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Un monde d’illusions

6 septembre 2012, 00:00

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Un jour, espérons-le, la bigoterie s’effacera de l’espace public. Les bondieusards ne pratiqueront leur exhibitionnisme qu’entre les quatre murs de leurs maisons. Il n’y a pas ici une condamnation de ces croyants qui vivent leur foi en toute simplicité. Mais, un cri contre ceux qui en font une démonstration ostentatoire dans le domaine public. De ceux qui en usent comme un moyen de marchandage.

Rezistans ek Alternativ a eu gain de cause auprès de l’International Covenant on Civil and Political Rights des Nations unies, sur la question de la déclaration d’appartenance ethnique pour pouvoir se présenter aux élections à Maurice. Cependant, ce n’est pas une décision d’une instance internationale qui poussera les Mauriciens à changer d’attitude.

Dans ce pays, on s’arc-boute sur le passé.

Il y a eu un développement économique indéniable ces dernières décennies. Par contre, le culturel et le social se sont fi gés dans le temps.

L’esprit s’est cultivé, s’est enrichi, s’est intellectualisé…

Toutefois, les croyances restent primitives, tribales. Certes, l’homme a besoin de repères, d’un ancrage en termes de civilisation et de religiosité. Mais, cet homme-là n’est pas toujours libre dans sa tête.

Or, la liberté s’acquiert au prix d’une lutte d’émancipation. Faire sauter des barrières et des cloisonnements. Pour beaucoup, c’est un risque inutile, voire dangereux. A quoi s’accrocher si on est entièrement libre ? Où trouver des convictions dans le néant ? L’esprit libre est-il un esprit vide ? Les interrogations ne sont jamais un bon signe. Elles indiquent des tâtonnements.

On pourrait même dire une errance.

Pour cela, il faut avoir le courage d’avoir peur de se perdre. Remettre en question ses certitudes.

Néanmoins, à Maurice, on a fait le choix de s’appuyer et de se construire sur des certitudes même si certaines d’entre elles ne sont que des mirages. Tout le système politique et l’organisation sociale sont fondés sur des chimères. C’est généralement vrai que les illusions nourrissent les certitudes. C’est ainsi qu’entre humains, nous nous croisons et nous oblitérons jusqu’à l’existence des autres.

Parce que nous sommes si centrés sur notre propre être.

C’est paradoxal chez l’humain. Il est toujours convaincu qu’il se connaît. Il est tout autant sûr d’avoir toujours raison en tout. C’est un être manifestement bon. Et il n’a pas tort en cela. Au fond du pire criminel, on découvre toujours un fond humain bon. Parce qu’on peut tout s’expliquer. On peut tout se pardonner.

Sauf une chose, la bêtise, la médiocrité et l’entêtement. Vous voulez repérer cette catégorie de personnes ? C’est tout simple, elles se répètent continuellement dans une conversation.

La parole ne mène plus, dès lors, vers de nouvelles pensées. Ce n’est que le martèlement d’une pensée.

 

Nazim ESOOF