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A voir : De Gainsbourg à Gainsbarre
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A voir : De Gainsbourg à Gainsbarre
Le poète maudit, mal rasé, ivre, a suscité autant d’admiration que de dégoût. Serge Gainsbourg s’est forgé, à coups de vers et d’actions provocateurs, sa réputation de «Gainsbarre». Cette icône de la rébellion a inspiré Joann Sfar qui a réalisé le biopic musical, Gainsbourg (vie héroïque), projeté à partir d’aujourd’hui (mercredi 3 mars) au cinéma Star.
Lucien Ginzburg, dit Serge Gainsbourg, naît le 2 avril 1928 accompagné de Lilianne, sa soeur jumelle. Ce fils d’immigrants russes juifs a connu des débuts difficiles. Les années de guerre obligent la famille Ginzburg à quitter Paris pour trouver refuge en province. La paix retrouvée, le jeune Serge, alors âgé de 17 ans, regagne la capitale et s’inscrit à l’école des Beaux-Arts après avoir arrêté ses études secondaires juste avant le bac. Mauvais élève, il abandonnera les cours pour faire son service militaire où il sera souvent envoyé au trou pour insoumission.
Certains jeunes Mauriciens s’identifient à ce personnage controversé, à l’instar de Joel Cléopatre, 20 ans, étudiant en communication à l’institut Charles Telfair. «Gainsbourg a eu une vie difficile mais l’histoire retiendra son vécu. J’écoute tous les jours ses chansons sur Youtube.» L’influence du chanteur sur le jeune homme s’étend au-delà de la simple écoute : « Quand j’ai à aborder des femmes, j’utilise souvent les paroles de Gainsbourg. Ses textes sont très forts.»
Adulé ou méprisé, Gainsbourg ne laisse personne insensible. «Je trouve qu’il a souvent dépassé les limites. Il était fréquemment vulgaire mais Gainsbourg était un artiste à part entière. Je reconnais la qualité de ses textes. J’ai même interprété une de ses chansons lors du concert en compagnie de Jean Michel Ringadoo samedi dernier», confi e la jeune chanteuse, Emilie Pascal.
Personnage indomptable, Serge Gainsbourg a toujours été un homme à femmes. Parmi celles qui sont tombées sous son charme, fi gurent Elisabeth Levitsky, une aristocrate, Françoise-Antoinette Pancrazzi, Brigitte Bardot, Jane Birkin et Bambou, un jeune mannequin. A Brigitte Bardot, il dédia les chansons Initials B.B, Harley Davidson et Bonnie and Clyde. Jane Birkin dira après leur divorce : «J’ai beaucoup aimé Gainsbourg, mais j’avais peur de Gainsbarre.» Il eut plusieurs enfants dont Natacha, de Françoise-Antoinette Pancrazzi, Charlotte, fille de Jane Birkin, et Lucien dit Lulu, progéniture de Bambou. Serge Gainsbourg sort son premier disque, Le poinçonneur des lilas en 1958. Ce fut un échec commercial. Gainsbourg Confidentiel ne se vendra, lui, qu’à 1500 exemplaires. Il faudra attendre Gainsbourg Percussions pour que Serge fasse fortune. Le chanteur imprimera d’une façon indélébile sa marque grâce à ses textes. Habile dans le jeu des mots, il abonde dans le double sens. Ainsi, les allusions érotiques des Sucettes éveillent-elles les passions dans la bouche d’une France Gall âgée d’à peine 18 ans. Gainsbourg va encore plus loin avec Je t’aime, moi non plus, tube planétaire interprété par Jane Birkin. Il fl irtera avec le tabou de l’inceste sur Lemon Incest avec sa fi lle, Charlotte. Il atteindra enfi n les sommets de la provocation avec Love on the beat.
Malgré une crise cardiaque, Serge Gainsbourg augmentera sa consommation d’alcool et de cigarettes. Son train de vie aura finalement raison de lui : une cinquième crise cardiaque l’emportera à l’âge de 63 ans.
Aujourd’hui, sa tombe au cimetière  Montparnasse est vénérée. Ce genre d’homme ne meurt jamais.
Michel ALPHONSE
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