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Questions à...

Ary Abittan, humoriste et acteur français: «Je n’ai aucune colère»

4 avril 2025, 15:00

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Ary Abittan, humoriste et acteur français: «Je n’ai aucune colère»

Ary Abittan, célèbre humoriste et acteur français, sera en spectacle chez nous ce samedi 5 avril à partir de 20 heures, au Trianon Convention Centre. Il revient sur scène après plus de deux ans d’absence, à la suite de déboires judiciaires dont il a été innocenté. Rencontré au «Shangri-La Le Touessrock», où il séjourne, il nous parle de la manière dont il a vécu ce passage à vide, de son spectacle et de son retour sur scène.

Ary Abittan, êtes-vous un habitué de nos côtes ?

Je viens tous les ans avec mes filles. Oui, j’aime passer mes vacances ici. C’est à chaque fois un souvenir mémorable. Et je tenais absolument à venir jouer mon spectacle ici à Maurice. Donc, quand on m’a proposé, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion. Je suis très heureux d’être là.

Et c’est la première fois que vous allez nous présenter un spectacle…

En effet, c’est la première fois que je joue mon spectacle à Maurice, donc vraiment, j’attends ça avec impatience. Je ne connais pas encore le public mauricien. Je connais les Mauriciens tout court, je connais leur gentillesse, leur bienveillance. Et si j’arrive à les faire rire, c’est que j’ai tout gagné.

Votre spectacle comprendra-t-il une touche mauricienne ?

Oui, bien sûr ! Je vais parler de mon expérience ici à Maurice. Cela fait 15 ans que je viens et j’ai de très beaux souvenirs. Je vais en parler sur scène.

Outre vos souvenirs à Maurice, de quoi parle «Authentique», votre spectacle ?

C’est mon troisième spectacle.J’y ai mis tout mon cœur, toute mon âme. Vous savez, il y a des spectacles qu’on écrit pour tenir debout et d’autres qu’on écrit pour les autres. Celuici, c’est les deux. Il y a beaucoup d’amour et la seule chose que je veux, c’est vraiment qu’on rie ensemble.

«Pour tenir debout»... pourquoi ?

C’est un spectacle très personnel. Et paradoxalement, plus c’est personnel, plus c’est universel. Les gens viennent, écoutent et se retrouvent dans ce que je raconte. J’évoque mes enfants, qui ont grandi, et ce que j’ai vécu ces dernières années. Mais toujours avec bienveillance, beaucoup de respect, d’amour, de légèreté et d’autodérision. La chance d’un humoriste, c’est de pouvoir parler de ce qu’il a vécu.

Vous dites «ce que vous avez vécu ces dernières années». Vous parlez de votre affaire pour viol, dont vous avez été innocenté ?

Ces dernières années n’ont pas été faciles. On peut même dire que ça a été très dur. Cela a été difficile pour mes filles aussi, mais on en a beaucoup parlé. Mes filles sont ma priorité absolue, comme pour beaucoup de papas. Donc, j’étais là pour elles et elles étaient là pour moi. Pour mes parents aussi, cela a été difficile. Quand on est accusé de ce genre de choses, cela ne concerne pas que la personne mise en cause, mais toute la famille. L’aspect positif, c’est que cela m’a rapproché de mes filles et de ma famille. Nous avons tous été bousculés par la vie et avons tous traversé des épreuves. Il faut juste savoir quoi en faire. Moi, j’en ai fait un spectacle que je partage avec le public.

Revenir sur scène après plus de deux ans, cela n’a-t-il pas été difficile pour vous ? N’aviez-vous pas des appréhensions ?

Bien sûr, on a toujours des appréhensions. Mais j’ai attendu. J’ai réservé ma parole à la justice. J’ai attendu que la justice s’exprime. Et elle l’a fait trois fois : elle m’a innocenté trois fois. Sept magistrats se sont penchés sur le dossier, sept magistrats m’ont innocenté. Donc voilà, la justice a fait son travail et moi, je refais le mien. La vie continue. Nous sommes tous bousculés par la vie et nous avons tous des épreuves. Nous sommes dans un océan d’émotions. Dans cet océan, soit on coule, soit on avance. J’ai choisi d’avancer. Le public a été là aussi. Ce spectacle, c’est aussi pour lui dire merci.

Et comment se passe ce retour sur scène depuis février ?

Le public est au rendez-vous ! Nous venons de faire complet pendant une semaine à La Cigale, à Paris. Avant février, j’avais joué dans de petites salles, pour ce qu’on appelle du rodage. Et maintenant, tout se passe très bien. Les salles sont pleines et c’est un honneur de pouvoir partager cela avec le public. Mon objectif a toujours été de faire rire, de distraire et de partager.

«Un rodage»… Avez-vous l’impression de devoir tout recommencer ?

Non, j’ai plutôt l’impression de devoir continuer. Évidemment, c’est difficile, c’est compliqué. Mais le public est là. Et je n’ai aucune colère, aucun ressentiment. Je préfère me concentrer sur le sourire des gens qui viennent me voir.

Pensez-vous, en tant qu’humoriste, qu’on peut rire de tout, même des situations que vous avez vécues ?

Je crois qu’on doit rire de tout. Ce serait bizarre de faire semblant que cela ne s’est pas passé. En tant que comique, j’ai besoin de monter sur scène et de dire les choses, mais sans me moquer de personne. Avec beaucoup d’autodérision. J’explique comment j’ai traversé cette épreuve. Ce qui était important pour moi, c’était de le dire et de le partager avec le public.

En somme, vous sublimez la situation. Cela fait partie de votre caractère ?

Comme je l’ai dit, nous avons tous traversé des épreuves. Au début, c’est très dur. Puis, on se demande : «Qu’est-ce qu’on fait de cette épreuve ? On reste là, à attendre que ça passe ? Ou on décide de se relever et d’avancer ?» Moi, je suis debout, devant vous, avec le sourire, et j’avance. Cela fait partie de mon caractère. C’est pour cela que je vous dis que je n’ai aucune colère, aucun ressentiment. Je suis comme ça. Et parfois, ce qui nous arrive dans la vie, ce sont des cadeaux mal emballés. Des cadeaux… si on sait en faire quelque chose.

Vous dites que votre retour se passe bien. Pourtant, il y a eu des manifestations féministes lors de vos spectacles. Comment le prenez-vous ?

Écoutez, c’est dommage. Moi, je respecte tous les combats. Le combat des femmes et la parole des femmes sont très, très importants. Mais, encore une fois, je ne peux parler que de mon histoire. Mon histoire, c’est que j’ai été innocenté trois fois. Il est important d’écouter et de respecter les décisions de la justice. Il n’y a que cela qui compte. Je ne combats personne. Je dis juste que c’est dommage. Je continue à faire mon travail. La justice m’a innocenté et je suis heureux de retrouver le public.

Et comment se présente votre carrière à présent ?

Il y a beaucoup de discussions en cours, mais je ne peux pas encore en parler. Ce sont des projets de cinéma et de théâtre. Dès que ce sera signé, je pourrai vous en dire plus.

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