommunications, des postes et des nouvelles technologies, hier sur la Radio nationale malagasy (RNM).
La déclaration du membre du gouvernement de la HAT met la puce à l''oreille quant à l''intention prêtée au régime de transition. Depuis quelques jours, les discussions concernant l''opportunité de la nomination d''un Premier ministre militaire vont bon train.
Un officier supérieur vient de donner du crédit à cette éventualité, confirmant la tenue de réunions des grands responsables des Forces armées depuis la fin de la semaine. La question de désignation d''un chef de gouvernement militaire figure justement à l''ordre du jour du rendez-vous à Andrefan'' Ambohijanahary, hier.
L''exécution du projet rendrait caducs tous les accords politiques signés par les quatre mouvances politiques depuis le mois d''août. Le limogeage d''Eugène Mangalaza à la tête du gouvernement de consensus symboliserait l''écroulement du processus consensuel et inclusif entre les quatre mouvances politiques.
Préparation psychologique
Interrogé sur l''éventuelle nomination d''un Premier ministre militaire, Andry Rajoelina a préféré esquiver la question au cours d''un point de presse, à son bureau à Ambohitsorohitra. Il a concentré ses interventions sur la justification de la difficulté de cohabitation avec les trois autres mouvances dans la gestion du pays. «Le geste des trois anciens présidents pourrait avoir des impacts incalculables pour l''avenir», a-t-il soufflé. Il laisse ainsi entendre un contexte le poussant à réagir.
Le président de la Transition a martelé le caractère «intolérable» et «provocateur» du geste des dirigeants des trois mouvances. Il prend comme exemple les résolutions prises à Maputo mardi et la lettre signée par les co-Présidents et Albert Zafy, demandant des mesures contre son accueil au Sommet des Nations unies sur le changement climatique à Copenhague. Dans son offensive sur le terrain médiatique pour une préparation psychologique de l''opinion, il laisse ainsi supposer des faits le poussant à réagir et à prendre des mesures.
Face à la campagne médiatique du régime de transition en place, les délégués des trois mouvances, bloqués à Maputo, apportent leur version des faits. «Il n''a jamais été question d''amender l''Acte additionnel, comme il n''a jamais été question de former un gouvernement», a rétorqué Ange Andrianarisoa, chef de délégation du camp Ratsiraka. «Nous avons fait un rappel sur le fonctionnement de l''Exécutif de la transition. Joaquim Chissano nous a ensuite invités à poursuivre la répartition des portefeuilles ministériels», a-t-il ajouté.
L''ancien président de l''Assemblée nationale soupçonne un acte prémédité derrière la manœuvre de Andry Rajoelina. «Il s''est préparé à ce qu''il fait en ce moment, bien avant le Sommet à Maputo», a-t-il suspecté.
Délégation de responsabilité
Andry Rajoelina, président de la Transition, évite de se prononcer sur les mesures qu''il va prendre dans les prochains jours, face aux résolutions adoptées par les trois mouvances à Maputo.
«J''incite les responsables à tous les niveaux à prendre des décisions», a soutenu le chef d''État, hier à Ambohitsorohitra. Il laisse entendre la caution qu''il apporte à l''interdiction de décollage de l''avion de la compagnie Air Madagascar devant chercher les délégations des trois mouvances dans la capitale mozambicaine, mardi.
Andry Rajoelina évite également de se prononcer sur l''existence de mandats d''arrêt contre les participants du Sommet de Maputo III qui devrait être une suite logique de ce qu''il dénonce comme un «coup d''État».
 
Iloniaina Alain
(Source : L’Express de Madagascar)
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