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Tunisie : Nouvelles manifestations dans les rues

21 janvier 2011, 00:00

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Tunisie : Nouvelles manifestations dans les rues

De nouvelles manifestations ont eu lieu, le jeudi 20 janvier, en Tunisie pour exiger la fin de l''''emprise du RCD, l''ancien parti au pouvoir, sur la vie politique, et la police a tiré en l''air à Tunis pour tenter de disperser la foule.

Lors du premier Conseil des ministres depuis la fuite du président Zine Ben Ali il y a six jours, le gouvernement d''union nationale a décidé de reconnaître l''ensemble des mouvements politiques interdits et de décréter une amnistie pour tous les prisonniers politiques.

"Nous sommes tombés d''accord pour une amnistie générale", a déclaré à Reuters le ministre de l''Education supérieure, Ahmed Ibrahim, chef d''un parti d''opposition qui a rallié le gouvernement.

"Il s''agit d''une réunion historique. Nous sommes tous en complet accord", a-t-il ajouté. Prié de dire si l''amnistie inclurait des membres emprisonnés du mouvement islamiste interdit Ennahda (Renaissance), il a répondu: "Oui, naturellement, tout le monde sera concerné par cette amnistie."

Quelques heures auparavant, plusieurs centaines de manifestants s''étaient rassemblés devant le siège du Rassemblement constitutionnel démocratique, jadis tout-puissant, dans le centre de Tunis. Retranchée derrière des barrières métalliques, la police a tiré en l''air pour tenter de les disperser, sans succès.

Les protestataires réclamaient que les ministres appartenant au RCD quittent le gouvernement transitoire.
Face à la pression de la rue, les autorités ont annoncé la dissolution du comité central du RCD et un ministre accusé d''être étroitement lié à l''ancien pouvoir, Zouheir M''Dhaffar, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Fonction publique, a présenté sa démission.

La télévision a également rapporté que les ministres RCD avaient renoncé à leurs fonctions au sein du parti, comme l''avaient déjà fait mardi le président par intérim, Fouad Mebazaa, et le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, mais qu''ils conservaient leurs portefeuilles ministériels.

Cette annonce n''a pas suffi à apaiser les exigences de la population et des ouvriers ont arraché la grande plaque du RCD apposée sur le siège du parti à Tunis.

Trois à quatre mille manifestants se sont également rassemblés à Gafsa, 350 km au sud de la capitale. Une autre manifestation a été signalée à Kef, à 180 km au sud-ouest de Tunis.

Le cabinet d''union nationale, dévoilé lundi, compte un nombre important de membres de l''ex-équipe dirigeante, ce qui a poussé quatre ministres issus de l''UGTT, le principal syndicat du pays, ou de l''opposition à démissionner 24 heures à peine après avoir été nommés.

S''exprimant mercredi soir à la télévision, Fouad Mebazaa a promis une "rupture totale avec le passé" et le gouvernement a annoncé la libération de tous les prisonniers politiques, islamistes compris.

Les nouvelles autorités traquent parallèlement les avoirs de l''ancien clan au pouvoir. Une banque appartenant à Sakher Materi, un gendre de Ben Ali, a été placée sous le contrôle de la banque centrale, a rapporté la télévision publique.
Trente-trois membres de la famille du président déchu ont été arrêtés mercredi en Tunisie pour crimes contre la nation. De l''or et des bijoux ont été saisis, rapporte la télévision qui en a montré les images.

Le ministre de l''Industrie et la Technologie, Mohamed Afif Chelbi, a affirmé que l''Etat récupérerait tous les avoirs appartenant à la famille Ben Ali. Il a ajouté que la politique d''ouverture aux investissements étrangers se poursuivrait et a annoncé un progressif retour à la normale des activités des entreprises étrangères en Tunisie.

L''Union européenne envisage pour sa part de geler les avoirs de Zine Ben Ali, une mesure déjà prise par certains Etats européens, a-t-on appris de source européenne à Bruxelles. La Suisse, qui ne fait pas partie de l''UE, a d''ores et déjà annoncé son intention de bloquer les avoirs de l''ancien président tandis que la France a indiqué qu''elle surveillait les avoirs bancaires mais aussi les biens immobiliers de sa famille et de son entourage.

Pillages et fusillades ont diminué ces derniers jours dans le pays.

Taoufik Ben Brik, un journaliste incarcéré six mois sous le régime de Ben Ali, a déclaré dans une interview à Reuters qu''il serait candidat à l''élection présidentielle anticipée prévue d''ici le mois de mars.

Reuters