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Youssou N’Dour : « Etablir des ponts touristiques entre le Sénégal et Maurice »
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Youssou N’Dour : « Etablir des ponts touristiques entre le Sénégal et Maurice »

Youssou N’Dour, l’un des musiciens africains les plus connus et respectés sur la scène mondiale, est devenu ministre de la Culture et du Tourisme du Sénégal. Une nouvelle étape pour ce chanteur à la voix d’or, qui reste avant tout un artiste engagé dans la défense des causes humanitaires.
Dans le cadre de la Biennale des Arts Africains, « Dak’Art 2012 », il s’est confié à « l’express » et s’est dit convaincu que Maurice, qu’il a visitée il y a quelques années, et le Sénégal peuvent s’enrichir.
Envisagez-vous d’établir des échanges touristiques et culturels avec l’île Maurice ?
Bien sûr. Il y a beaucoup de choses qui peuvent être envisagées entre nos deux pays dans le cadre de relations déclinées par nos autorités respectives. Le Sénégal peut apprendre de la réussite mauricienne dans le secteur du tourisme, et l’île Maurice peut voir en le Sénégal, une excellente scène culturelle. Les ministères des deux pays devraient envisager des rencontres au Sénégal et à Maurice pour échanger sur les possibilités qui apporteront beaucoup à nos artistes et peuples respectifs. Je crois fermement que nos deux pays peuvent s’enrichir mutuellement en établissant des ponts dans ces deux domaines.
Que vous inspire Maurice en tant que destination touristique ?
Que la petite île, de 2 040 km², est en train de se faire une place au soleil, à côté des principales destinations du tourisme en Afrique. Maurice est un exemple de réussite du tourisme sur le plan africain. Son potentiel est énorme. L’impact du tourisme est important sur le produit intérieur brut, près de 10 %, si je ne me trompe pas. C’est une progression énorme en quelques années seulement. Le Sénégal en est loin et pourtant notre objectif était de dépasser le million de touristes en 2010. Le modèle mauricien, qui a su travailler ses marchés européens et séduire ceux de proximité, est un exemple à suivre. Les autorités mauriciennes ont bien travaillé et j’en profite pour féliciter la Mauritius Tourism Promotion Authority qui a fait un excellent travail depuis sa création en 1996.
Quel genre de défi représente pour vous, votre accession au poste de ministre de la Culture et du Tourisme du Sénégal ?
Rien d’extraordinaire sinon de réussir ma mission. Les gens attendent beaucoup de moi. On ne me fera aucun cadeau. Quand je regarde la situation dans laquelle nous avons trouvé les affaires de l’Etat et que je vois les attentes, très nombreuses, dans les secteurs de la culture et du tourisme, il n’y a aucun doute : le chantier est énorme. Le défi est d’autant plus grand que le contexte global est difficile, du fait de la crise financière et économique internationale. Je reste cependant convaincu qu’il est possible de booster les choses et de relancer l’économie sénégalaise.
En ce qui me concerne, le challenge est connu. Il s’agit d’industrialiser la culture et de faire du Sénégal une destination prisée. Je lancerai bientôt la campagne « Destination Sénégal ». J’attends que la feuille de route soit validée par le Premier ministre pour exécuter le programme. Mon défi est de faire de la culture et du tourisme, les principales mamelles de l’économie de notre pays.
« Dak’Art » participe au rayonnement international du Sénégal. Qu’avez-vous pensé de l’édition 2012 ?
Que la prochaine devra être mieux travaillée et meilleure que celle de 2012. Je ne dis pas que je ne suis pas satisfait, bien au contraire. Mais j’estime que le Dak’Art doit être plus ambitieux encore. Il a pour cadre une belle capitale, il peut avoir pour partenaire une mairie plus imprégnée et plus impliquée. Le Dak’Art peut être un rendez-vous mondial à Dakar. Cela dit, les organisateurs ont fait un travail colossal dans un environnement financier peu évident.
En Afrique, la culture n’est souvent, et malheureusement, soutenue ou en grande partie soutenue, que par l’Etat. Ce n’est pas facile, compte tenu de l’inexistence ou de l’étroitesse du marché culturel sous nos cieux. J’ai quand même voulu que cette édition se tienne malgré notre arrivée tardive aux affaires. Nous n’avons pris nos fonctions que quelques jours avant l’ouverture du Dak’Art. Ce n’était pas évident. Mais la continuité de l’Etat, c’est aussi vivre des impairs et je dois tirer mon chapeau à l’organisation qui a tout fait pour que l’édition 2012 soit une réussite.
L’île Maurice était présente, pour la 2e fois au, « Dak’Art », à travers l’artiste Nirveda Alleck. Qu’est-ce que cette participation signifie pour vous ?
Cela prouve que cette manifestation culturelle gagne en succès, qu’elle s’internationalise, qu’elle est devenue une des vitrines importantes des arts et des expressions culturelles africaines. Voilà ce qui justifie la présence de plusieurs artistes africains dont celle de Nirveda Alleck qui est venue, de très loin. J’ai la ferme conviction que le Dak’Art va gagner en notoriété et qu’il va devenir l’un des rendez-vous d’art les plus importants du monde. J’y crois justement parce que des artistes comme Nirveda Alleck et d’autres sont de plus en plus nombreux à venir. C’est un signal fort qu’ils envoient aux autres artistes du continent et du monde. Ils sont, d’une certaine manière, les ambassadeurs du Dak’Art. Cela veut dire aussi, qu’il faudra travailler désormais plus et mieux dans l’organisation de cette grande rencontre afin qu’elle réponde aux standards des plus grandes organisations culturelles mondiales.
Vous avez de nombreux admirateurs à Maurice, quel message souhaitez-vous leur faire passer ?
J’aimerais leur souhaiter excellente santé et beaucoup de succès dans leur entreprise. Je leur dirai ensuite de travailler pour l’émergence et le développement de leur pays. Qu’ils ne se demandent pas ce que leur pays leur apporte ou peut leur apporter, qu’ils se demandent plutôt ce qu’ils peuvent apporter à Maurice, parce que nul autre que les Mauriciens ne travaillera pour leur épanouissement. Maurice est un beau pays, il s’agit de le rendre encore plus beau, plus agréable pour ses enfants. Et pour cela, il n’y a pas d’autre voie que d’y travailler. Qu’ils croient en eux et en leur pays.
Jean-Joseph PERMAL
(Source : l’express & moi, lundi 25 juin 2012)
 
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