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Yacoob Ramtoola : «L’investissement en Afrique, à hauts risques sans un accompagnement professionnel»

18 avril 2012, 09:23

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Le Group Managing Partner de BDO parle des perspectives offertes aux compagnies mauriciennes qui veulent investir en Afrique

. Les investissements mauriciens en Afrique restent- ils assez timides ?

C’est maintenant qu’il y a une prise de conscience de la part des entreprises mauriciennes à songer plus sérieusement à l’Afrique.

Il y a eu en effet plusieurs success stories, notamment TPC Sugar en Tanzanie, CIEL Textile à Madagascar, Innodis au Mozambique ou encore Food and Allied industries Ltd à Madagascar, mais cela requiert beaucoup de temps et d’efforts. C’est un plan à long terme qui nécessite un investissement important afin qu’en découlent des résultats significatifs.

. Est- ce que Maurice est en retard pour investir en Afrique ?

Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il n’y a aucun prix à gagner à être le premier à conquérir ce marché bien que les difficultés rencontrées par certaines industries pour se frayer un accès soient plus élevées aujourd’hui qu’il y a cinq ans.

Car nous faisons face à la concurrence d’entreprises indiennes et chinoises qui ont plus de moyens financiers et qui ont fait monter les enchères. Nous avons l’expertise dans des industries variées qui sont toujours très pertinentes pour le marché africain.

.Il y a donc des opportunités ?

Nous devons activement rechercher ces opportunités et les saisir dès que possible.

Nous avons nous- mêmes aidé une Mauricienne à s’implanter en Tanzanie. Nous avons contribué à la réalisation du joint- venture entre I & M, une banque kenyanne, et CIEL dans la création de Bank One à Maurice.

. Mais certaines sociétés mauriciennes ont eu de mauvaises expériences en Afrique ?

Il existe des pays qui ont des affinités culturelles avec le Moyen- Orient, des pays enclavés, d’autres qui détiennent de riches ressources naturelles, alors que d’autres sont en guerre. Vous devez analyser soigneusement quel pays cibler, dans quelle industrie investir, quel marché occuper, quel partenaire stratégique choisir, et regarder quel pays bénéficie d’un cadre favorable aux entreprises.

. De quoi a- t- on besoin au juste ?

Tout ce dont vous avez besoin, c’est une bonne stratégie proposée par des professionnels.

Nous pouvons aider les entreprises à identifier les risques en les évaluant et en les orientant, car l’investissement en l’Afrique peut être à hauts risques sans un accompagnement professionnel.

. Mais avec les problèmes concernant le traité de non- double imposition avec l’Inde par exemple, comment l’Afrique peut nous aider ?

Nous ne pouvons pas reproduire les success stories réalisées en Inde pour les appliquer en Afrique. Il est important d’avoir le traité de non- double imposition avec les pays africains afin de faciliter l’environnement des affaires.

Toutefois, un solide argument de vente reste l’ Investment Promotion Protection Agreement . Cela facilite l’investissement en Afrique à travers l’île Maurice. Mais notre objectif est d’encourager davantage d’entreprises à l’île Maurice à investir en Afrique. La plus grande valeur pour l’économie mauricienne est de faire la transition de l’investissement à travers Maurice et l’investissement par l’île Maurice.

. Mais les compagnies d’audit et de « consulting » se plaignent du manque de comptables qualifiés. Comment allez- vous gérer ce manque de main d’oeuvre dans la région ?

Nous investissons beaucoup dans la formation, et cela va nous aider.

. BDO se restructure pour mieux assister les compagnies mauriciennes à investir en Afrique. En quoi êtes- vous différent de vos concurrents ?

BDO, à travers son partenariat avec DCDM, a toujours cru au potentiel de l’Afrique. Nous avons une identité qui est non seulement reconnue au niveau international mais nous avons également un savoir- faire et une vision en Afrique.

Nos bureaux à Maurice, au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda, à Madagascar et aux Seychelles ne font pas partie uniquement d’un réseau international commun, mais opèrent essentiellement comme une seule firme, avec un management commun et une équipe dirigeante commune.

Et là se trouve notre proposition unique sur le marché.

. Quels sont les secteurs porteurs en Afrique pour les entreprises mauriciennes?

Il existe de nombreux secteurs qui n’ont pas encore atteint une certaine maturité dans différents pays et ils représentent d’excellentes opportunités pour la création de valeur à long terme. Ces industries incluent les secteurs suivants : banque, assurance, crédit- bail, logistique, hôtels, entreprises dans l’agro- industrie et la manufacture.

. Si vous aviez un conseil à donner aux entrepreneurs mauriciens souhaitant investir en Afrique, qu’est- ce que vous leur diriez ?

L’Afrique a une multitude d’opportunités mais les risques doivent être gérés avec attention.

Propos recueillis par A.B