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Yoan Catherine à cor et à cri

23 février 2014, 09:38

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Yoan Catherine à cor et à cri

A l’heure où la polémique enfle autour de sa photo presque à poil, l’artiste revendique son droit à la liberté d’expression. Le chanteur est toutefois conscient des retombées médiatiques, politiques ou même judiciaires que cela comporte. «Je me suis préparé au pire, même à faire de la prison», a-t-il expliqué à l’express. Les critiques et des commentaires ont fusé. Certains internautes ne sont pas allés de main morte. «To fer, dimoun koz to koze. To pa fer, dimoun koz to koze mem», lance-t-il.

 

Avec son style quelque peu décalé, il est parvenu à charmer le public mauricien avec son fameux Maryé Mwa l’année dernière. Son combat est avant tout artistique. Il y croit dur comme fer. «Si l’art a évolué dans d’autres pays, pourquoi pas ici ? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous exprimer à travers l’art ?» L’artiste déplore aussi le fait que les jeunes talents ne sont pas assez mis en valeur dans les journaux locaux. «Pour être en une d’un journal, il faut avoir fait des crimes, être victimes d’accident et d’agression ou poser nu.»

 

«Mo viv sak zour koumadir demin mo pou mort»

 

Si le chanteur affiche une gueule d’ange et un sourire radieux, il ne faut pas s’y tromper. Derrière cette apparence se cache l’âme d’un jeune homme déterminé. Yoan Catherine ne veut pas être un artiste comme les autres. Il s’assume et n’a pas peur de dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas. Sa photo faite par le photographe Olivier Degrace et partagée par beaucoup d’internautes en est la preuve flagrante.

 

Face à la vague de critiques, indigné, le jeune homme avait même déclaré sur Facebook ne plus avoir envie de faire de la musique. Mais il avoue que ce n’était que pour créer davantage de buzz. «Si tou artist ti aret fer lar ki ti pou arive. Pou mwa si pena lar pa pou ena sa douser pour met dan labous la.» Il a d’ailleurs dû expliquer à sa famille le concept de cette photo pour ne choquer personne. «Mo messaz li rempli avec l’amour. Il n’y a pas de rancune. Monn envi briz bann barier.»

 

Il est conscient qu’il lui reste encore un long combat à mener avant de pouvoir pratiquer son art en toute liberté. «Toutes les formes d’art sont reliées notamment la photographie et la musique.»

 

Pour lui, cette photo de lui presque nu, n’est pas de la provocation. «Mo zis envi konai ki nou lavenir, lar rapros bann zen. A travers cette photo on aime, on n’aime pas ou on n’aimera jamais.Seki mot ti envi cone c ziska ki poin nou limite.»

 

Agir ainsi est pour lui une façon de mettre en garde les jeunes sur ce qu’ils ont le droit ou pas de faire. En faisant tomber les barrières, Yoan Catherine brise aussi les tabous encrés dans la culture mauricienne.

 

Pour cet artiste, l’avenir semble incertain. «Mo pa trouv mwa ena lavenir isi, me parcont mo pa envi al rode lavenir la dan ene lot pei. Si mo kont bann zour ki mo res a viv, mo viv sak zour koumadir demin mo pou mort. Mo prefere rest la ek laguer pou bann zen.» Un message d’amour que souhaite faire passer l’artiste à travers sa voix. Une voie à suivre…