Une nouvelle mission de la SADC est attendue alors que le bloc économique régional semble encore cafouiller dans la résolution des questions cruciales. Le retour de l’ancien président Marc Ravalomanana, entre autres.

Faire du neuf avec du vieux. La Troïka, or¬gane de coopération de déve- ¬¬loppement de l’Afrique australe (SADC), envoie une nouvelle mission dans la Grande île, alors que des questions restent en suspens dans le processus de sortie de crise.

« L’équipe de la médiation fera une mission à Madagascar, du 9 au 13 octobre, en vue de mener des consultations avec le président de la Transition et les parties prenantes clés dans la mise en œuvre de la Feuille de route de Madagascar, avant les élections générales de mai 2013 », a indiqué un communiqué du Bureau de liaison de la SADC, hier.

Leonardo Simao, bras droit de l’ancien président mo¬zambicain Joacquim Chissano, au centre de l’éla¬boration de la Feuille de route, revient à la charge après le changement à la tête de la Troïka après le Sommet de la SADC à Maputo au mois d’août. L’on ne sait si la venue de la délégation qu’il conduit a un lien ou non avec la réunion de la Troïka à Dar-es-Salaam, dimanche et lundi, selon un communiqué de l’ambassade de l’Afrique du Sud.

Feuille de route bloquée

Le retour de Leonardo Simao illustre la lutte d’influence au sein de la SADC dans la gestion de la crise malgache, sans parler des démarches incompréhensibles comme la fausse interprétation des résolutions du Sommet des chefs d’État de Sandton.

L’équipe de Joaquim Chissano avait été reléguée au second plan depuis la signa- ture de la Feuille de route. L’ancien président mozambicain devait prendre part aux deux rencontres entre Andry Rajoelina, président de la transition, et l’ancien président Marc Ravaloma¬nana aux Seychelles aux mois de juillet et d’août, mais il n’en est rien, et ce, malgré la recommandation de la SADC.

Toujours est-il que l’application de la Feuille de route, fustigée par la mouvance Ratsiraka, est bloquée autour de la mise en œuvre des dispositions relatives au retour de l’ancien Président en exil en Afrique du Sud. Le Sommet de la SADC au mois d’août avait prévu une mission d’évaluation des risques concernant ce dossier, mais rien ne filtre encore des résultats de celle-ci, alors que le temps s’égrène avant les élections présidentielles du 8 mai 2013.

En filigrane, la communauté internationale, à commencer par la SADC, semble toujours tâtonner par rapport à l’épineuse question de candidature de Marc Ravalomanana et d’Andry Rajoelina. Certaines indiscrétions dans le milieu diplomatique laissent croire sur une hésitation entre un « et… et… », à savoir la candidature des deux principaux protagonistes à la crise, un choix qui respecte les valeurs démocratiques, et un « ni… ni… », pour éviter toute tension supplémentaire à la transition. Les positions inconciliables des principaux concer- nés n’arrangent pas l’affaire.

Le général Dolin Raso¬losoa, président du Conseil supérieur de la transition (CST), s’est déjà exprimé sur le blocage de la sortie de crise. Il exhorte la communauté internationale à « pren¬dre ses responsabilités », au lieu de tergiverser. De son côté, le professeur Raymond Ranjeva insiste sur une autre voie de sortie de crise « malga¬cho-malgache », en s’appuyant sur une disposition de la Charte des Nations unies pour dépasser le principe de subsidiarité pour régler la crise de manière pacifique.

Benja Urbain Andriantsi¬zehena, vice-président du Congrès, affirme que la mission ne devrait plus se focaliser sur la question relative au retour de l’ancien Prési¬dent. « Elle devrait se pencher sur le financement des élections. C’est un des engagements de la SADC et la commu¬nauté internationale, si l’on se réfère à la Feuille de route, alors qu’il n’en est rien pour le bloc économique régional jusqu’à maintenant », assure le secrétaire général adjoint de l’Union des démocrates et des républicains pour le changement (UDR-C), plate-forme de soutien à Andry Rajoelina.

Iloniaina Alain
Mardi 09 octobre 2012
(Source: www.lexpressmada.com)