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Portrait

Assamala Amoi-Séminet, busy businesswoman

3 mars 2024, 13:13

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Assamala Amoi-Séminet, busy businesswoman

Cette FrancoIvoirienne, qui a fait de l’île Maurice son pays d’adoption depuis 2018, n’est pas une exilée du bout du monde. Elle n’est pas venue s’enfermer dans un ghetto barbelé doré. Ancienne fonctionnaire des Nations unies, globetrotteuse, écrivaine (romans et recueils de poèmes), créatrice d’une ligne de vêtements sportifs féminins, sportive elle-même, polyglotte, elle a construit son intégration en partant à la découverte du pays profond, en établissant des passerelles avec la population et en participant à de nombreuses activités. Portrait d’une femme du monde.

Elle échappe à tout schéma classique. Bien qu’elle soit née, d’un teint très foncé, en France de parents ivoiriens, Assamala Amoi-Séminet n’a pas été trop victime d’abus racistes, sauf à l’école primaire de la part de ses petits camarades. Elle se souvient encore d’un incident pendant les recréations. «Ils nous poussaient, mes trois autres camarades et moi, contre un mur et criaient : ‘Oh les p’tites négresses ! Oh les p’tites négresses’ ! Je courais pour aller chercher une maîtresse afin qu’elle les disperse mais ils n’ont jamais été grondés pour cela, et encore moins punis», raconte-t-elle avec le sourire après tant d’années. Il faut souligner que cette école primaire se trouvait dans le 16e arrondissement ! C’est tout dire…

Assamala n’a jamais été écartelée entre ses deux pays: la France jusqu’à l’âge de sept ans, et la Côte d’Ivoire où elle a vécu et fait ses études à l’Université d’Abidjan (licence et maîtrise d’anglais et un Diplôme d’études approfondies) avant de regagner la France pour y vivre. Toutefois, elle n’a pu se retenir d’exploser de joie quand la Côte d’Ivoire a remporté la Coupe d’Afrique des Nations. Comme quoi le foot fait souvent des piqûres de rappel.

Pour elle, contrairement à Aimé Césaire, pas de cahier existentiel de retour au pays natal. Elle est plutôt feuille volante traversant, sans état d’âme, les frontières pour des voyages d’agrément ou professionnels comme fonctionnaire des Nations unies pendant 24 ans. Toutefois, elle ne peut rester insensible à ce continent africain dont les chantres ont été Senghor, Richard Wright, André Brink, Birago Diop, Cheikh Amidou Kane, entre autres… des auteurs qui l’ont marquée comme Baldwin, Whitman, Pearl Buck, sans oublier beaucoup d’auteurs mauriciens qu’elle a découverts.

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Assamala Amoi est née dans le 10e arrondissement de Paris (en même temps que la première constitution de la Côte d’Ivoire) d’un père prof de lettres à l’université, doublé d’un poète. C’est-à-dire dans les bibliothèques de la maison, entourée de livres. Comme bon sang ne saurait mentir, elle a suivi la voie en devenant auteure et poète. Elle compte pas moins de six ouvrages, dont le dernier en date, S’il fait beau demain, (Éditions Eburnie Abidjan en 2020), est une satire politicosociale dont l’action a lieu dans un pays imaginaire mais n’importe où en Afrique. Ses autres romans sont : Avion par terre (Anibwe, 2010), Comme on tire sur l’oiseau qui chante (Publibook, 2010, France), Le deuil des émeraudes (La Bruyère, 2006, France), Appelezmoi Bijou (1997, Côte d’Ivoire). Il faut ajouter à cette liste ses livres pour enfants : Le Papillon de soleil (2014, Côte d’Ivoire), Un Monstre dans la ville (2013, Côte d’Ivoire), Coucou le moineau, Dab Dab le caneton (2006, Sénégal), La Carapace perdue (1999, Côte d’Ivoire), La Colère du Roi des plantes (1998, Côte d’Ivoire), et Pourquoi les plantes ne se déplacent pas (Hurtubise, 1994, Canada).

Un véritable pigeon-voyageur

Deux autres ouvrages sont en préparation. Trésor, perdu dans la ville, toujours pour enfants, est l’histoire d’un chien de riches qui se perd et va apprendre à survivre dans la rue ; et un recueil de poèmes In the wake of…, un album de photos de ses voyages à travers le monde. En termes de voyages, Assamala a des ‘miles’ à en revendre. Elle est un véritable pigeon voyageur. En Afrique, elle connaît des pays de l’Angola au Zimbabwe ; en Europe de l’Autriche à la Suisse ; aux États-Unis de l’Arizona à Washington DC ; et au Moyen-Orient, Dubaï, Abu Dhabi, entre autres.

