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Une nouvelle stratégie américaine : tuer Kadhafi comme Ben Laden?

10 mai 2011, 00:00

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Une nouvelle stratégie américaine : tuer Kadhafi comme Ben Laden?

Les dirigeants occidentaux pourraient préférer exécuter leurs adversaires plutôt que de se lancer dans une guerre longue à l''''issue incertaine, écrit Slate.fr ce mardi 10 mai, avant de rappeler que les obstacles sont nombreux.

Depuis plus d’une semaine, les polémiques vont bon train sur la violation de la souveraineté pakistanaise avec l’incursion du commando américain dans l’espace aérien de ce pays, sur le caractère légitime de l’exécution de l’ennemi hors du champ de bataille, sur la volonté évidente des dirigeants américains d’éviter le procès de tous les dangers: quel tribunal? quelle procédure judiciaire? quelle défense à quoi a droit tout accusé même soupçonné de la mort de milliers de personnes?

C’est un débat très européen qui n’a que peu d’échos aux Etats-Unis. D’abord les Américains ont été plus directement touchés par les crimes (ndlr : ou les crimes présumés) de Ben Laden que les Européens. Ensuite ils adhèrent spontanément à l’idée que si «justice a été faite», il s’agit d’une justice transcendant les règles procédurières. Comme l’écrit  Maureen Dowd, une chroniqueuse du New York Times: «Avoir tué le diable ne nous rend pas mauvais. Nous nous sentons de nouveau américains – intelligents et forts et capables de dénicher nos ennemis et de les frapper… Moralement et tactiquement, l’opération représente la quintessence du contreterrorisme. Nous n’avons aucune raison de nous excuser.»

Cette « victoire », dit-elle, a été obtenue sans que les Etats-Unis soient «piégés» dans des opérations militaires terrestres qui coûtent des milliards de dollars. C’est, si l’on comprend bien, la supériorité d’une opération de police sur une intervention armée. Les Etats-Unis seront-ils tentés de monter une telle opération contre Kadhafi? Une action ciblée contre le guide de la révolution libyenne serait plus «économique» alors que les frappes de la coalition dirigées contre son arsenal militaire ne semblent suffisantes ni pour donner aux insurgés un avantage décisif ni pour décourager (Kadhafi) de rester au pouvoir?

L’hypothèse est tentante mais il existe plusieurs obstacles à une élimination physique du colonel libyen. Un obstacle technique: il faut savoir avec précision où il se trouve.  Des obstacles juridiques: la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui est la base de l’intervention internationale en Libye ne prévoit pas explicitement la destitution, a fortiori l’élimination physique, de Mouammar Kadhafi.  Des obstacles politiques: le National Security Act de 1947 interdits aux services secrets américains d’assassiner des chefs d’Etat étrangers. Interdiction purement formelle certes, car elle a été violée à plusieurs reprises au cours des six dernières décennies.

Barack Obama est sans doute soucieux de restreindre les zones de non-droit, à l’exception des mesures qui lui ont permis de mettre hors d’état de nuire l’ennemi public numéro un de l’Amérique (Ben Laden). Kadhafi n’est pas officiellement dans la ligne de mire des Etats-Unis, mais si un drone le  trouvait  «par hasard».


Source : Daniel Vernet/ Slate.fr

 

 

Daniel Vernet/ Slate.fr