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Tristesse et fierté
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai été envahi à la fois par une certaine fierté et une immense tristesse après avoir lu mon journal le matin du jeudi 27 décembre.  L’express avait barré sa une avec la photo de Pravind Jugnauth serrant ses filles dans ses bras peu avant son arrestation par les limiers de la Central Criminal Investigation Department. Une photo qui en dit long de la détresse du pot de terre contre le pot de fer.
 Comme de nombreux Mauriciens j’avais du mal à comprendre la célérité avec laquelle les enquêteurs ont réagi à une déposition consignée il y a moins d’une semaine par la ministre Sheila Bappoo contre le député de Quartier Militaire-Moka. Je n’ai aucune compétence légale pour me prononcer sur les subtilités du délit reproché à ce monsieur.  Mais il me semble, et je ne suis sans doute pas le seul à le penser, que dans l’exercice de ses fonctions la police n’applique pas toujours la même rigueur. Et cela m’a attristé.
Cependant, j’ai été à la fois fier d’être citoyen d’un Etat où la presse peut exercer en toute liberté. Qu’elle peut rendre compte en toute impartialité de ce qui se passe dans le pays, même lorsque les autorités risquent d’être prises à défaut. N’en déplaise à certains potentats d’un jour.  Je pense ici à cet ancien  ministre, en l’occurrence ce même Pravind Jugnauth, qui s’était cru autorisé, le 27 mai 2010, moins d’un mois après son installation aux Finances, de refouler des journalistes du groupe La Sentinelle à une de ses premières conférences de presse. A sa demande, un membre de la presse parlée de ce groupe avait même été expulsé manu militari. Et les responsables de La Sentinelle avaient eu à ferrailler dur pour que ce ministre soit rappelé à l’ordre et pour que les journalistes puissent continuer à exercer librement leur métier : celui de consigner l’actualité pour la postérité.
J’ose espérer que ce qui se passe ces jours-ci servent de leçons à ceux qui ne sont que de passage aux commandes des affaires de la République. Qu’ils se disent que malgré ses imperfections, la presse est une institution qui a fait ses preuves et qu’elle a surtout pour mission de se dresser en rempart contre les abus d’où qu’ils viennent. Que les politiques passent, mais que les institutions demeurent.
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