C’est dire que son album de photos est très bien garni. Il faut préciser que lors de ses pérégrinations, elle ne s’est jamais sentie dépaysée parce la langue n’a jamais été une barrière, un obstacle. Et pour cause, car Assamala parle couramment quatre langues : le français, l’anglais, le portugais et l’espagnol. En fermant les yeux, on se croirait avec elle à Oxford ou Cambridge. Une excellente maîtrise donc de la langue de Shakespeare et de celle de Molière. Et pas que, car il faut ajouter aussi celle de Cervantes et de Paulo Coelho.

À la question si la politique ne l’intéressait pas, Assamala a éclaté de rire en disant catégoriquement non. Mais en tant qu’auteure, elle ne s’interdit pas d’observer les politiciens. «Les politiciens ne font quelque chose de bien que lorsque cela coïncide avec leurs propres intérêts. Ils ne font jamais rien qui va à l’encontre de leurs désirs et tant pis si quelque chose de bien sert uniquement à la population. L’art de la politique consiste à promettre à tire-larigot puis à se compromettre, à mener les gens en bateau, puis à se démener pour leur expliquer pourquoi il prend l’eau et qu’on n’y est pour rien, à imposer à qui veut vous déposer, à ne jamais renoncer devant qui vous dénonce et tant pis pour le peuple si tout va à vau-l’eau...» décrète Sidoine, un des personnages de son roman S’il fait beau demain. Une manière de souligner l’évidence.

Aux couleurs de l’Afrique

Assamala Amoi-Seminet ne s’est pas arrêtée qu’à la création littéraire. Elle a créé une ligne de vêtements pour révolutionner la mode du sport au féminin. Une création tributaire de sa passion pour le jogging, la randonnée et les sports d’une manière générale. Sa griffe personnelle : les couleurs, les motifs et la coupe. «Cette ligne comprend des leggings avec jupette intégrée, des leggings simples, des brassières, des tee-shirts et des casquettes. Elle permet de faire de l’exercice physique tout en restant élégante et stylée. Toutes les tenues ‘Assa Wear Ltd.’ sont multicolores et les motifs originaux sont d’inspiration afro-moderne. Quant à leur coupe, elle permet une grande amplitude de mouvement et une évacuation optimale de l’humidité. Les tee-shirts sont suffisamment longs pour permettre à toutes les femmes de s’y sentir à l’aise aussi bien en salle de sport, qu’en randonnée, dans la rue et à la plage», dit-elle. Il faut dire qu’Assamala fréquente le gymnase pour mouiller son maillot et alterne avec du jogging sur la plage de Mon-Choisy quand elle ne part pas en randonnée avec le groupe @Netwalking. mu d’Arnaud Godère, une ou deux fois par mois. Elle accompagnait aussi dans le passé son mari Michel, chirurgien-dentiste, en plongée sous-marine au sein du ‘Club Octopus’ de Pereybère.

Outre le grand air, les randonnées permettent à des expatriés de faire des rencontres, de créer des liens et de mieux s’intégrer dans notre société. Tandis que d’autres groupes préfèrent se murer dans des ghettos barbelés et dorés pour mieux se retrouver entre eux. «Ces randonnées nous ont permis de faire du sport en pleine nature et de partager un moment de convivialité avec d’autres marcheurs mauriciens ou étrangers. Ce que j’aime, c’est la flexibilité de l’exercice. Point de compétition entre les randonneurs, ni de performance à réaliser. L’effort fourni n’exclut pas le plaisir. Chacun marche à son rythme et les pauses observées aux points d’eau sont ludiques et rafraîchissantes. J’ai beaucoup apprécié nos randonnées à Bras-d’Eau et dans la Vallée d’Osterlog. Quel plaisir de marcher parmi les arbres, d’admirer les versants verdoyants des montagnes et de respirer l’air pur. Et cela fait du bien de ne plus entendre un moteur de voiture, de se sentir un peu perdue, d’oublier le traintrain quotidien. Là, ce qui compte, c’est de poser le pied là où il faut, de se retenir à la bonne branche, d’écouter la guide, de sourire béatement à une cascade séculaire ou de s’y précipiter pour sentir la force de l’eau sur le dos ! », s’empresse-t-elle d’ajouter avant de demander quand sera la prochaine excursion. À chaque sortie, Assamala ne se prive pas pour étrenner ses vêtements sportifs qui suscitent curiosité et admiration tant ils transforment les marches en catwalk !

Depuis 2018 qu’elle est installée à Maurice, Assamala Amoi-Simenet ne cesse de découvrir notre pays, son côté carte postale bien sûr, mais aussi l’arrière-pays où elle va à la rencontre des habitants. «La mer j’adore ; je ne peux m’en passer. C’est pourquoi nous habitons Bain-Boeuf avec vue sur la mer et le Coin-de-Mire alors que Pereybère et Choisy sont à côté, mais c’est incomplet si l’on ne fait pas l’effort d’explorer le pays profond», dit-elle en guise de conclusion.