L'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), émanation d'Al Qaïda en Irak et en Syrie, appelle à prendre pour cible les militants de la Coalition nationale syrienne (CNS), organisation de l'opposition reconnue par la communauté internationale.

Cette annonce est contenue dans un message audio du porte-parole de l'EIIL rendu public mardi soir, quelques heures après la proposition faite par le chef du Front al Nosra, l'un des principaux mouvements djihadistes de l'insurrection, d'un cessez-le-feu dans les combats entre rebelles en Syrie.

Dans son message, Abou Mohammed al Adnani appelle à «écraser» les combattants en lutte contre l'EIIL et «à étouffer la conspiration dans l'œuf».

Bien que le Front al Nosra et l'Etat islamique d'Irak fassent tous deux partie de la nébuleuse Al Qaïda, le premier concentre ses efforts sur le renversement de Bachar al Assad tandis que le second est plus préoccupé par l'instauration d'un Etat islamique.

Al Nosra collabore plus volontiers avec les autres mouvements rebelles et a évité les luttes de pouvoir. L'EIIL est en butte à des rivalités dans les régions sous contrôle des rebelles.

Le mouvement a été chassé mercredi par d'autres insurgés de sa base la plus importante à Alep, dans le Nord, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), organisation proche de l'opposition qui suit quotidiennement l'évolution du conflit.

L'EIIL est une émanation d'Al Qaïda en Irak mais a étendu ses activités à la Syrie, une évolution condamnée par la direction de l'organisation islamique qui a reconnu Al Nosra comme son représentant en territoire syrien.

Pour Adnani, les groupes islamistes sunnites opérant en Syrie se sont laissés entraîner dans une conspiration contre l'EIIL, cible la semaine passée de plusieurs attaques coordonnées dans le nord et l'est du pays après plusieurs mois de tensions croissantes.

Cette offensive était soutenue par le Conseil national syrien, principale organisation de l'opposition reconnue par les puissances occidentales et par les Etats du Golfe.

Dans son message, Adnani appelle ses militants à "arracher la tête" des dirigeants de la CNS et des groupes rebelles qui lui sont loyaux.

«Tuez-les sans pitié où qu'ils se trouvent. Ils ont lancé et commencé cette guerre contre nous», dit-il. «De fait, quiconque est membre de cette entité est une cible légitime pour nous, quel qu'il soit, à moins qu'il exprime publiquement son innocence à l'égard de cette secte et renonce à son combat contre les moudjahidines», ajoute-t-il.

L'authenticité de la déclaration n'a pas pu être établie bien que le contenu ait été repris sur les réseaux sociaux islamistes.

Depuis vendredi matin, les combats entre mouvements rebelles qui font rage dans les provinces d'Alep, de Rakka, d'Idlib et d'Hama ont fait 385 morts, selon l'OSDH.

Cinquante-six des victimes étaient des civils et neuf d'entre eux ont été exécutés par des combattants de l'EIIL. Les autres ont été tués par des balles perdues. L'EIIL lui-même a perdu 131 hommes, toujours selon l'OSDH, qui fait état de 191 morts dans les rangs des autres mouvements.

La base que l'EIIL a perdue est située près d'un hôpital pour enfants, précise l'Observatoire, qui dit ignorer le sort des centaines de combattants qui l'occupaient. Il ajoute que plusieurs dizaines de leurs prisonniers ont été libérés.