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Yémen : Etat d''urgence après des heurts sanglants

19 mars 2011, 00:00

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Yémen : Etat d''urgence après des heurts sanglants

De nouveaux affrontements ont éclaté dans la capitale du Yémen, Sanaa, lors d''''une manifestation antigouvernementale organisée à l''issue de la prière du vendredi, faisant 25 morts selon le ministère de l''Intérieur, une quarantaine selon des médecins.

Le président Ali Abdallah Saleh a proclamé l''état d''urgence, qui interdit le port d''arme aux citoyens ordinaires, et affirmé que la police n''était pas impliquée dans les violences.

"La police n''était pas présente et n''a pas ouvert le feu. Les affrontements ont opposé des citoyens à des manifestants. Il est clair qu''il y a des éléments armés parmi les manifestants", a-t-il déclaré lors d''une conférence de presse.

Selon des sources médicales et des témoins, les forces de sécurité et des tireurs non identifiés ont ouvert le feu sur la foule et l''on déplore 42 morts et au moins 200 blessés.

A New York, le Comité pour la protection des journalistes (CPI) a annoncé qu''un photojournaliste avait été tué par balles vendredi dans les manifestations de Sanaa.

Djamal al Charaabi travaillait pour l''hebdomadaire indépendant Al Masdar, précise le CPI en citant des médias locaux et le syndicat des journalistes yéménites. Un autre photojournaliste, employé par le service arabe de la BBC et non identifié, a été blessé à l''épaule, ajoute le CPI.

Le Yémen, où s''active une cellule d''Al Qaïda, est le second pays de la région à proclamer l''état d''urgence cette semaine, après Bahreïn où la loi martiale a été imposée mardi, avant une sanglante répression des manifestants antigouvernementaux.
Il n''est pas certain que Saleh soit en mesure de faire appliquer l''état d''urgence dans un pays très divisé et éprouvé par des semaines de troubles qui ont fait plus de 70 morts.

CONDAMNATIONS FRANÇAISE ET AMÉRICAINE
Selon des témoins, les forces de sécurité ont d''abord tiré en l''air pour empêcher des manifestants antigouvernementaux de quitter un campement érigé devant l''université de Sanaa, devenu le point de ralliement du mouvement contestataire.
Après les premiers coups de feu, les tirs se sont poursuivis et le bilan s''est alourdi. Des témoins ont signalé des tirs venant de plusieurs directions, ce qui rend difficile d''en identifier les auteurs.

Des manifestants et des dizaines de milliers de Yéménites réunis à Sanaa pour des prières ont accusé des tireurs en civil juchés sur des toits d''avoir tiré sur la foule.

Des jeunes gens se sont précipités sur l''un des bâtiments et ont appréhendé sept tireurs qui avaient ouvert le feu sur des manifestants, a rapporté un militant, Mohamed al Charaby.

Les Etats-Unis, qui ont longtemps considéré Saleh comme un rempart contre Al Qaïda, ont, comme la France, condamné l''effusion de sang.

"Nous condamnons avec fermeté les attaques meurtrières perpétrées aujourd''hui contre des manifestants à l''université de Sanaa", a dit le ministère français des Affaires étrangères.

"Il est maintenant impératif que cessent les attaques des forces de sécurité et de groupes armés pro-gouvernementaux contre des personnes exerçant leur droit d''expression et de manifestation", ajoute-t-il.

Le président Barack Obama a condamné les tirs et a exhorté les autorités à protéger les manifestants pacifiques.
"Il est plus important que jamais que toutes les parties participent à un processus ouvert et transparent afin de répondre aux préoccupations légitimes du peuple yéménite", dit-il dans un communiqué.

"RENDRE LE POUVOIR AU PEUPLE"
L''opposition yéménite a estimé ne plus pouvoir négocier avec le gouvernement Saleh après ces effusions de sang.
"Nous condamnons ces crimes", a dit Yassine Norman, qui assure la présidence tournante d''un groupe d''opposition. "Il n''y a plus aucune possibilité d''entente avec ce régime et il n''a d''autre choix que de rendre le pouvoir au peuple."

Saleh a promis de quitter la présidence en 2013 et a proposé une nouvelle Constitution accordant davantage de pouvoir au Parlement, mais il a refusé de partir immédiatement, ce qui constitue la principale revendication de ses adversaires.
Plusieurs alliés de Saleh ont récemment rejoint l''opposition en dénonçant la corruption et la montée du chômage. Quarante pour cent de la population du Yémen vit avec moins de deux dollars par jour et un tiers souffre de malnutrition.


Reuters