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Vinod Persunoo, président de la MFA: «Je suis victime de chantage, de harcèlement et d’un piège»

16 mai 2013, 08:37

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Vinod Persunoo, président de la MFA: «Je suis victime de chantage, de harcèlement et d’un piège»

 

Dans le scandale des matches truqués en deuxième division divulgué par le président de Stanley United, Anzal Hosenbocus, le président de la Mauritius Football Association (MFA), principal incriminé, se dit surpris de ces accusations gratuites. Dans l’entretien qu’il nous accorde, Vinod Persunoo relate être victime de chantage, de harcèlement et d’un piège dans cette affaire qui met en émoi le football mauricien.

 

Le président de Stanley United vous accuse publiquement d’avoir truqué des matches de la deuxième division au détriment de son équipe. Qu’en est-il exactement ?

Je suis le premier surpris de ces allégations gratuites. Je découvre, comme tout le monde, que ces accusations ont été balancées sur la place publique depuis mardi dernier. J’ai pris connaissance de ce que je considère comme des dénonciations sans preuve. Je prendrai, personnellement, les actions qui s’imposent, après consultations avec mes hommes de loi, car il m’a, entre autres, enregistré à mon insu.

 

Ne tergiversons pas. Avez-vous déjà truqué des matches depuis que vous êtes à la tête de la fédération ?

Jamais ! Que ce soit dans le passé ou récemment, je n’ai, à aucun moment, interféré auprès des clubs pour arranger des matches. Ce n’est pas dans mes habitudes. Ce n’est, d’ailleurs, pas moi qui suis responsable de l’élaboration du calendrier ou encore du choix des arbitres. Dans ce cas précis, le président de Stanley United veut faire croire à une cabale, montée par moi contre lui, pour faire reléguer son équipe, alors que je n’étais pas au pays en cette fin de championnat. Je suis rentré du Maroc il y a deux semaines environ après y avoir passé une vingtaine de jours là-bas.

 

Vous n’êtes pas sans savoir, quand même, que les accusations ne se basent pas que sur des racontars…

En effet, j’en suis pleinement conscient. Il faut, plutôt, se questionner sur les motivations de l’autre partie. J’ai été piégé dans toute cette affaire. Je plaide ma bonne foi, auprès de ceux qui me connaissent. Je suis victime de chantage, de harcèlement et d’une cabale bien orchestrée contre ma personne avec l’intention de nuire à mon image, dans le seul but de renverser le pouvoir au niveau de la fédération.

 

Venons-en aux faits tangibles. Il y a tout de même un enregistrement accablant dans lequel on vous entend clairement évoquer des arrangements dans au moins deux matches de la dernière journée du championnat de la deuxième division.

Quitte à me répéter, ce n’est qu’une plaisanterie de ma part. On en fait bizarrement tout un plat d’une blague. Il faut connaître le contexte des choses. Les tenants et aboutissants sont importants dans cette affaire. A force de se faire harceler, on finit par dire des choses pour faire plaisir à l’autre, afin d’en finir et de l’envoyer balader. Voilà ce qui s’est produit exactement. Je n’ai rien à me reprocher dans cette affaire et j’ai la conscience tranquille.

 

Toujours est-il qu’on vous entend parler avec assurance dans cette conversation téléphonique de La Cure Waves qui ne gagnera pas et de la manière que devait se jouer le match de votre équipe, Mahébourg Quartier contre celle de votre dénonciateur, Stanley United…

Il faut voir les choses dans leurs perspectives. Mon équipe n’avait rien à gagner ni à perdre dans ce championnat. La relégation ne se jouait pas que sur cette rencontre, car ça dépendait aussi des résultats des autres matches de ce même jour. A l’heure où j’appelle le président de Stanley United, je connaissais déjà les résultats des autres rencontres et La Cure Waves menait au score contre Upper-Vale Starlight. Mon équipe se faisait battre par Stanley United en même temps que l’USBBRH faisait match nul contre La Cure Sylvester. Dans un tel scénario, mon équipe pouvait avoir sa promotion, d’où cette blague avec le président de Stanley United.

                                     

Ça suppose que vous connaissez bien le président de Stanley United pour plaisanter de la sorte avec lui sur une affaire aussi sérieuse.

