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Trois ministres turcs démissionnent sur fond de scandale
26 décembre 2013, 06:27
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Trois ministres turcs démissionnent sur fond de scandale
Trois ministres turcs ont démissionné mercredi, après l'arrestation la semaine dernière de leur fils dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption, qui tourne à l'épreuve de force entre le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, et la justice.
Immédiatement après l'annonce de sa démission, Erdogan Bayraktar, ministre de l'Environnement, a conseillé à Recep Tayyip Erdogan de quitter lui aussi ses fonctions, ce qui marque une contestation inédite du Premier ministre dans son propre camp.
"Pour le bien de cette nation et de ce pays, je crois que le Premier ministre devrait démissionner", a dit sur une chaîne de télévision Erdogan Bayraktar, dont le fils a brièvement été arrêté le 17 décembre, au début de l'enquête publique.
Ses collègues de l'Intérieur et de l'Economie, Muammer Guler et Zafer Caglayan, comptent eux aussi un fils chacun parmi les 24 personnes interpellées ce jour-là. Ils affirment l'un comme l'autre que leurs proches sont innocents.
Idris Naim Sahim, actuel député et prédécesseur de Muammer Guler au ministère de l'Intérieur, a, par ailleurs, annoncé mercredi son départ du Parti pour la justice et du développement (AKP), la formation islamiste et conservatrice de Recep Tayyip Erdogan.
Ce dernier a présenté dans la soirée au président Abdullah Gül une nouvelle liste de membres du gouvernement, a-t-on appris de sources politiques.
On ignore dans l'immédiat si le remaniement a concerné uniquement les trois postes vacants ou davantage de portefeuilles.
PLUS DE 500 LIMOGEAGES DE POLICIERS
L'enquête, qui implique en premier lieu le directeur général de la banque publique Halkbank, a fragilisé Recep Tayyip Erdogan. De nombreux observateurs lient l'agitation en cours à la rivalité entre le Premier ministre et un ancien allié, l'influent prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis.
Le Premier ministre a répliqué à la vague d'arrestations en limogeant plusieurs responsables de la police nationale, dont ceux de plusieurs services de la police d'Istanbul, où se trouve le siège d'Halkbank.
Selon le journal Hürriyet, au moins 550 policiers, dont de hauts gradés, ont été limogés la semaine dernière à travers le pays, par Muammer Guler.
Le gouvernement présente l'affaire comme une campagne orchestrée depuis l'étranger dans le but de semer la discorde en Turquie.
Lors d'un meeting de l'AKP, Recep Tayyip Erdogan a juré mercredi que la formation islamiste "ne sous-estime ou ne tolère pas la corruption", mais n'a pas réagi aux démissions.
"Si l'opposition rend un verdict dès le deuxième jour de l'enquête, à quoi bon avoir des juges ?", a-t-il demandé. "Si les médias prennent la décision, à quoi bon avoir de longues procédures de justice ?"
"Comment savoir à quoi est employé cet argent ?", a-t-il aussi dit en référence à des images, diffusées par des chaînes de télévision, de boîtes à chaussures remplies de billets et supposément saisies au domicile de suspects.
"MONTAGE SORDIDE"
Aux yeux des analystes politiques, l'enquête anti-corruption en cours et ses développements politiques pourraient nuire au soutien populaire dont bénéficie l'AKP, mais ne devrait pas menacer pour autant le gouvernement dans l'immédiat.
Ces affaires pourraient toutefois affecter les résultats des élections locales de mars. Les prochaines législatives doivent elles avoir lieu en 2015.
"J'ai démissionné de mon poste de ministre de l'Economie pour aider à la manifestation de la vérité et pour permettre de faire échouer cet horrible complot, qui a touché entre autres mon enfant et certains de mes plus proches collègues de travail", a expliqué Zafer Caglayan dans un communiqué.
Dans un communiqué distinct, Muammer Guler a qualifié l'affaire en cours de "montage sordide visant notre gouvernement, notre parti et notre pays".
Même si bon nombre d'investisseurs internationaux étant absents en ce jour de Noël, le principal indice de la Bourse turque perdait plus de 2% après les déclarations du ministre de l'Environnement en faveur de la démission de Recep Tayyip Erdogan. La livre, tombée vendredi à un plus bas historique de 2,0983 pour un dollar, restait à un bas niveau.
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