Les allégations d’«abus» se multiplient contre Robert Desvaux depuis sa révocation de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA). Ce dernier s’en défend, qualifiant de «grotesques et burlesques» les dénonciations dont il fait l’objet.

Preuves à l’appui, le grand déballage a commencé. Depuis que Robert Desvaux a été révoqué de la MTPA, le 15 février, des allégations pleuvent concernant des «abus» qu’il aurait commis à la tête de cet organisme.

Robert Desvaux, pour sa part, rejette en bloc toute accusation de fraude. Cette sortie contre lui, dit- il, est «grotesque et burlesque». D’ailleurs, certaines allégations sont «tellement irréelles» que «n’importe quelle personne avec un minimum d’intelligence conviendra qu’il n’en est rien», soutient-il.

Entre autres «pièces à conviction», des chèques exorbitants portant sa signature pour des contrats alloués sans appel d’offres. Robert Desvaux renvoie la balle dans le camp de l’exécutif de la MTPA. «Je n’ai fait que signer, après que tout le monde, notamment le conseil, a donné son feu vert. Je ne faisais pas partie de l’exécutif et toutes ces procédures sont avant tout passées par le directeur Karl Mootoosamy».

Or, ses détracteurs n’en démordent pas. «Sous sa présidence, nous avons eu droit à une gestion de la MTPA sans aucune transparence. Avec une série de faveurs accordées aux petits copains et des dépenses abusives et extravagantes, dès fois, non approuvées…  Des privilèges auraient également été accordés à ces mêmes personnes», allègue Bissoon Mungroo, président de l’Association des hôtels de charme.

Dans la foulée, il dénonce le choix de la firme BDO pour l’exercice de restructuration de la MTPA. «Pour vendre Maurice, il nous faut une équipe de consultants spécialisés dans le marketing et non dans la comptabilité !»

Autre opposant de l’ancien président de l’office du Tourisme : Suttyhudeo Tengur. A travers un communiqué, cette semaine, en copie à Anil Kumar Ujoodha, directeur général de la commission anticorruption, le syndicaliste a soulevé deux cas «d’abus sous la présidence de Desvaux».

En premier lieu, un contrat alloué, sans appel d’offres, à un directeur d’une revue locale spécialisée. Ce dernier, qui serait selon des sources concordantes, un bon «partenaire» de Desvaux, coûte Rs 69 000 à la MTPA chaque mois, depuis le 28 mai dernier, en retour de ses «web marketing services». Sa tâche : mettre à jour et gérer la page Facebook officielle de la MTPA, appelée Mauritius, c’est un Plaisir.

Le deuxième cas relève, selon Suttyhudeo Tengur, d’un conflit d’intérêts. Il évoque le tournage d’un spot pour une marque de cosmétiques dans l’île, du 1er au 7 mai 2012. Et, où la MTPA a pris en charge neuf billets d’avion aller-retour en classe économie Paris-Maurice-Paris, neuf chambres en demi-pension dans un hôtel et les transferts. Cela, pour un coût total de Rs 1 010 500.

Or, soutient le syndicaliste, une proche de Desvaux travaille pour la firme représentant la marque concernée à Maurice. De sources bien informées, il s’avère que le pays n’aurait, en retour, bénéficié d’aucune retombée à ce jour.

Suttyhudeo Tengur dit également détenir des preuves en ce qui concerne quatre autres cas d’abus et qu’il dévoilera en temps et lieu.

Entre-temps, les dénonciations «accablantes» se poursuivent dans le secteur. Trois tour-opérateurs ont porté plainte à la police contre Robert Desvaux, pour harcèlement. Selon eux, l’ancien président de la MTPA a insisté pour qu’ils ne travaillent pas sur le marché chinois. «Il privilégiait seulement ses amis sur ce segment et insistait pour que nous ne nous en occupions pas», allèguent-ils.

Puis, une revue locale consacrée à l’informatique et les nouvelles technologies aurait obtenu de la publicité de l’Office du tourisme.

Ce qui serait, selon, certains opérateurs «anormal». La raison : «La MTPA est censée promouvoir la destination à l’étranger, notamment dans la presse étrangère ou celle destinée à un lectorat international». Puis, vient le «scandale» de la loterie de la MTPA, organisée dans le cadre de la Mauritius Shopping Fiesta, avec, à la clé une BMW 3 Series Cabriolet, une Porsche Cayman, deux Nissan Micra et une moto Derbi Xtreme. Des 8 500 billets mis en vente au coût de Rs 250 à Rs 3 000 l’unité, seuls 1 700 ont trouvé preneur. Alors que ces prix auraient coûté Rs 14 millions à la MTPA. Le tirage au sort qui devait se tenir le 21 décembre 2012 a été reporté une première fois au 28 février. Il nous revient que la date serait peut-être une nouvelle fois repoussée.

D’autres cas où d’importantes commissions auraient été en jeu, et concernant des opérations commerciales en France et en Allemagne, sont aussi évoqués dans le milieu touristique.

Karen WALTER