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Un enregistrement pirate sur l'Ukraine embarrasse Washington
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Un enregistrement pirate sur l'Ukraine embarrasse Washington
La diffusion sur le site YouTube d'une conversation entre l'ambassadeur des Etats-Unis à Kiev et la secrétaire américaine d'Etat adjointe Victoria Nuland a plongé les Etats-Unis dans un certain embarras vis-à-vis des opposants ukrainiens comme de leurs alliés européens.
Le contenu de leur échange va également dans le sens des accusations de la Russie, qui affirme que les opposants ukrainiens en lutte depuis le mois de novembre sont manipulés par Washington.
L'enregistrement audio a été mis en ligne mardi mais il a fallu quarante-huit heures pour qu'il soit porté à la connaissance du plus grand nombre notamment par des relais sur Twitter.
On y entend Victoria Nuland et l'ambassadeur américain à Kiev Geoffrey Pyatt discuter des perspectives d'une transition politique en Ukraine et des mérites comparés des différents chefs de file de la contestation en vue de la composition d'un nouveau gouvernement.
Victoria Nuland déclare notamment qu'elle ne pense pas que Vitali Klitschko, ancien boxeur qui dirige le parti libéral Oudar, devrait entrer au gouvernement. «Je ne pense pas que cela soit nécessaire, je ne pense pas que ce soit une bonne idée», l'entend-on dire.
Evoquant un renforcement de l'unité des opposants, la secrétaire d'Etat adjointe plaide également pour que les Nations unies soient impliquées dans la recherche d'une solution à la crise ukrainienne. Et se lâche au passage contre l'Union européenne.
«Ce serait bien je pense de contribuer à rassembler, et d'amener l'Onu à contribuer à ce rassemblement et puis tu sais, que l'UE aille se faire foutre», dit-elle.
«Absolument», lui répond l'ambassadeur. «Et je pense que nous devons faire quelque chose pour maintenir cette cohésion parce que tu peux être sûre que si cela ne prend pas, les Russes s'activeront en coulisse pour le torpiller», ajoute-t-il.
Angela Merkel a jugé ces propos «totalement inacceptables», a dit sa porte-parole devant la presse, ce vendredi 7 février.
La chef du gouvernement allemand a également salué les efforts de médiation entrepris par Catherine Ashton, la porte-parole de la diplomatie européenne, pour aider au dialogue entre le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, et l'opposition.
A Paris, le ministère des Affaires étrangères note que les propos enregistrés ne sont pas «officiels» et précise ne pas avoir de commentaire à faire.
Au département américain d'Etat, on ne confirme pas le contenu de cet échange, mais on ne le dément pas non plus.
«Je n'ai pas dit que ce n'était pas authentique», a déclaré la porte-parole, Jen Psaki, qui a même indiqué que Nuland avait présenté des excuses aux partenaires européens de Washington.
Les conditions de l'enregistrement ne sont pas spécifiées. Au vu des événements décrits par Victoria Nuland et l'ambassadeur, on peut cependant estimer que leur conversation remonte aux derniers jours de janvier.
Dans un autre enregistrement, mis en ligne le même jour sur le même compte YouTube, on entend l'adjointe de Catherine Ashton déplorer les critiques américaines sur le peu d'enthousiasme des Européens à l'idée d'imposer des sanctions à l'Ukraine.
«Il est très ennuyeux que les Américains se répandent en critiques contre l'UE et disent que nous sommes trop mous», dit Helga Schmid à Jan Tombinski, représentant de l'UE en Ukraine.
La publication simultanée de ces deux enregistrements tombe particulièrement bien pour la Russie, qui a haussé le ton jeudi contre ce qu'elle qualifie d'ingérences occidentales en Ukraine.
Dans une interview publiée par le quotidien Kommersant Ukraine, Sergueï Glaziev, chargé au Kremlin des relations entre la Russie et l'Ukraine, accuse les Etats-Unis d'armer les "rebelles" ukrainiens.
Victoria Nuland a qualifié cette accusation de "pure fantaisie".
Ces divulgations sont d'autant plus gênantes pour les Etats-Unis que Victoria Nuland a été reçue jeudi par le président Ianoukovitch, qui s'est ensuite rendu à Sotchi où il devrait rencontrer Vladimir Poutine en marge de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver.
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