L’administration pénitentiaire est bien embarrassée. Alors qu’elle est censée brouiller les appels sur les téléphones portables de l’intérieur des murs de ses prisons, elle vient de faire une découverte stupéfi ante: au moins une vingtaine de détenus s’affi chent sur le réseau social Facebook, dont certains en «uniforme». Pire, ils sont même amis avec des gardiens ainsi que des repris de justice avec lesquels ils communiquent par chat...

Une fouille de grande envergure a été menée durant la semaine écoulée dans les différentes prisons.

Au total, 28 téléphones portables et 31 cartes SIM ont été saisis et sont actuellement soumis à une batterie de vérifi cations pour savoir qui a passé des appels ou envoyé des textos et qui sont les destinataires. «Ils ont été assez bêtes pour créer un profil avec leurs vrais noms. En sus, ils portaient l’uniforme de la prison», explique un haut gradé de la prison centrale.

C’est le service de renseignement de la prison qui a levé le lièvre en découvrant le profil de ces prisonniers pas comme les autres.

Ils faisaient état de leur séjour à l’ombre et même de leurs états d’âme.

Parmi les prisonniers les plus connus s’étant épanché sur Facebook figure le Français Matthieu Blondeau. Agé de 22 ans, il a été condamné en janvier dernier à 20 ans de prison pour avoir voulu faire entrer Rs 10 millions de comprimés de Subutex sur le territoire le 28 mars 2011. Il a été placé en quartier de haute sécurité et son portable a été saisi. Sur sa page, l’on retrouve une photo de lui dans sa cellule, les barreaux en arrière-plan...

NOUVEAU SYSTÈME DE BROUILLAGE

Il y a aussi Sheikh Shaheed Karamtally, ancien complice de l’assassin présumé du policier Bernard Rousselin, Selven Tandrayen.

Il a posté des photos de lui à la prison de Petit-Verger, à Pointe-aux-Sables, où il purge une peine pour avoir tué le trafiquant de drogue Steve Labonne à la prison de Grande-Rivière-Nord-Ouest en juillet 2005. Parmi ses amis sur Facebook, l’on retrouve l’ancien spécialiste du Subutex Sada Curpen.

L’administration pénitentiaire s’apprête à entendre des gardiens qui sont «amis» avec ces détenus.

Un nouveau système de brouillage devrait être installé dans les différentes prisons pour empêcher leurs pensionnaires d’avoir une vie virtuelle.