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Vasant Bunwaree, ministre de l''éducation et vice-président du parti travailliste « Je ressens un bonheur immense »

16 septembre 2012, 10:11

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C’était il y a pile 25 ans : Vasant Bunwaree prêtait serment comme député pour la première fois. Aujourd’hui, son fief de Mahébourg lui réserve une petite fête. Mais promis, en toute sobriété. Interview au Chamdor.

Le champagne est au frais ?

Du champagne ? Non, je ne bois pas.

Combien de caisses pour dimanche ?

Jamais d’alcool lors d’une fonction politique, et encore moins dans ma circonscription.

C’est bien simple : je n’ai jamais bu une goutte de ma vie.

Un homme qui a vécu à Bordeaux et qui prétend n’avoir jamais bu d’alcool est soit un extraterrestre, soit un menteur. A qui aije l’honneur ?

A un extraterrestre.

Avec 400 invités, il va en falloir du Chamdor. Grosse fiesta ?

Non. Notre Premier ministre passe par des moments difficiles, ce n’est pas le moment de faire la fête. Ce sera une commémoration, la grosse fête est reportée.

Le Premier ministre est si mal en point ?

( Ferme) Je n’ai pas envie de m’étendre sur sa santé.

Il est en convalescence, son état s’améliore, mais il ne sait pas précisément de quoi il souffre.

En parlant de souffrance, pourquoi n’avezvous jamais bougé de la circonscription• ° 12 []]] Mahébourg/ Plaine Magnien, ndlr ] ?

Pourquoi aurait- il fallu bouger ?

Tous les cardiologues vous le diront : la sédentarité favorise les maladies cardio- vasculaires...

( Rires) Je suis resté fi - dèle à Mahébourg car j’ai tout construit là- bas. Avant 1987, cette circonscription était dans un état pitoyable.

Je l’ai transformée, j’ai transformé ses habitants.

Avez- vous d’autres points communs avec Harry Potter ?

( Il fait mine de ne pas entendre) Sincèrement, je suis fi er d’avoir pu aider autant de gens. Attention, aider, ce n’est pas dire « oui » à tout ce que l’on vous demande.

Aider, c’est écouter, orienter, expliquer. Quand je regarde des photos de la circonscription il y a 25 ans, j’ai le sentiment d’avoir accompli une tâche herculéenne.

L’histoire d’Hercule débute en 1987 au MSM, au côté d’Anerood Jugnauth. Comment vous met- il le pied à l’étrier ?

C’est une longue histoire. A mon retour d’études, j’ai lancé le premier service de cardiologie du pays. A l’époque, je ne pensais pas à la politique.

J’aimais ça, mon père s’y intéressait, mais je ne m’y voyais pas avant 15 ou 20 ans. Mon métier a changé mes plans.

Comme cardiologue, je côtoyais des médecins au quotidien.

Et un jour, des collègues qui travaillaient dans le public m’ont demandé de présider un important syndicat. C’est dans ce cadre- là que j’ai rencontré SAJ.

Comment passez- vous de syndicaliste à candidat aux élections de 1987 ?

Le gouvernement d’Anerood Jugnauth avait interdit aux spécialistes de pratiquer dans le privé. Moi, je devais convaincre le Premier ministre de faire marche arrière. J’ai donc demandé à le rencontrer.

En vain. Puis, au début de l’année 1987, le gouvernement rejette les recommandations du PRB. Les syndicats montent au créneau et un énorme meeting se prépare à Rose- Hill. On me demande de prendre la parole ce jourlà, j’accepte. Deux jours après le meeting, Anerood Jugnauth me reçoit. Il me fait une offre, vous connaissez la suite... A l’époque, SAJ était au plus bas. La situation sociale du pays était catastrophique, le Premier ministre cherchait du sang neuf. C’est aussi l’époque des « Amsterdam Boys » , des députés de la• ° 12 avaient sauté suite à cette affaire. S’il n’y avait pas eu tout ça, je ne serais jamais entré en politique.

Des passeurs de drogue ont lancé votre carrière, c’est original...

Je n’ai pas envie de le dire comme ça.

Pourquoi ?

Parce que ça me fait mal.

En septembre 1987, vous entrez donc au Parlement. Depuis, une seule personne a réussi à vous en déloger…

Ivan Collendaveloo, aux élections de 2000. Je sors quatrième, ça s’est joué à 33 voix. Avec le recul, je me dis que mon poste de ministre des Finances []]] de septembre 1996 à novembre 2000, ndlr ] m’a coûté cette élection. Peu de temps avant, j’avais remis de l’ordre chez les bookmakers, une mesure pas très populaire.

Douloureuse, cette défaite ?

Au contraire ! J’ai repris la cardiologie, ma passion. Je suis même retourné à l’école à Bordeaux pour mettre à jour mes connaissances. Et puis, j’ai assumé le secrétariat général du Parti travailliste, j’ai modernisé le parti.

Ces années- là m’ont fait beaucoup de bien.

Un papa maître d’école, six frères et soeurs, c’était comment chez les Bunwaree ? Plutôt « Petite maison dans la prairie » ou « Autant en emporte le rotin bazar » ?

Il y avait des deux, mais davantage de prairies que de rotins.

Directeur de collège à 20 ans, médecin à 30, député à 40 et ministre à 50. Quelles sont vos plus belles années ?

Les premières restent les plus belles. A 19 ans, je dirigeais le collège « Idéal » de Rivière- du- Rempart. Je sortais à peine du collège Royal de Port- Louis, j’étais encore mineur et entre mes mains, j’avais l’avenir de centaines d’élèves, dont certains bien plus âgés que moi. Ce fut une expérience extraordinaire.

Ces années- là m’ont forgé.

Aujourd’hui, quand le réveil sonne le mardi matin pour aller au Parlement, vous ne vous dites jamais qu’il est temps de passer la main ? []]] Il a 65 ans, ndlr ]

Si, parfois. Le problème, c’est qu’on ne passe pas la main comme ça en politique.

A qui, d’abord ? Et puis, il y a encore tellement de choses à faire pour améliorer la vie des Mauriciens. C’est parfois frustrant.

Qu’est- ce qui vous laisse un goût d’inachevé ?

Le système de santé. Je suis entré en politique avec la ferme intention de l’améliorer

Et…

Jusqu’à aujourd’hui je n’ai pas réussi.

En début d’année, vous disiez avoir « une mission très importante au sein du Parti travailliste : travailler à la succession d’une génération » . Ça avance ?

L’idée avance, mais la relève est fuyante.

Une petite annonce, vous avez essayé ? C’est le moment…

Je cherche des jeunes qui s’intéressent à la vie politique, pas forcément au Parti travailliste, des jeunes qui ont des valeurs. Je cherche… des jeunes Bunwaree !

Et le job, c’est quoi précisément ?

A la suite de ce travail, un leader devra émerger.

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