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Triste culture
Il ne suffit pas, loin s’en faut, d’aligner ou d’annoncer de jeunes candidats. Il ne suffit pas non plus, hélas, de présenter 32 éléments féminins sur 90 candidats, voire de suggérer qu’on comptera plus de femmes que d’hommes sur ses listes. En dépit du rajeunissement et de la féminisation des effectifs appelés à constituer les équipes municipales, ceux qui continuent à imposer le ton des discours ne se privent pas de les pervertir.
À La Tour Kœnig, lundi, le leader du Remake 2000, sir Anerood Jugnauth déclare que la victoire de ses troupes qu’il entrevoit aura pour effet que «pou ena eleksion avan 2015». Depuis quand, dans une démocratie, une victoire de l’opposition à un scrutin municipal contraignait-elle la majorité à retourner aux urnes ? A plus forte raison dans une démocratie où les listes municipales pèsent moins de la moitié de l’ensemble des électeurs inscrits. En 2012, les cinq villes comptent, au total, 385 292 inscrits. En ne comptant pas le 27 649 électeurs de Rodrigues, Maurice-Island compte 875 356 inscrits pour ses 20 circonscriptions législatives.
Tous les votants potentiels des cinq villes ne choisiront pas les candidats du tandem Jugnauth-Bérenger. De surcroît, aux dernières municipales, à l’exception du premier arrondissement - plutôt rouge ! - de Vacoas-Phœnix dont le taux de participation atteignit 51,09%, aucun autre ne parvint à mobiliser plus d’un inscrit sur deux, le taux le plus bas étant noté dans le troisième arrondissement de Curepipe, avec 34,15% de participation.
Quelle pourrait être la légitimité de SAJ et de Bérenger pour réclamer des législatives anticipées ? Aucune. Mais même s’ils faisaient un tabac dans les cinq villes, recueillant 65% des suffrages exprimés, dans une élection où la participation serait de 85%, cette légitimité serait toujours nulle. On se fait élire aux municipales pour gérer des collectivités locales. C’est aux législatives qu’on prend le pouvoir, un point c’est tout.
Pas très encourageants, non plus, les propos de la majorité, dont ceux de Sik Yuen qui avoue ki li pa gagn lagam pour aider une administration d’une couleur politique autre que la sienne. Quelle honte ! On veut faire accepter à l’électeur que seuls les amis politiques du gouvernement central sont en mesure de gérer aisément les villes. Qu’en est-il du droit conféré par le suffage universel ? Sans doute écrasé entre favoritisme et copinage.
D’un bord à l’autre, triste culture politique.
 
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