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Winning formula

3 février 2013, 00:00

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De la bienséance à la bienveillance, du respect des sentiments d’autrui à la décence, en passant par la charité, il ne manque pas de raisons pour souhaiter une prompte et pleine guérison à Paul Bérenger. En y ajoutant le bon goût, ce sont ces mêmes motifs qui nous invitent à ne pas trop vite exclure le premier député de Stanley- Rose- Hill de l’équation de pouvoir. A tout le moins de l’énoncé optimiste de la prochaine winning formula . Reste que le diagnostic des médecins du leader mauve aura au moins rappelé aux partis politiques, tous autant qu’ils sont, à quels risques ils s’exposent en étant trop tributaires du charisme d’un seul homme, en ne disposant pas de quelques substituts plausibles dans l’entourage des leaders. Quel que soit le degré d’énergie que Paul Bérenger est susceptible de recouvrer dans trois à quatre mois, et on peut souhaiter qu’il retrouve toutes ses forces, notre démocratie ne peut se dispenser de réfléchir à neuf à la question du leadership de ses formations.

Contrairement à Gaëtan Duval et à Anerood Jugnauth qui ont mis en selle leurs enfants, Paul Bérenger a ceci de commun avec sir Seewoosagur Ramgoolam qu’il n’a jamais tenté de parrainer, d’une manière ou d’une autre, l’entrée de son fils en politique.

S’il y a beaucoup de choses qu’on peut lui reprocher, dont son conservatisme social, en revanche, en matière de stratégie dynastique, ou plutôt de refus de cette dernière, le leader du MMM a été irréprochable. Si son fils doit s’engager en politique, et cela n’est pas interdit à ce citoyen mauricien, ce sera, croit- on comprendre, en passant par les étapes imposées à un militant ordinaire.

D’autres au MMM, toutefois, davantage convertis au duvalo- jugnauthisme en la matière, seraient disposés à immédiatement dérouler le tapis mauve pour Emmanuel Bérenger, s’aventurant même à le dire en public. En semblant ignorer que si le parti du coaltar se livrait, lui aussi, à l’adoubement de son « Prince de Galles » , ce serait trahir tant de propos lancés entre Edward VII et Bar Chacha.

Rahul Gandhi sera, sans aucun doute, un jour, Premier ministre de l’Inde.

En 2004 et 2009, années électorales dans son pays, il sut qu’il était encore trop neuf pour s’imposer à la tête du gouvernement. En 2014, on peut penser qu’il mènera la bataille mais il est susceptible de buter sur l’obstacle Narendra Modi. Si le BJP l’emportait dans deux ans, c’est en 2019, à 49 ans, voire en 2024, à 54 ans, que l’héritier de la dynastie Nehru- Gandhi serait en mesure de succéder à son arrière grand- père, sa grand- mère et son père.

Si Emmanuel Bérenger devait un jour prendre la tête du MMM, accordons- lui d’avoir au moins eu 50 ans avant cela.
Ceux qui suggèrent que c’est le fi ls de Paul Bérenger qui devrait prendre la relève de ce dernier à la tête de son parti ne nous disent pas forcément que le jeune homme est le plus apte, le plus charismatique ou le plus à même de redynamiser cette formation assoupie. Au fond, tout en se dispensant des risques de l’explicite, ce propos dit sans le dire que le dernier noyau dur de l’électorat MMM s’attend à ce que son prochain leader soit de la population générale. Or, c’est à ce point, sans doute, que le parti mauve serait capable, il faut l’espérer, de faire évoluer la culture politique à Maurice.

Nous pouvons avoir au moins deux partis nationaux. Imaginez un bureau politique dont les membres seraient choisis pour leur compétence et non leur représentativité ethnique.

Imaginez un leader mauve qui s’appellerait Aadil Ameer Meea, Kee Cheong Li Kwong Wing, Satish Boolell ou Françoise Labelle. Choisis pour des questions d’image, de crédibilité et de charisme. Avec obligation semblable chez les rouges.