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« Crise requin »: La planète se penche sur la Réunion
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« Crise requin »: La planète se penche sur la Réunion
Des États-Unis à la Russie en passant par l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, le monde entier semble s’intéresser à notre crise requin. Les médias en parlent, des associations se mobilisent et des experts donnent leur point de vue.
"La France va chasser des requins après les attaques à l’Île de la Réunion". La télévision nationale néo-zélandaise reprend l’information sur son site internet et y accole une photo de Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères. A l’image de nos confrères kiwi, une multitude de journalistes étrangers ont relaté dans leurs médias les différents rebondissements de la crise requins qui affecte la Réunion depuis 2011.
Une pétition en Californie
Et juste après les attaques, c’est bien cette chasse commandée par l’État qui suscite le plus de curiosités et de commentaires. "La France propose de payer les pêcheurs pour tuer les requins bouledogues", titrent par exemple CTV News au Canada ou le Daily Mail à Londres. Sur le même ton ou presque : la Pravda, à Moscou. Plus en colère : le Deutsche Welle à Berlin. Une liste exhaustive serait bien trop longue. A signaler tout de même la discrétion des médias japonais sur le sujet.Si les requins réunionnais intéressent donc les médias internationaux, elle commence également à mobiliser des associations européennes ou américaines, des plus anecdotiques aux plus influentes. Ainsi la récente Union citoyenne pour la conservation et la protection des écosystèmes marins réunionnais reçoit-elle par exemple des soutiens pour le moins lointains. Un club de plongée mexicain a signé sa charte après un homologue du Cap Vert et d’autres de Polynésie ou de Nouvelle-Calédonie.
Un militant écologiste de Californie a pour sa part décidé de lancer une pétition en ligne à destination de Victorin Lurel. "Tuer les requins sans comprendre d’abord les circonstances ne va pas arrêter efficacement les attaques. S’il vous plaît, enquêtez sur l’augmentation des attaques de requins au large de La Réunion avant de les tuer aveuglément", demande notamment Danika Garcia au ministre de l’Outre-Mer.
Toujours aux États-Unis, la fondation Save our seas* s’est également emparée du problème. Cette ONG intervient dans environ 150 programmes de recherche et de protection de l’environnement marin dans le monde.
Échec des pêches à Hawaï
L’un de ses membres, Christopher Neff, a rédigé un article sur les réponses selon lui efficaces contre les attaques de requins. Celui considère compréhensible les différentes stratégies mises en place, y compris la pêche mais s’interroge sur leur efficience.
Pour tenter de répondre, il cite deux études menées à Hawaï et en Australie, certainement les lieux les plus exposés au monde, avec désormais la Réunion. A Hawaï d’abord, les évaluations ont été faites sur les campagnes de pêche aux requins. Bilan : le nombre d’attaques annuel pendant les 18 années précédant les prélèvements est quasi identique aux 18 années suivantes. Les analyses sont similaires au Nouvelle Galles du Sud.
L’auteur de l’article est un doctorant de l’université de Sydney dont la thèse traitait justement des réponses politiques aux attaques de requin. Il conclut son analyse en expliquant que les pêches constituent la réaction la plus répandue, parce qu’émotionnelle et efficace pour faire baisser la pression. Mais il ajoute qu’elles n’opèrent qu’à court terme : "Avec un nombre croissant de personnes qui entrent dans l’eau, l’éducation et l’attention à notre comportement fournissent le meilleur espoir de réduire les attaques de requins. Il s’agit d’une réponse à long terme pour un problème à long terme".
Un problème avant tout humain
Le premier expert étranger à s’être penché sur la question, et de près, avait été l’apnéiste belge Fred Buyle. Il n’avait pas fait une autre analyse en pointant du doigt un problème avant tout humain.
Enfin c’est une personnalité phare de la problématique surf/requins qui s’est également exprimée sur la situation à la Réunion. George Burgess travaille pour le Muséum d’histoire naturelle de Floride et dirige le fameux International Shark Attack File, la référence mondiale en termes d’attaques de requins. Interrogé par le site spécialisé Surfline sur la recrudescence des attaques à travers le monde, celui évoque une raison majeure, la démographie de la communauté surf. "La contribution majeure au nombre d’attaques qui arrivent chaque année est l’augmentation du temps que les humains passent dans l’eau", assure-t-il. Son analyse sur le cas réunionnais ne change pas : "Ces attaques sont sûrement liées à la densité humaine". Son interprétation est moins crédible tout de même par la suite lorsqu’il évoque un accroissement du tourisme de surf qui, rappelons-le, reste tout à fait mineur dans l’île. Certains jugeront ces analyses étrangères hors propos car trop lointaines et déconnectées de la réalité locale. D’autres y verront confirmation que la situation réunionnaise n’est pas isolée d’une tendance devenue mondiale.
* Sauver nos mers
Romain Latournerie
(Source : Le Journal de l’île de La Réunion)
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