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Venez donc au Capitole

12 mai 2013, 11:59

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Mercredi dernier, en Tunisie, une séance a dû être renvoyée par la présidence de l’Assemblée nationale constituante. Des 217 députés qu’elle comprend, 162 étaient absents.

 

 

Mais la démarche était politique, ces élus exprimaient leur désapprobation quant à un projet de loi en vue de combattre le terrorisme. En Australie, dans le Queensland, la pression sur le député Scott Driscoll se fait de plus en plus forte, l’opinion lui suggérant de démissionner, cela en raison de ses absences successives du Parlement de l’Etat. Le 8 avril dernier, à l’Assemblée nationale française, les nouvelles dispositions concernant les licenciements à caractère économique ont été adoptées par 29 voix pour, huit parlementaires votant contre, soit un total de 37 députés présents sur un hémicycle de 577 élus. On le voit, l’absentéisme parlementaire est un fléau mondialisé. Reste que ce qui s’est passé à Maurice, mardi dernier, ce manque de voix pour la mise aux votes parce que les absents pensaient qu’une majorité simple suffi rait, cela atteint des sommets, nous offrant un moment shakespearien. Du moins tel que le défi nit Victor Hugo : « Le drame, qui fond sous un même souffle le grotesque et le sublime, le terrible et le bouffon, la tragédie et la comédie. »

 



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What, urge you your petitions in the street ? Come to the Capitol…
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Sans doute nous faut-il accepter un certain nombre de mesures coûteuses pour permettre à notre Assemblée nationale d’être à la hauteur des meilleures traditions parlementaires du Commonwealth. Un élu doit-il abandonner son emploi pendant la durée de son mandat ? Ce serait fort souhaitable. Indépendamment du temps – destiné à ses mandants et au travail parlementaire – qu’est susceptible de requérir une activité professionnelle parallèle, cette dernière menace de placer l’élu, au moins parfois, en situation de conflit d’intérêts. Nous ne pouvons espérer indemniser nos députés au niveau de ceux de Singapour, à pas loin de 170 000 US dollars par an. Mais même si une réforme du système électoral devait nous donner 100 députés, même s’il fallait leur payer Rs 200 000 par mois, 240 millions par an pour la qualité de la démocratie, ce ne serait pas cher payé. Etant entendu que les honorables élus auraient alors un certain nombre d’obligations supplémentaires.

 





Comme nous avons un Public Accounts Committee, nous pourrions avoir un Public Appointments Examining Committee présidé, lui aussi, par un membre de l’opposition. Il aurait pour responsabilité d’entendre les nominés politiques désignés pour divers postes, des corps paraétatiques aux ambassades, afin de s’assurer que ces personnes, bien que ne venant pas de la haute fonction publique, sont en mesure d’assumer les fonctions qui leur sont confiées. Sans pour autant d’obstruction permanente, ce comité serait habilité à faire valoir ses réserves au gouvernement. Pour la plus grande transparence, les auditions du comité, comme les séances parlementaires, seraient ouvertes au public.

 

Les comités parlementaires qu’un pays choisit d’instituer donnent une claire indication de ses valeurs et des ses priorités. Intéressant de noter qu’en Grande-Bretagne, les questions liées à la culture et au sport sont addressed par le Culture, Media and Sports Committee de la Chambre des communes. Imitons encore Westminster et n’hésitons pas à avoir un Energy and Climate Change Committee. Un Health and Hospitals Committee de même qu’un Human Rights Committee, auquel on adjoindrait volontiers un Equal Opportunities Committee et un Freedom of Information Committee, cela devrait tenir utilement occupés nos députés ne faisant pas partie de l’exécutif.

 



Il va sans dire que, pour des responsabilités pareilles, à ce niveau d’indemnisation, les leaders des partis politiques sauront enfin s’y prendre pour qu’à leur départ on les acclame comme Alex Ferguson. Pour la rigueur de la sélection.