Les policiers réagissent à la plainte déposée par les magistrats syndiqués contre le ministre de la Sécurité intérieure. Les relations entre les deux corps restent tendues.

Non, la tension ne baisse pas encore. Les policiers ont boycotté l''''invitation du Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM). Aucun représentant de la Police  nationale n''a participé à la réunion préparatoire des états généraux de la Justice initiée par le SMM, hier à Anosy. Seule la Gendarmerie nationale a envoyé une délégation lors de la rencontre entre les officiers supérieurs et les officiers de la police judiciaire.

Au même moment, des responsables de la Police nationale ont tenu une conférence de presse pour donner les raisons qui expliquent leur attitude. Et ce, à quelques pas de la Cour suprême, lieu du rendez-vous prévu pour la réunion avec les magistrats. Macaire Rakoton¬drainivonona, directeur inter-régional de la Police à Analamanga a cité, entre au¬tres, une « invitation verbale » faite par le SMM au lieu d''une invitation officielle entre institutions.

Sur sa lancée, il a rappelé un projet similaire que la Police aurait concocté, revendiquant ainsi de manière indirecte la paternité de l''idée des états généraux. Un projet qui, finalement, aurait été pris en main par les magistrats.

Au-delà de ces explications, l''« affaire de Toliara » où un mouvement de policiers avait débouché sur la mort d''un magistrat le 9 décembre 2011, interfère encore dans les relations entre les deux corps. L''absence des policiers au rendez-vous des magistrats s''apparente à une riposte (qui ne dit pas son nom) à la plainte contre Arsène Rakotondrazaka, ministre de la Sécurité intérieure. Plus tôt dans la matinée, des représentants du SMM ont déposé une plainte, annoncée depuis quelques jours, auprès du procureur général, près de la Cour suprême, dont l''objet est, entre autres, la non-assistance à personne en danger ou encore le discrédit jeté sur une décision de justice.

Consensus et apaisement

Macaire Rakotondrai¬nivonona s''est interrogé sur la nécessité de cette plainte. « Apportera-t-elle un apaisement pour la Nation alors que nous sommes en train de chercher un consensus et un apaisement ? »

Dans la foulée, Marcel Velontsara, directeur de la Police judiciaire (DPJ) a tiré à boulets rouges sur l''objectif même de la plainte du SMM, annoncée depuis quelques jours contre son patron. « La famille de la victime []magistrat décédé à Toliara] avait déjà porté plainte, comme c''est également le cas du ministère de la Justice. Nous nous demandons si nous avons encore besoin d''une autre plainte. Nous ignorons ce que le SMM veut finalement », a-t-il fustigé.

Les responsables de la Police ont néanmoins laissé la porte ouverte à leur éventuelle participation, mais conditionnée, aux états généraux. « Nous ne dirons pas que nous ne prendrons pas part à ce rendez-vous. Cela dépendra de l''évolution de la situation », a indiqué Macaire Rakoton¬drainivonona, sans autres précisions.

Désiré Johnson Rakoton¬dratsima, directeur général de la Police, avait pourtant affirmé la participation de son corps au rendez-vous alors qu''il se trouvait à Toamasina. Il avait signalé qu''il avait reçu du SMM « la garantie » sur les tenants et aboutissants de l’initiative. Et il avait donné son accord pour « promouvoir l''État de droit et l’efficacité de l’administration publique sans se focaliser sur ce qui s’était passé à Toliara ».

Arnaud Marius Auguste, président du SMM, a voulu pour sa part refuser de polémiquer sur l''incident. « Les policiers avaient affirmé leur participation à la réunion préparatoire, mais ils ne sont pas venus. Nous n''en connaissons pas les raisons car ils ne nous ont pas informés. Mais ce n''est pas un problème », a-t-il lancé. « Je ne pense pas que cela aggrave nos relations », a-t-il tempéré.

(Photo: Le commissaire Macaire Rakotondrainivonona (à g.), lors de la conférence de presse, hier).

Iloniaina Alain
Vendredi 03 fevrier 2012

(Source: Lexpressmada)