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Un suspect recherché pour la mort des journalistes de RFI

14 novembre 2013, 09:48

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Un suspect recherché pour la mort des journalistes de RFI

 

Baye Ag Bakabo, le Touareg soupçonné d'avoir mené à Kidal l'enlèvement de deux journalistes de RFI, finalement exécutés, est lié à Al Qaïda et fait l'objet d'intenses recherches, a déclaré mercredi le procureur de la République de Paris.
 
Les enquêteurs maliens et français tentent à présent d'identifier les trois autres ravisseurs présumés, notamment parmi les proches de Baye Ag Bakabo, a précisé François Molins lors d'une conférence de presse.
 
Le magistrat, qui s'est efforcé de faire la part du vrai et du faux dans les informations publiées jusqu'à présent par la presse, a précisé qu'aucun suspect n'avait été arrêté à ce jour, seuls des témoins ayant été interrogés.
 
Baye Ag Bakobo est l'utilisateur du pick-up qui a servi à l'enlèvement de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.
 
Les deux journalistes ont été tués le 2 novembre dernier à Kidal, dans le nord-est du Mali, alors qu'ils venaient d'interviewer un représentant des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).
 
Des combattants fidèles à Abdelkrim al Targui, qui commande une des brigades d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la région, ont revendiqué le 6 novembre le meurtre des deux journalistes en représailles aux "crimes perpétrés par la France et ses alliés onusiens, maliens et africains".
 
Baye Ag Bakobo a été identifié par des témoins alors qu'il circulait au volant du pick-up qui a servi à l'enlèvement et qu'il achetait 140 litres d'essence la veille ou l'avant-veille de l'enlèvement, a précisé le magistrat.
 
En outre, le Touareg a laissé à l'intérieur du véhicule que les ravisseurs ont abandonné en raison d'une panne de moteur après l'avoir fermé à clé une autorisation de circuler à son nom, délivrée par le haut commissariat de la région.
 
"Il est connu comme étant un trafiquant de stupéfiants, membre d'Aqmi, et pour avoir servi de guide à Aqmi, pour partir souvent dans des conditions mystérieuses dans le désert", a précisé François Molins.
 
CRITIQUES DU MLNA CONTRE LA FRANCE
 
Il a insisté sur le fait que Baye Ag Bakobo n'avait jamais été "interrogé ou signalisé" par les militaires français avant l'enlèvement mais qu'il était "a priori" lié à la katiba Al Ansar, dont le chef a revendiqué le double assassinat.
 
S'il était appréhendé par l'armée française, le suspect serait remis aux autorités maliennes conformément à l'accord déterminant le statut de la force Serval au Mali.
 
Pour expliquer le double meurtre, le magistrat a avancé deux hypothèses : une tentative de fuite des journalistes voulant profiter de la panne du pick-up, ou la crainte des ravisseurs d'être ralentis par les otages.
 
Les djihadistes se sont enfuis à pied et les corps des journalistes ont été retrouvé à une quarantaine de mètres du véhicule, a-t-il précisé.
 
Ghislaine Dupont a été touchée par trois balles, dont l'une a été mortelle au niveau de la poitrine, et Claude Verlon a été atteint de sept balles.
 
Dans le Monde daté de jeudi, Moussa ag Acharatoumane, un chef rebelle touareg, reproche aux militaires français d'avoir empêché ses hommes de poursuivre les ravisseurs.
 
"On aurait eu des chances de les rattraper (...) Nous pouvions empêcher cette tragédie", dit-il.  
 
François Molins affirme pour sa part que le MNLA a renoncé à poursuivre les ravisseurs de peur de voir ses hommes pris pour des terroristes par l'armée française que l'un de ses responsables venait d'alerter.
 
En revanche, un témoin a suivi un moment le pick-up à moto, ce qui a aidé l'armée française à retrouver le véhicule une heure après l'enlèvement à l'est de Kidal.
 
Le procureur a révélé que les djihadistes avaient envisagé d'enlever également le responsable du MNLA qui avait accordé l'interview mais qu'ils avaient reçu un ordre contraire.