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On a testé pour vous
Autobus de Flacq: opération «met paryaz»
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Autobus de Flacq: opération «met paryaz»
(Photo d'illustration)
De nombreux habitants de Centre-de-Flacq et des villages avoisinants, qui prennent l’autobus pour effectuer le trajet de et vers la capitale, doivent absolument faire preuve de patience pour parvenir à leur destination en toute sécurité, vu la conduite de certains conducteurs sur cette route...
À 7 h 15 pendant la semaine, les arrêts de bus sont bondés. Élèves, travailleurs, personnes âgées ; des employés ne peuvent absolument pas rater le bus car ils doivent être à Port-Louis à 9 heures. Mais souvent, «si le conducteur est en retard et doit arriver en ville dans un délai imparti, il ne s’arrête pas à l’arrêt de bus car il se précipite, même par temps pluvieux. S’il s’arrête, il n’attend pas que vous preniez place et démarre brusquement», confie M. A., qui a pris le bus de la ligne 176 de Flacq à Port-Louis pendant 40 ans.
Vers 7 h 20, le bus no 106 arrive. Une fois à bord, il faut profiter de l’une des quelques places libres, car quelques arrêts plus tard, le bus sera bondé. Dans la chaleur torride, les sièges sont inconfortables et l’on se sent coincé par une foule de personnes. Après Mare-d’Australia jusqu’à Terre-Rouge, le conducteur accélère furieusement, dépassant les véhicules et klaxonnant bruyamment, les personnes debout ont souvent du mal à garder leur équilibre, tandis que les passagers assis voient parfois défiler leur vie : en partie rassurés par le fait qu’ils arriveront à l’heure au travail mais plus inquiets de savoir s’ils parviendront à destination en un seul morceau.
En arrivant à Terre- Rouge, il faut faire preuve d’extrême patience, car le bus reste bloqué pendant 30 minutes dans la circulation. À un moment donné, le conducteur éteint même le moteur. Un peu plus tard, on roule une petite seconde, avant de s’arrêter à nouveau. Petit à petit, en traversant l’autoroute après d’innombrables arrêts, le bus atteint enfin le centreville, à 9 heures du matin.
Les conducteurs d’autobus accélèrent souvent sur la route afin de respecter le délai imparti pour effectuer des trajets, affirme le propriétaire d’une flotte d’autobus opérant dans l’Est. Par exemple, si le trajet de Centre-de-Flacq à Brisée-Verdière doit être effectué en 35 minutes, un retard entraîne une pénalisation du conducteur qui n’est alors autorisé à faire rouler l’autobus que pendant environ quatre heures le samedi, entraînant donc une perte de revenus. Cependant, nous avons constaté qu’il y en a beaucoup qui par contre, surtout le soir, ont recours à l’opération met paryaz pour le plaisir et pour rentrer plus vite chez eux...
En début de soirée, la gare du Nord est animée. À 17 h 15, le bus no 109 via Belvédère en direction de Flacq quitte la gare, avec peu de passagers, car l’heure de pointe est terminée. Il faut compter un quart d’heure pour que l’autobus sorte de la gare. Les sièges sont plus confortables et le bus est bien aéré.
En prenant la route vers Nicolay, essentiellement encombrée en raison des embouteillages occasionnés par un bus qui avance moins vite qu’une tortue, il nous faut environ une heure pour traverser Abercombie en direction de Khoyratty et Pamplemousses. Cependant, arrivant vers Grande-Rosalie, le conducteur appuie une nouvelle fois sur le champignon, freinant à peine dans les virages. Le receveur, pas du tout inquiet, a mis sa musique à fond, si bien qu’on ne peut même pas répondre aux appels.
De même, en arrivant à BriséeVerdière, le conducteur se dirige tout droit, à grande vitesse toujours, vers le village de Bon-Accueil. S’ensuivent des cris et hurlements de passagers en colère, habitant le quartier de Belvédère, qui ne cessent d’actionner la sonnette pour que le bus s’arrête. «Vous êtes censé prendre l’autre route», rappelle un passager au conducteur. «Kinn arivé matlo, ou finn sou? Koumsa ou présé pou rant kot ou ?» lance un autre passager. Par la suite, le conducteur trouve une petite voie privée et prend 15 minutes pour faire demi-tour et se diriger vers le bon chemin. Cette fois, il est plus vigilant.
Arrivé à Lallmatie, le conducteur arrête le bus en attendant un autre qui arrive derrière lui. «Séki pou al Flacq desann al dan lot bis. Celui-ci ira dans l’autre sens, vers Bel-Air», somme-t-il. À nouveau, consternation de nombreux passagers qui consultent leur montre, leurs visages exprimant la colère et l’impatience. Au bout de cinq minutes, nous arrivons à Saint-Julien. Il est 19 h 05, et c’est dans l’obscurité et la solitude que nous rentrons chez nous, soulagés d’être encore en vie...
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