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Une vicieuse pratique

13 mars 2012, 00:00

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Siven Poinoosamy confi rme, dans une déclaration faite à notre confrère Michel Chui Chun Lam dans la présente édition de l’express (mardi 13 mars 2012), ce qu’il avait déjà affirmé sur les ondes des radios suite à la décoration qui lui est conférée par l’Etat mauricien. «Je remercie le Dr Navin Ramgoolam. J’ai une pensée spéciale pour sir Seewoosagur Ramgoolam… Je dédie cette décoration aux activistes travaillistes qui sont demeurés sincères au Parti travailliste», confie, à cet effet, celui qui se dit «un travailliste de naissance.» Que Siven Poinoosamy et d’autres affichent ainsi leur allégeance à leurs partis est quelque chose de légitime. Mais, est-ce à l’honneur de la République ?

Chaque année, quel que soit le pouvoir en place, des décorations sont octroyées à des agents politiques pour leur fi délité au parti. Chaque année, une reconnaissance par l’Etat devient une récompense accordée par un parti politique. Chaque année, nous perpétuons une tradition qui vide un peu plus de son sens la République. L’île Maurice ne change pas. Tout est une question de réseaux. Tout est une affaire de partisanerie politique. Des affidés et des hommes liges tournent continuellement autour de leurs leaders comme des individus qui ont renoncé à tout esprit critique.

Tout cela illustre bien le degré de médiocrité et de bêtise qu’on peut atteindre dans ce pays. Comment peut-on, dans un tel contexte, s’attendre à ce que les politiques se remettent en question ? Qu’ils renouvellent leurs pratiques ? L’heure de la réinvention du personnel politique n’est pas pour maintenant. Au contraire, l’entreprise d’abêtissement mutuel se poursuit allègrement. Tout le monde, sauf évidemment ces quelques exceptions qui confirment la règle, semble se complaire dans cet état des choses. Heureusement, d’ailleurs, qu’il y a ces quelques exceptions. Des femmes et des hommes qui tentent de sortir d’une pensée toute tracée. Certes, ils ne s’y prennent pas toujours de la bonne manière. Mais, ils tentent tout de même de démontrer qu’il y a d’autres voies que celles que nous empruntons quotidiennement sans nous poser de questions. La démarche devrait, précisément, prendre ce chemin des interrogations. Et ne pas se satisfaire des premières réponses obtenues. C’est ainsi qu’on avance dans la vie, qu’on sort hors du cadre. Il est vrai que ce n’est pas une voie aisée. Toutefois, on prend le pari de se réinventer.

C’est un objectif réalisable. Même s’il est également vrai qu’il y a un discours économique, politique et social qui cadenasse toute possibilité d’une émergence de nouvelles manières d’appréhender les choses. Au lieu de s’essuyer religieusement les pieds devant les portes des puissants, on aurait plus à gagner d’enfoncer les portes des idées reçues.