Bien entendu que je le connais très bien. Tout comme, tous les représentants de clubs affiliés à la MFA. On s’est rencontré plusieurs fois. Il m’a sollicité de sorte à ce que cela devienne du harcèlement. Il y a même eu des menaces. J’ai dû prendre, personnellement, des dispositions auprès de la police pour renforcer la sécurité autour du match Mahébourg Quartier- Stanley United. Cela veut tout dire, et cela peut se confirmer auprès de la police.

 

Ne pensez-vous pas que c’est une plaisanterie déplacée vu le contexte et votre statut de président de la MFA ?

Honnêtement, je concède, avec du recul maintenant, que c’est une blague dont je devais m’abstenir. Dommage que mon interlocuteur l’a prise au sérieux.

 

Plaisanterie ou pas, il semblerait qu’il y aurait d’autres enregistrements téléphoniques encore plus compromettants à votre encontre. Le confirmez-vous ?

A ma connaissance non. Je n’ai conversé avec le président de Stanley United que samedi, pendant le déroulement des matches. J’avoue que je l’avais appelé. Ce même jour dans la soirée et le lendemain, c’est lui qui m’a téléphoné pour me faire du chantage et exercer des pressions pour que je change les règles de relégation. A un moment donné, j’ai coupé court. Si maintenant, il m’a enregistré encore sans que je le sache, c’est à lui qu’il faudrait le demander. A ce propos, sa démarche est illégale et mes hommes de lois travaillent dessus.

 

Vous parlez sans cesse de chantage, de harcèlement et de piège. De quoi en est-il exactement ?

Le président de Stanley United est venu à maintes reprises me voir sans compter ses nombreux appels téléphoniques pour faire pression sur moi, en ma capacité de président de la fédération, pour que je modifie les règles de la compétition concernant la relégation en cette fin de championnat. Ça peut se vérifier à travers mes relevés téléphoniques ou encore sur mon lieu de travail à Réduit. Il y a eu des pressions insoutenables, mais j’ai résisté à ses exigences. Voilà pourquoi il m’a piégé. Si j’avais accepté ses requêtes et si son club n’avait pas été relégué, il n’y aurait pas eu tout cette histoire farfelue.

 

Comment accueillez-vous la décision de votre comité directeur d’instituer une commission d’enquête et votre maintien à votre poste en attendant les conclusions ?

Je salue la démarche de mes camarades au sein du comité qui ont pris une sage et juste décision. Je leur remercie de maintenir leur confiance en moi. Je suis disposé à faire triompher la vérité à ce sujet. Le comité indépendant est fort louable et permettra à tous les principaux protagonistes de cette affaire à venir déposer. La vérité éclatera au grand jour.

 

Avez-vous songé à démissionner de votre poste de président ?

Je ne vois pas les raisons qui devraient me pousser à partir. Il y a un comité directeur qui peut me pousser vers la sortie. Au contraire, il me garde en poste jusqu’à la fin de l’enquête indépendante. Je suis serein et je n’ai rien à me reprocher si ce n’est que je me suis fait piéger bêtement à  force d’être un président de proximité.

 

Compte tenu de l’ampleur que prend ce scandale, est-ce que la Fifa est déjà avisée ou sera informée de la situation ?

A ce jour, il n’y a aucune raison d’informer la Fifa de cette affaire. Il n’y a rien d’officiel. Ce sont juste des allégations et des accusations gratuites et sans fondement de la part d’un président de club. La fédération verra l’évolution de la chose et si besoin est, la Fifa sera alertée.

 

N’empêche, c’est une affaire épineuse et incongrue, de surcroît à la veille du congrès de la Fifa.

Il est clair que c’est une histoire qui n’a pas sa raison d’être et qui ne devrait pas surgir à quelques jours de l’organisation du Congrès chez nous. Les motivations des uns ne sont pas les mêmes pour les autres. Certains doivent savoir de quoi je parle. Effectivement, ça tombe mal, car il ne faut pas oublier que Maurice jouit d’une bonne réputation auprès de la Fifa. Et là, je suis honoré du sens de responsabilité du comité directeur de la fédération, qui a préféré ne pas provoquer des remous à l’approche de la tenue du Congrès.

 

Forcément, cette affaire n’est pas prête d’être close. A quoi peut-on s’attendre, dans les prochains jours, car certains prévoient d’autres rebondissements et révélations chocs ?

De la part de mes adversaires, je m’attends à toutes sortes de coups bas désormais. Je suis, d’ailleurs, prêt à toutes les éventualités. De mon côté, avec mes hommes de loi, on décidera de la marche à suivre dans les jours à venir. S’il s’avère nécessaire, une action légale sera prise.